APSO, 7 /5/2013
Il se passe quelque chose au Sahara Occidental.Quelque chose qui gonfle doucement dans le silence habituel des médias de chez nous.Le conseil de sécurité a refusé à la mission de l’ONU de surveiller la sécurité des Sahraouis dans leur pays occupé. La Minurso qui doit organiser le référendum au Sahara Occidental, malgré tous les appels d’ONG et même de gouvernements, ne sert donc à rien.La démonstration est faite que le Maroc l’a phagocytée et totalement affaiblie dans la partie que le royaume occupe. Les Sahraouis semblent l’avoir compris.Le jour suivant la décision de l’ONU, ils ont manifesté en comité de la taille habituelle - moins d’une centaine de militants - pour protester contre la décision, et le Maroc a agi avec son arrogance habituelle en cognant sur les Sahraouies et Sahraouis. Résultat une quarantaine de blessés.Le régime marocain a parié comme d’habitude sur l’efficacité de la frayeur populaire des Sahraouis d’être torturés ou assassinés, crainte distillée patiemment et avec persévérance depuis l’invasion militaire du territoire en 1975 par des actes de ce niveau de barbarie sur tous, y compris femme et enfants.Suite à cette manifestation, la presse du royaume a publié des communiqués disant que des policiers avaient été blessés, seulement des policiers. La méthode habituelle, elle aussi, de la propagande marocaine, crier qu’on est victime quand on vient de frapper. Avec quelques clés de lecture, les choses se simplifient, et jusque là rien de nouveau.Mais dans le désert il y a des grains de sable et parfois ils viennent gripper la machine.Quel est le plus important des paramètres, et quels sont ceux qu’on ne sait pas encore ? Est-ce important finalement…Les USA ont soutenu l’importance de la surveillance des droits de l’homme, et, le jeu vicieux de la France, de l’Espagne et d’autres ont empêché le passage à l’acte…Le Maroc a cogné, et, la France a eu une petite phrase pour soutenir le droit de manifester pacifiquement.Les Sahraouis ont manifesté, beaucoup ont été blessés, et, ils ont recommencé le lendemain plus nombreux, et le surlendemain plus encore.A regarder les vidéos de la manifestation du 4 mai, il semble que la peur n’opère plus… parce qu’ils étaient ... 100 selon la police et 10 000 selon la lune si l’on calcule comme en France ? 5000 peut être en fait.Et pourtant les Sahraouis ont tous vu arriver la nuit comme le jour les convois de policiers marocains, avec pour chacun 15 ou 16 bus d’une vingtaine de place et 2 camions, les convois de jeep et camions militaires aussi.Alors ? Il se passe quelque chose au Sahara Occidental occupé.Peut être la répression vengeresse sera-t-elle dans quelques mois sans commune perversité de la part du Maroc.Ou peut être que les choses sont consommées, consumées et assumées. La machine est lancée, l’autocensure n’est plus de mise chez les Sahraouis.Le Maroc crie au loup, les méchants civils sahraouis blesseraient ses vaillants militaires et policiers chargés de défendre l’œuvre colonisatrice…Mais ce que l’on voit sur les vidéos qui se multiplient sur internet ce sont des Sahraouis qui crient qui chantent, qui sautent et dansent, qui défilent avec les drapeaux de la république qu’ils considèrent comme la leur, et réclament leur indépendance. Ces hommes et femmes sont sur la route, sur les trottoirs et sur les places de Elaaiun et des autres villes sahraouies occupées.Ils entravent la circulation - autorisée à 30km à l’heure pour qui n’a pas les moyens des bakchichs -, avec bien moins d’efficacité que les barrages de police qui coupent les boulevards tous les 500 mètres… C’est l’excuse qui justifient les charges de police, l‘entrave à la circulation, et le désordre public.On voit aussi les charges des policiers marocains, et leurs replis en formation de défense derrière leurs boucliers. Il est bien possible qu’ils se demandent ce qu’ils font là ces tout jeunes marocains, quand les jeunes Sahraouis s’interposent ou forment des cordons de sécurité autour ou devant eux pour les protéger.A y réfléchir, lorsque l’on regarde à Smara une petite unité de policiers marocains collés les uns aux autres et accrochés à leurs boucliers, comme effrayés par l’enthousiasme et la coriacité populaire sahraouie en attendant l’arrivée des renforts ; et que l’on trouve aussi des vidéos des manifestations des jeunes marocains au Maroc les mêmes jours… peut être ces jeunes policiers et militaires devraient-ils remonter sur leurs terres s’occuper de leur révolution, et laisser aux anciens et aux gradés le soin de se débrouiller de la situation explosive qu’ils ont créée au Sahara, et pour laquelle il n’y a plus de soupape de sécurité.----------------------------------------------------------------------------
Le Maroc échoue au Sahara
Bernabé López García |
Le marketing et les lobbies ne suffisent pas : l'action du
Maroc doit convaincre les populations locales, estime l'intellectuel
espagnol Bernabé López García.
