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lundi 6 mai 2013

Présentation du livre "le petit berger qui devint communiste"


La présentation du livre "le petit berger qui devint communiste". L'activité organisée par l'AMDH, section de Mohammedia, a connu un grand succès. Il a dépassé les attentes des organisateurs. Aussi bien par la nombreuse assistance, que par la qualité des présentations (faites par la militante Mounia Belkadi en français et par Abdellatif Sardi en arabe), et des interventions de la salle. La modération assurée par le militant Mehdi Nassi, l'organisation de la salle ... assurée par les militants Morad Kertachi et Kerrad Abderrahim étaient sans fausse note aucune. Plusieurs intervenantEs ont contribué au succès de cet extraordinaire après-midi. Latifa Kandoussi, Mohammed Moussaoui, Hsaïn, Khadija Wahid...étaient simplement extraordinaires. Mouad El Haked, des bidonvillois, des ouvrières, des ex prisonniers politiques, des camarades, des amis et des membres de la la petite famille (Lahcen, Saïd, Khadija, Rabea, Rafik...),tous et toutes étaient là. Merci tout le monde. Ali Fkir, le samedi 4 mai 2013     Voici le texte de présentation du livre de Ali Fkir « Le petit berger qui devint communiste », pour toute personne qui aimerait le lire ou en avoir une idée.
- En français (Mounia):
 https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=2VlTC54zti8#! - En arabe (Mehdi, Sardi) http://www.youtube.com/watch?v=56DO1iBCrjE&feature=share                                                          -------------------------------


 "Si l’on sait que l’infatigable Ali Fkir, le natif de Beni Tadjit, est un descendant d’une famille de militants de nature, de « guerriers irréductibles » comme les a qualifiés le lieutenant colonel J. Barrère, dans la revue historique de l’Armée en 1952, qui par leur ardeur guerrière, ont toujours dirigé une résistance indomptable contre la colonisation et contre le Makhzen, pour rester des hommes libres, l’on ne va pas s’étonner de son parcours de révolutionnaire et de militant hors pair, pour la liberté, pour la dignité et pour les droits humains.
Passer de la vie d’un berger jusqu’à l’âge de onze ans à la vie d’un écolier puis d’un lycéen, section mathématiques, ensuite à celle d’un élève ingénieur ,à celle d’un professeur de gestion et enfin d’un encadreur de stagiaires dans les différentes sections de l’économie et de gestion, n’est pas un parcours anodin, ni habituel qu’on rencontre tous les jours.
Un berger qui lira, plus tard, Marx, Engels, Voltaire, Lénine, mais aussi Balzac, Zola et Simone de Beauvoir, ce n’est pas une figure que l’on croise, chaque jour, non plus.
Et surtout un berger qui adhérera au Parti Communiste Marocain et qui deviendra le premier responsable de la jeunesse communiste de la région de Meknès ; un berger qui contribuera à la création du Mouvement Marxiste Léniniste Marocain et de l’Organisation Ilalamam dont il sera membre de la direction provisoire et enfin un berger qui sera emprisonné et torturé pendant un peu plus de onze ans dans les prisons marocaines pour ses engagements politiques.
Un berger plein d’humanité , d’altruisme et de courage, je dirais presque insolent, pour défendre la cause des plus faibles , des plus démunis, et de la femme sans la considérer comme un être inférieur, en quoi que ce soit à l’homme . Pour toutes ces raisons, et pour bien d’autres, la commission de l’éducation aux droits humains de l’Amdh, section de Mohammedia, a décidé de lire, de méditer , mais aussi d’inviter à lire ce livre que je me permettrais de nommer « Mémoires d’outre Prison » , qui trace avec vivacité, un itinéraire historique mais aussi très lyrique, d’une époque ,ô combien marquante pour les marocains, celle des années de plomb ainsi que les tunnels obscurs de Derb Moulay Chrif.
Ce qui est remarquable chez l’ex petit berger, c’est son anti-sexisme naturel, du moment qu’il a toujours été, instinctivement, indigné par la dévalorisation de la femme, au sein de la société marocaine, due aux dogmes religieuses et aux croyances sociales ancestrales qui réduisaient cette dernière à un être inférieur, conçu juste pour assurer le bien être du mâle et satisfaire ses besoins et fantaisies. Ces convictions, il les avait adoptées avant même de découvrir la littérature des Lumières ou la philosophie marxiste. Sa mère, à titre d’exemple, qualifiée par lui comme « la principale force productive » était le pivot central de la famille et sa gratification pour elle n’était pas moindre.
D’autre part, ce petit berger devenu, instinctivement, marxiste au fil des années, se sentait, harmonieusement amazigh et arabe, sans complexe aucun et sans xénophobie aucune qui l’aurait poussé à rejeter les arabes, vu ses origines amazighes. Ce livre est donc un vrai hymne à la tolérance.

