Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

lundi 15 avril 2013

L’appel à l’aide des Sahraouis entendu à l’ONU. Ban Ki-moon épingle le Maroc


A la une International
Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte
Zine Cherfaoui, El Watan, 15/4/2013

                     © D. R.

Suite aux appels véhéments lancés par les organisations internationales de défense des droits de l’homme et à la forte recommandation faite en février dernier par le rapporteur spécial sur la torture, Juan E. Mendez, stipulant que les territoires sahraouis occupés par le Maroc depuis 1975 doivent bénéficier d’«un mécanisme robuste de surveillance des droits de l’homme», l’ONU semble s’être enfin décidée à prendre ses responsabilités afin d’éviter aux Sahraouis de nouveaux drames.

C’est ce qui ressort globalement du dernier rapport du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, consacré au conflit sahraoui rendu public ce week-end sur le site de l’organisation. Elaboré sur la base des visites nombreuses effectuées ces derniers mois dans la région par Christopher Rosso, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, ce document, devant être présenté le 22 avril au Conseil de sécurité, épingle le Maroc sur de nombreux points et particulièrement sur la question des droits de l’homme qui font l’objet d’une violation «constante» et «systématique» dans les territoires sahraouis occupés. Il signale, par ailleurs, le caractère inopérant des ONG locales de défense des droits humains.
Ce constat effrayant a persuadé Ban Ki-moon d’insister sur le besoin «urgent» d’une «(…)surveillance indépendante, impartiale, complète et constante de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps (…)» Pour le secrétaire général de l’ONU, la mise en place d’un tel mécanisme devient même «plus que jamais une nécessité́ primordiale» puisque les violations des droits de l’homme n’ont apparemment pas cessé.

L’ONU change de ton et de méthode
Allusion faite aux manœuvres déployées par Rabat durant toute l’année 2012 pour empêcher  Christopher Ross de mener à bien sa mission et contourner les résolutions du Conseil de sécurité se rapportant au conflit, Ban Ki-moon a, par ailleurs, dénoncé le fait que «les difficultés rencontrées au cours de la période considérée par le rapport ont continué d’entraver les progrès vers une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, prévoyant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».
A ce propos, plusieurs spécialistes du dossier soulignent qu’aucun secrétaire général de l’ONU n’a, ces dernières années, tancé aussi fortement le Maroc que Ban Ki-moon. Il est vrai que le royaume du Maroc a régulièrement été critiqué sur la gestion des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés. Mais la France, son protecteur au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, s’est à chaque fois opposée à toute résolution le condamnant. Pourtant, les violations des droits de l’homme et les exactions contre les sympathisants sahraouis, dont le seul crime est de refuser l’occupation, y ont toujours été systématiques. Celles-ci avaient, rappelle-t-on, atteint une nouvelle fois leur paroxysme en novembre 2010 lors des manifestations pour l’autodétermination de Gdim Izik.

Washington révise sa position
Cette fois, le Maroc n’aura pu vendre les «performances» timorées et hypothétiques de son Conseil national des droits de l’homme (CNDH) pour faire barrage à cette nouvelle tendance qui se dégage au sien du Conseil de sécurité de l’ONU en faveur de la mise en place d’un mécanisme indépendant pour la surveillance des droits humains. Les tentatives du Maroc de jouer la confusion en invoquant l’instabilité qui sévit au niveau du Sahel pour déposséder les Sahraouis de leur droit à l’autodétermination ne semblent par ailleurs pas être suivies même si la situation d’instabilité au Sahel est une source réelle de préoccupation pour le Conseil de sécurité et pour les pays de la région.
Rabat panique à la seule idée de perdre le contrôle de la situation dans les territoires sahraouis. Pour tenter de faire obstruction au paragraphe sur la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental consigné dans le rapport de Ban Ki-moon, le makhzen a envoyé Youssef Amrani, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, convaincre les pays d’Amérique latine membres du Conseil de sécurité (Argentine, Guatemala où le Maroc ouvre même une ambassade pour la circonstance) de ne pas appuyer l’inclusion du monitoring des droits de l’homme.
En prévision de la prochaine réunion du Conseil de sécurité à New York, Nasser Bourita, le secrétaire général du ministère marocain des Affaires étrangères, est parti, quant à lui, sillonner l’Asie. Sa mission ? Tenter également d’obtenir le soutien de l’Azerbaidjan, du Pakistan, de la République de Corée, de la Chine... Mais il est peu probable que tous ces pays, acquis de longue date à la cause sahraouie, changent de camp.