Texte original publié sur El Pais - Traduit de l'Espagnol par Lakome
Il
y a six ans, quelques jours après que le Front Polisario et le Maroc
aient soumis à l'ONU leur projet respectif visant à résoudre la
problématique qui continue de les opposer, j'avais écrit dans ces mêmes
colonnes que "les deux projets visent à organiser des moments
différents du processus d'autodétermination. Alors que celui du Front
Polisario fixe les paramètres post-indépendance, offre des garanties
pour l'étape postérieure à l'indépendance, présupposant que cette
dernière allait triompher lors de la consultation, le projet marocain
voulait précisément éviter cette indépendance, en promettant des
garanties et d'amples espaces de participation au sein d'une large
autonomie, alternative à l'indépendance. Le Polisario voulant négocier
après, le Maroc souhaitant le faire avant."
Six ans plus tard, où sont ces garanties et ces amples espaces de
participation promises par le Maroc pour préfigurer une future autonomie
crédible?
Durant ces années, le Maroc a manqué l'occasion d'ouvrir son système
politique par un processus de régionalisation qui aurait permis
l'expression de sa pluralité. Le projet élaboré en 2010, de courte
vision, est resté confiné, comme tant d'autres lois organiques, au
Parlement, guère constitutionnel, sa deuxième chambre n'ayant pas été
renouvelée dans l'attente des élections communales et régionales qui
font peur à plus d'un acteur politique du pays. Une loi qui aurait donné
de l'autonomie aux régions et qui aurait commencé par s'appliquer au
Sahara, aurait été perçue comme un signe de progrès pour crédibiliser le
plan marocain de 2007.
Le Maroc a également perdu l'opportunité que lui offrait la rédaction
d'une nouvelle constitution, imposée par la pression de la rue qu'avait
inspiré les idéaux du Printemps arabe. Approuvée en juillet 2011,
celle-ci a plutôt consacré la continuité du système de la monarchie
exécutive et a, en réalité, autorisé une cohabitation stérile entre un
pouvoir royal absolu et certaines parcelles de pouvoir concédées au Chef
du gouvernement, sans en finir avec les ministères de souveraineté,
dont celui des affaires étrangères, qui joue un rôle central dans la
gestion de l'affaire du Sahara. Si la constitution a concédé quelques
clins d'œil, comme la reconnaissance verbale du patrimoine
saharo-Hassani ou la préservation de la langue Hassani comme partie
intégrante de l'identité culturelle marocaine, le modèle de région
qu'elle propose reste sous le contrôle des walis du roi (c'est encore
lui qui les nomme), fermant ainsi la porte à toute expression politique
de la diversité, avec l'interdiction expresse de partis régionaux.
A ces ratages, origine de la crise des dernières semaines, il faut
ajouter que le Maroc, comme ont pu le constater les organisations des
droits de l'Homme ayant visité la région, a persisté dans une politique
de répression de toute forme de contestation dans la région du Sahara,
motivant les recommandations du Secrétaire général de l'ONU dans son
dernier rapport, ainsi que la proposition avortée des Etats-Unis, de
demander au Conseil de sécurité d'étendre les pouvoirs de la MINURSO à
la surveillance des droits humains.
Rabat n'a pas bougé d'un iota du plan de 2007
Personne ne nie quelques progrès, comme l'absence de représailles
envers les Sahraouis qui ont assisté au congrès du Polisario, mais la
liberté de parole et d'expression est entravée dans les territoires
sahariens. Une situation aggravée par la condamnation à de lourdes
peines, par un tribunal militaire des vingt quatre (24) sahraouis
accusés sans preuves dans l'affaire de Gdim Izik. Que le Conseil
National des Droits de l'Homme adresse par la suite au roi la
proposition de supprimer à l'avenir tout jugement de civils par la
juridiction militaire, relève une fois de plus, de pures velléités. La
sentence aura démontré à quel point l'organe militaire vieillissant
s'immisce avec force dans la vie politique, et dans la question du
Sahara en particulier.