 
Il retrace également le parcours du Maroc à une époque où la société adoptait encore l’esclavagisme, le sexisme, la ségrégation en fonction des origines, de la couleur, des croyances religieuses, si l’on s’aventure à prétendre qu’on ne la vit plus actuellement.
Il nous apprend, également, avec acharnement mais aussi avec optimisme, que la misère humaine n’est pas une destinée fatale que nous devrions subir, mais un sort injuste contre lequel nous devons lutter, au sein de cette société capitaliste, qui gâte les uns au dépend des autres, et que bâtir un monde meilleur est toujours possible.
L’ex petit berger découvrira, plus tard, non avec amertume, que la figure de Hassan II est liée au visage hideux du Makhzen et de son mépris du peuple. Il relate certains événements gravés dans les mémoires des marocains notamment la répression sanglante et massive de la population rifaine en 1958. La scandaleuse prison de Tazmamart, les enlèvements, les assassinats, les exécutions des militants les jours des fêtes religieuses, la torture, la répression généralisée et bien d’autres actes criminels sont des exploits barbares de ce roi tyran, que notre petit n’a jamais pu oublier et que l’histoire populaire ,d’ailleurs, n’effacera jamais.
L’ex petit berger se demande, d’ailleurs, si ces crimes sanguinaires, contre l’humanité, n’auraient pas été hérités d’un autre bourreau de la même famille chérifienne, à savoir Ismail, qui commandait des fatwas aux oulémas, selon ses besoins, pour exploiter les citoyens, et qui finit par en avoir une qui lui permettait de se servir des « haratines » comme esclaves (haratines désignait à l’époque des personnes ayant le père blanc et la mère noire ou inversement et de vendre et d’acheter librement les esclaves (classe constituée de père et de mère noire).
D’autre part, je tiens également à attirer votre attention à un point qui me paraît crucial, c’est que ma présentation ne se veut nullement une lecture académique qui répond aux exigences de l’analyse critique, mais tout humblement un partage d’une impression toute personnelle suggérée par la connaissance humaine, de cet ex petit berger et surtout par la lecture de ce livre, qui m’offrit personnellement , des moments d’émotion forte, des sourires, des rires, des frissons mais aussi des larmes en m’identifiant à lui à plusieurs reprises, par exemple, au moment où il a accroché le 1e prix de l’école, lui qui ne savait ni lire ni écrire, ni même parler arabe, jusqu’à l’âge de 11 ans ; le jour où il a accédé pour la première fois à la maison de son institutrice française ; le jour où il est allé avec ses camarades de classe ,tous des enfants, réclamer le retour de l’institutrice qui était partie allaiter son nouveau-né, geste qui leur a valu une belle raclée_falaqa_ et la corvée de cueillir les olives du jardin du caïd et celui de l’école pendant toute une semaine ; les anecdotes très drôles ,des fois même grotesques ,quant à l’apprentissage de l’alphabet arabe par des ouvrières amazighes auquel il attribuait bénévolement ; les détenus portant des uniformes de prison ne correspondant pas à leurs tailles ,ressemblant ainsi à des clowns ; mais aussi, des histoires beaucoup moins drôles, notamment le sort de son camarade et ami du collège, Moha Boutout, qui mourut le 1er mars 1978, dans des conditions inhumaines dans la cellule n 55 du bagne secret de Tazmamart, pour sa participation à la tentative du coup d’Etat du 10 juillet 1971.
Personnellement, certains chapitres m’ont beaucoup interpellée et je m’y suis attardée longuement, beaucoup plus que d’autres. Je citerai notamment les chapitres intitulés « Les arrestations de 1972 », « Le regroupement », « La grève de faim » et « 1978, l’éveil du volcan sentiment ».
En effet, après l’arrestation de Laâbi en mars 1972 et de Abdelhamid Amine, le 29 mai de la même année, l’ex petit berger, étant poursuivi et recherché par la police, fugua pendant plus de 19 jours et se réfugia chez des camarades, mais prit finalement la décision de se rendre pour passer quelques jours en prison et puis sortir pour reprendre la lutte. Une fois entre leurs mains, voilà ce qu’ils lui firent, je cite : « Les tortionnaires ne perdirent pas leur temps, ils entamèrent immédiatement la première séance de la torture : les mains ligotées autour des genoux, la barre sous les genoux, il fut suspendu, c’est le système dit perroquet. On vous étouffe avec des chiffons et eaux sales, des coups sur le pied, des coups de poing, des insultes, des propos dégradants …et puis on vous pose des questions et cela jusqu’à l’évanouissement .Vous perdez connaissance ». Un peu plus loin, il dit « La torture est insupportable. On peut décrire les moyens utilisés, ses formes, mais jamais ce que ressent la victime. Impossible. C’est trop horrible. C’est atroce. Personne ne peut décrire la souffrance, la douleur ». Ces séances lui étaient imposées ainsi qu’à d’autres militants, évidemment, pour dévoiler les noms des autres membres de l’organisation Ilamam. Cependant, elles ne trouvèrent en face qu’un mutisme profond. Imaginer l’ex petit berger , Amine, Moussaoui, Belmajdoub, El Mansouri, isolés dans des cellules individuelles de Derb Moulay Cherif, de 2m20 sur 1m20,pendant des semaines sans visite, avec une alimentation plus qu’infecte et un trou toujours ouvert et nauséabond, pour faire ses besoins, des poux, des taupes et des centaines de cafards qui réclament leur nourriture est un moment fort que t’impose la lecture de ce livre. Mais heureusement, qu’il offre aussi d’autres moments de détente et d’allégresse, le lecteur ne peut que partager les moments de bonheur avec les ex prisonniers politiques, surtout au moment du rassemblement du groupe de 1972 dans la prison de Ghbila, qui s’auto-imposèrent des règles de conduite strictes alliant respect, solidarité et démocratie . A la fin, on se trouve familiarisé avec presque tous les membres de ce groupe ,de Amine et Derkaoui, les conciliateurs et modérateurs, à Hssain ,le blagueur , le chanteur, le poète, qui détestait faire le parterre et la vaisselle ; en passant par Belmajdoub, Rahmouni et Drissi, qui répartissaient l’alimentation arrivée dans les paniers des familles des prisonniers et auquel l’ex petit berger rend hommage à plusieurs passages.
Enfin, la visite d’une belle et jeune fille ,étudiante en droit et militante de l’Unem, que l’ex petit berger, reçut un jour en prison pour lui apporter ses cours, envoyés par ses camarades sortis de la prison sera le dernier évènement que je vous raconterai en vous laissant le soin de découvrir le reste et les détails. Cette jeune fille, dite « La belle au bois dormant » pour rester fidèle à l’appellation du berger communiste, n’est autre que notre camarade et amie Zhor, qui deviendra sa compagne pour la vie. Le premier baiser qu’il lui offrit et leur mariage officialisé en prison sont à eux seuls, des moments plus que troublants.


