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jeudi 18 avril 2013

A lire ! Le dernier roman de Mahi Binebine : « Le Seigneur vous le rendra »



Par M-J F , Solidmar, 17/4/2013

La première fois que je me promenais dans une ville du Maroc, sans doute pendant le ramadan, je m’étonnais du grand nombre de mendiantes assises dans la rue, accompagnées de « leur » bébé misérablement vêtu, parfois couché, trop sage, dans un carton sur quelques chiffons… Touchée par cette misère, alors que je préparais  une pièce à mettre dans une sébile, l’ami marocain qui m’accompagnait  s’est mis à rire. « Ne te laisse pas apitoyer, ce que tu vois là fait partie d’un commerce très lucratif. Un bébé est une valeur sûre, et celles qui exploitent ce filon sont sans doute bien plus riches que toi. Ce qui ne veut pas dire que la misère n’existe pas au Maroc, au contraire, elle ne cesse de grandir, mais en général elle est discrète et digne, et n’a rien à voir avec ces mises en scène misérabilistes »

Le  roman de Mahi Binebine part de cette réalité qui n’est pas fictive, document minutieux du Maroc des quartiers dits populaires, des cireurs de chaussures, des prostituées, des conteurs, des mendiantes vraies ou fausses…

C’est à travers « P’tit Pain » dont on apprendra vers la fin qu’il s’appelle Minoun, que Mahi Binebine raconte avec émotion et humour cette fable d’un garçon empêché par sa mère de grandir pour continuer à « rapporter ». Heureusement les mamans marocaines ne sont pas toutes à l’image de cette mère prédatrice qui pour faire perdurer sa « poule aux œufs d’or » utilise les moyens les plus ignobles.  « P’tit Pain » ne doit pas grandir, parler, marcher, réfléchir, penser… Ce ne serait pas bon pour le business…

« J’avais douze ans et en paraissais trois », raconte-t-il, trimballé par son frère Tachfine dans une poussette bricolée, pour faire pitié…

 Mais, en dépit de l’acharnement de cette  mère indigne, deux rencontres transforment la vie de P’tit pain : en cachette un riche Européen, lui apprend à lire et lui ouvre grande la porte de la culture, et Mounia, l’adorable naine contorsionniste l’aide à grandir et lui fait découvrir l’amour. Le corps et l’intelligence de Minoun  se libèrent  et se développent de manière prodigieuse pour rattraper tout ce temps de vie gaspillée.

Bien plus tard, il retrouve Mère … « Je m’avançais vers elle et la soulevai comme un enfant malade …En me penchant pour lui baiser le front, je sentis une vague pression sur mon cou. Un petit cri d’oiseau s’échappa de ses lèvres quand elle ferma les yeux »

Ce garçon maintenu par force nain pitoyable, dans un état de dépendance totale pour être mieux exploité, qui devient libre, grand, intelligent, cultivé ne pourrait-il pas s’appeler…peuple marocain dans cette  belle fable pleine d’espoir ?

1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Je viens de découvrir ce blog dérniérement et je le trouve intéressant, en ce qui concerne ce 'review' , je vais acheter le roman afin de mieux le découvrir, et puis pour finir, je voudrais partager un 'review' que je viens de publier sur mon blog et je voudrais savoir votre avis sur le roman Britannique Flying Tagines and Magic Lobsters: http://www.marocaine.me/2014/07/le-maroc-aux-yeux-des-etrangers-flying.html

    Merci

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