Depuis 2005, dans les forums internationaux, le Front Polisario a
basé sa stratégie sur la dénonciation des violations continues des
droits de l'homme dans la région. Mais les autorités marocaines n'ont
pas réagi avec une politique de détente, de renforcement de la confiance
entre les différents groupes humains vivant au Sahara, d'élargissement
des droits et libertés d'expression de tous les habitants de la région, y
compris ceux qui pensent différemment, de reconnaissance des
associations qui attendent l'autorisation du ministère de l'Intérieur,
de responsabilité conjointe dans la gestion du territoire par des natifs
du Sahara, ce qui aurait permis, comme le disent les résolutions de
l'ONU, que les ressources naturelles bénéficient aux habitants. Bien au
contraire, aucune des promesses du projet d'autonomie de 2007, qui
avaient l'air intéressantes, n'a avancé d'un iota, si bien que ce projet
se trouve aujourd'hui réduit à sa plus simple expression.
Le Maroc se satisfait des louanges de son plan d'autonomie, qualifié
partout de "sérieux et crédible" par les ministères des affaires
étrangères occidentaux. L'Union européenne qui lui a accordé en 2010 le
statut avancé, a fini par donner raison à ses détracteurs du fait de son
incapacité au cours des six années écoulées à faire évoluer vers une
solution le problème du Sahara, alors qu'il constitue la plus grande
hypothèque de la monarchie et sa maladie chronique. Dans ces mêmes
colonnes Abdellatif Laâbi avait raison d'écrire que le Maroc est malade
du Sahara.
Le Maroc a estimé que pour obtenir la reconnaissance de la marocanité
du Sahara occidental, le lobbying et le marketing suffisaient, il n'a
pas réalisé qu'il était essentiel d'avoir une approche cohérente et
transparente afin de rallier la population sahraouie qui est aujourd'hui
majoritairement contre sa mauvaise gestion. Récemment, dans le magazine
marocain Zamane deux bons connaisseurs du sujet, le Sahraoui Bachir
Edkhil et le membre du CORCAS, Belghazal Abdelmajid, constataient
l'échec dans la gestion du problème, durant ces années et martelaient la
nécessité d'une véritable démocratie dans la région. Durant un long
périple à Laayoune, Smara et Dakhla en 2011, j'ai entendu à maintes
reprises, et pas seulement de la bouche des éléments indépendantistes: «Ils veulent un Sahara sans les Sahraouis». Une quarantaine de personnalités sahraouies que j'ai rencontrées il y a deux ans s'interrogeaient: "Pourquoi ne pas appliquer le projet d'autonomie à partir de maintenant?".
Seule une minorité d'individus appartenant au système semble se rendre
compte de la stupidité de perdre encore du temps. Même le président de
l'Institut Amadeus, proche du centre du pouvoir, réclamait il y a
quelques jours dans son article «Sahara: de la crise à l'opportunité ?», la mise en œuvre urgente du projet d'autonomie.
Le projet de résolution américaine a été un avertissement pour le
Maroc pour son inaction et son auto complaisance. Il était convaincu que
les promesses de 2007 étaient suffisantes, refusant de reconnaître que
dans le Sahara sous son contrôle, les droits de l'homme sont un problème
qui suscite un climat de tension permanent et un mécontentement parmi
les différents groupes ethniques forcés à cohabiter. Le Maroc ne réalise
pas que son image se détériore à l'étranger, en dépit du soutien tardif
et honteux de deux nations, la France et l'Espagne, dans leur souci de
ne pas gêner les bonnes relations économiques avec l'ancienne colonie.
Avec son apathie six ans durant, le Maroc a perdu toute crédibilité pour
son plan d'autonomie. Loin de constituer le point final des
négociations, ce plan peine maintenant à en constituer le point de
départ, si tant est qu'il puisse y arriver. Il est probable qu'à
l'avenir, pour trouver une solution à ce problème récurrent, il devra
s'imposer d'aller plus loin. Peut-être vers un statut de confédération
ou un Etat libre associé, sous la souveraineté marocaine. Mais, encore
une fois, pour être «sérieux et crédible», il devra envisager les
mesures qu'il n'a pas été capable de prendre ces dernières années.
https://fr.lakome.com/index.php/chroniques/738-le-maroc-echoue-au-sahara
Bernabé López García est professeur émérite d'histoire de
l'Islam contemporain à l'Université Autonome de Madrid et auteur de
nombreuses publications sur le Maroc. Il a régulièrement défendu l'idée
de l'autonomie ces dernières années pour résoudre le conflit au Sahara.
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It's going to be ending of mine day, however before
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