La fondation Robert Kennedy, le cauchemar de Rabat
Le Maroc devra-t-il et pourra-t-il encore compter sur la France ou sur d’autres alliés occidentaux pour se tirer d’affaire ? «Pas si sûr», font savoir des diplomates d’un pays occidental en poste à Alger. Ce qui inquiète le plus Rabat est que justement les positions des puissances occidentales sur le Sahara occidental ont évolué. C’est le cas, par exemple, de celle des Américains qui a subi un recentrage depuis le départ d’Hillary Clinton, personnalité connue pour son tropisme marocain. L’arrivée de John Kerry au département d’Etat s’est ainsi accompagnée d’une nouvelle «approche».
L’important lobbying en faveur des Sahraouis de la fondation Robert Kennedy (Robert F. Kennedy Center for Justice and Human Rights) est certainement aussi pour quelque chose dans ce changement de politique.
Sa présidente, Kerry Kennedy, a d’ailleurs effectué l’année dernière une visite mouvementée dans les territoires sahraouis occupés que les autorités marocaines n’oublieront pas de si tôt. Particulièrement active, cette fondation très respectée aux Etats-Unis a aussi envoyé des pétitions à Barack Obama et à Ban Ki-moon afin de les sensibiliser sur les drames du peuple sahraoui. Et cela semble avoir été payant. Ainsi, contrairement aux fois précédentes où la partie était jouée pratiquement d’avance, rien n’est donc acquis pour le moment pour le Maroc.

Le combat au sein du Conseil de sécurité devrait même se poursuivre jusqu’à la dernière minute, surtout qu’après avoir recadré leurs positions respectives, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne s’emploieraient actuellement à convaincre la France de lâcher du lest sur cette question des droits de l’homme. C’est la raison pour laquelle le Maroc est aujourd’hui plus que jamais aux abois.
--------------------------------------------------------------------------