Un récit engagé, autobiographique ,historique et politique ,voilà ce que c’est ,du moins pour moi, ce livre de 228 pages ,écrit spontanément , sans relecture, sans correction, sans censure, avec conscience et émotion, exactement à l’image de son auteur ,que nous connaissons tous ,comme un camarade, un ami, un grand frère et un homme de cœur. Je crois que j’ai épuisé mes mots. ! A vous mes chers amis et merci pour votre écoute solennelle. "
Mounia Belkadi , de la commission de l'éducation aux droits humains ,l'Amdh,Mohammedia.


Remerciements d'Ali Fkir
La présentation du livre "le petit berger qui devint communiste". L'activité organisée par l'AMDH, section de Mohammedia, a connu un grand succès. Il a dépassé les attentes des organisateurs. Aussi bien par la nombreuse assistance, que par la qualité des présentations (faites par la militante Mounia Belkadi en français et par Abdellatif Sardi en arabe), et des interventions de la salle. La modération assurée par le militant Mehdi Nassi, l'organisation de la salle ... assurée par les militants Morad Kertachi et Kerrad Abderrahim étaient sans fausse note aucune. Plusieurs intervenantEs ont contribué au succès de cet extraordinaire après-midi. Latifa Kandoussi, Mohammed Moussaoui, Hsaïn, Khadija Wahid...étaient simplement extraordinaires. Mouad El Haked, des bidonvillois, des ouvrières, des ex prisonniers politiques, des camarades, des amis et des membres de la la petite famille (Lahcen, Saïd, Khadija, Rabea, Rafik...),tous et toutes étaient là. Merci tout le monde. 


















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