Pression onusienne sur Rabat


Kamel Zaïdi, 12 avr, 2013 

Le document, de 27 pages, dont nous nous sommes procurés une copie, évoque les manifestations pacifiques du peuple sahraoui, violemment réprimées par les forces d’occupation marocaine, mais aussi les procès iniques, les tortures et les détentions arbitraires de militants dont le grand tort et de continuer à revendiquer l’indépendance de leur pays. Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU n’a guère été tendre avec le Maroc colonialiste dans son dernier rapport relatif au Sahara occidental. Celui-ci, en effet, ne laisse pas de réitérer la nécessité de tenir un référendum d’autodétermination, ce qui bat en brèche la proposition marocaine basée sur la «large autonomie», officiellement soutenue par la France, en dépit du fait qu’elle soit contraire au droit international.
Le rappport, en outre, relève que «dans le territoire, des manifestations généralement pacifiques ont eu lieu périodiquement à Laâyoune et dans d’autres localités importantes. Il s’agissait le plus souvent de petites manifestations organisées à l’improviste, qui étaient rapidement dispersées par les forces de sécurité marocaines ». Or, lit-on encore, « le Frente Popular para la Liberación de Saguía el-Hamra y de Río de Oro (Front Polisario) a fait état de l’emploi de la force disproportionnée à certaines occasions ». Il faut dire que des vidéos, des photos et des rapports accablants, existent, pour prouver que les forces d’occupation n’hésitent à s’en prendre à tout le monde, y compris les femmes.
Le rapport ajoute, toujours à propos du même sujet, que « dans certains cas, les manifestants attiraient l’attention sur des aspects de l’exploitation des ressources naturelles de la région qu’ils jugeaient contraires au droit international. Dans d’autres, ils exprimaient leurs préoccupations concernant la prestation des services sociaux. Et d’enchaîner pour dire qu’ « en octobre 2012,
11 Sahraouis, dont quatre femmes, sont entrés dans la base d’opérations de la Minurso à Smara, à l’ouest du mur de sable, pour exiger une augmentation de l’assistance sociale. Quelques heures plus tard, le groupe a été persuadé de quitter le complexe après que les autorités ont promis d’examiner leur demande. Cinq membres du même groupe sont revenus pendant la visite de mon Envoyé personnel en mars 2013, et ont demandé à le rencontrer. Là encore, ils ont été persuadés de quitter les lieux.
Mais le plus important c’est que « d’autres manifestations visaient à exprimer un appui à l’autodétermination ou la solidarité avec les Sahraouis arrêtés après les événements de Gdeim Izik de novembre 2010 et les incidents de Laâyoune de septembre 2011 ».
Mais le plus important reste à venir. Après l’échec du plan de large autonomie du Sahara, c’est le refus marocain d’élargissement du mandat de la Minurso au respect des droits de l’homme qui risque d’être lui aussi réduit à néant. Que l’on en juge : « la question des droits de l’homme était au centre des visites effectuées par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme pendant la période considérée. En août 2012, une délégation du Robert F. Kennedy Centre for Justice and Human Rights s’est rendue au Sahara occidental et dans les camps près de Tindouf. Ses membres ont rencontré des représentants de la Minurso, des organisations marocaines et sahraouies de défense des droits de l’homme et de la société civile, ainsi que les autorités marocaines et celles du Front Polisario. En septembre 2012, des membres du Leadership Council for Human Rights se sont également rendus dans le territoire et ont rencontré des interlocuteurs locaux et mon Représentant spécial… »
L’ONU devrait en effet imposer au Maroc un mécanisme spécial relatif à ce sujet.
Et en finissant d’enfoncer le clou, Ban Ki moon revient sur le camouflet diplomatique reçu par le Maroc à propos de son retrait de confiance à Christopher Ross : « la période allant de mars 2012 à mars 2013 a été marquée par une pause de quatre mois dans le processus de médiation et par de graves troubles dans la région du Sahel et au-delà. Cette pause dans les négociations, due au fait que le Maroc a retiré sa confiance à mon Envoyé personnel en mai 2012, a pris fin le 25 août à l’issue d’une conversation téléphonique que j’ai eue avec le Roi Mohamed VI, au cours de laquelle j’ai précisé les mandats de mon Envoyé personnel et de la Minurso. Après avoir eu plusieurs contacts bilatéraux avec les parties et les États voisins à New York, mon Envoyé personnel a repris ses activités de médiation en se rendant dans la région en octobre et novembre 2012, effectuant ainsi sa première visite au Sahara occidental. Il s’est également rendu dans les capitales des États membres du Groupe des Amis du Sahara occidental (Madrid, Moscou, Londres,  Paris et Washington), ainsi que de l’Allemagne et de la Suisse, du 28 janvier au 15 février 2013 pour mobiliser un appui international en vue de trouver une nouvelle formule pour faire avancer les négociations et surmonter l’impasse actuelle ».
Signalons pour finir que « dans les camps de réfugiés près de Tindouf, le secrétaire général du Front Polisario a exprimé sa profonde exaspération face à l’incapacité de l’Organisation d’organiser un référendum sur l’autodétermination. En ce qui concerne la situation au Mali, il a souligné que le Front Polisario est fermement opposé aux activités des groupes terroristes et criminels et que celui-ci avait pris des mesures pour empêcher tout recrutement dans les camps ».
  http://lecourrier-dalgerie.com/pression-onusienne-sur-rabat/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire