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mardi 11 septembre 2012

La lettre d'Ahmed Benseddik au patrimoine des soufflets infligés au régime

Du Maroc des potentialités à celui des indignités

Hespress-Marocmaroc



Par SALAH ELAYOUBI, 11/09/2012

Le 26 juillet 2011, Ahmed Benseddik annonçait dans une lettre au roi, qu’il mettait fin à toute relation d’allégeance envers lui.
La lettre qui arrive après que l’intéressé ait épuisé tous les moyens, toutes les voies et toutes les suppliques, pour se faire entendre, sonne comme un coup de tonnerre.
Elle fera, sans doute, date et restera, à tout jamais, inscrite au patrimoine des soufflets qu’une poignée de démocrates et d’honnêtes citoyens marocains, a osé infliger au régime et à sa courtisanerie, d’autant que, postée sur la toile, celle-ci l’a répercutée à l’infini, comme l’écho dans la vallée.

Ahmed Benseddik
Aucun commis de l’Etat ne s’était, à ce jour, essayé à ce redoutable exercice, tant celui-ci comporte de dangers, pour la suite de la carrière et signifie, même, à coup sûr, pour son auteur, une fin de parcours dans l’administration publique.

Ceux, soucieux de leur dignité qui, dans le passé, ont refusé baise-main et allégeance à Hassan II, ont vu, en réaction, la moindre de leur démarche administrative, leur vie durant, transformée en parcours du combattant !

Pour le Palais, ses sicaires et leur paranoïa légendaire, la lettre de Benseddik constitue donc, un casus belli et l’encre à peine sèche, et l’ampliation tout juste entamée, qu’un cordon policier était déjà déployé, autour de son domicile, et ses moindres déplacements et contacts épiés.

Qu’est-il arrivé pour qu’un citoyen se rebelle, ainsi, contre la première autorité du pays ?
A quelles indicibles souffrances a-t-il du faire face ?

Benseddik était le Directeur de la station thermale de Moulay Yaacoub. A ce titre, il était responsable de sa bonne marche, de la sécurité de ses installations et de la politique de son développement.
Pas plus lorsqu’il a dévoilé des dysfonctionnements, comme l’exercice illégal qui était fait de la médecine, depuis douze ans, ou pointé du doigt les risques réels d’effondrement des bâtiments, ou imaginé tous ces louables projets d’accompagnement de la rénovation de la station thermale (jumelage de la station avec celle d’Aix-les-Bains, collaboration avec l’institut d’hygiène, la faculté de médecine), ou encore lorsqu’il a accueilli le roi ou été reçu par lui, pour expliquer ses projets, il n’a entrepris quoi que ce soit, qui ne relevât de sa responsabilité.
Les rapports techniques, de J.P. Ichter, architecte et du laboratoire LPEE où il est question de« Corrosion avancée des armatures, fissure de flexion, désordre de structure préjudiciable à la stabilité, processus de dégradation évolutif, la réparation imminente s’impose, marge de sécurité aléatoire, soutènement nécessaire dans les meilleurs délais, murs insuffisamment fondés, poutres en allège affectés par les dégradations, défaut d’étanchéité, dégradation générale du béton par les attaques des eaux sulfurées…etc….. », sont sans appel et confirment bien un réel danger pour les usagers de la station thermale.

En réponse, Ahmed Benseddik reçoit, un avis de révocation pour crime de lèse-majesté. Le courrier, de l’employeur, la CDG stipule :
« Manque de respect aux plus hautes autorités du pays : Harcèlement de Sa majesté le Roi lors d’une visite privée à la station thermale de Moulay Yacoub, sans qualité et droit d’agir, ni autorisation préalable de l’employeur. Mr Benseddik a remis un dossier au Roi comprenant des maquettes et des photos, chose qui a perturbé ce dernier. Il a même insisté lors de sa sortie pour lui remettre ledit dossier. »
Curieusement, la CDG aura attendu sept longs mois avant de s’apercevoir qu’il y avait eu offense.

La réponse de Benseddik est plus qu’éloquente sur l’ampleur de la méprise et l’amplitude de la tragédie qui se joue sous nos yeux:
« En vérité, j’ai remis à notre Souverain une revue que j’avais gardé précieusement : Elle montre un jeune alpiniste Français qui a planté le drapeau Marocain au sommet de la plus haute Montagne du monde, l’Everest, le jour du mariage de SM Le Roi Mohammed VI !! »

Une année plus tard, sa nomination par le roi, en qualité de directeur exécutif pour la célébration des douze siècles de la ville de Fès, apporte un cinglant démenti qu'il y ait eu une quelconque offense et confirme le complot qui lui vaudra in fine la mise à l’écart de ce projet dont il était, pourtant, l’initiateur.

En clair, et pour ramener les choses à leurs justes proportions, il est reproché, ni plus, ni moins à Benseddik de s’être montré par trop entreprenant avec le roi, en lui détaillant les axes d’un développement ambitieux de la station thermale. Et Pour qui connaît les courtisans et les aposématismes qu’ils ont développés, il est inutile de chercher ailleurs, les raisons de tant d’acharnement.

Professionnel, dynamique et entreprenant, Benseddik s’est acharné, en bon centralien, à trouver des idées, les explorer, les conceptualiser et fédérer autour de lui des structures, des hommes, et des synergies pour les transformer en projets, auxquels ont adhéré des sommités, au-delà de nos frontières.
Beaucoup de ceux qui l’accablent aujourd’hui, ne peuvent en dire autant, et en cela, il était devenu dangereux.

De plus, en relevant consciencieusement et scrupuleusement tous les dysfonctionnements de la station thermale et les dangers de mort que l’obsolescence de ses structures faisait et continue de faire courir à l’utilisateur, il a, comme on dit, levé des lièvres de taille et mis en exergue la gestion calamiteuse de ses prédécesseurs, leur incompétence et l’incurie de la hiérarchie, qui a couvert tous ces manquements.
Il ne s’écoulera guère beaucoup d’eau sous les ponts, ni de lunes dans le ciel, avant que l’avenir ne lui donne raison !

« Ils » nous avaient vanté le Maroc des potentialités et avaient oublié de nous parler de celui des indignités. Pour avoir cru au premier, Benseddik se voit infliger le second. Il a, ainsi, rejoint la cohorte des opprimés, des emmurés et des exilés.
Frappé d’ostracisme, il aurait pu, comme certains, se murer dans le silence emprunté des coupables et attendre la rédemption, ou l’absolution pour rebondir, comme sait si bien le faire la courtisanerie.
Il a, au contraire, choisi de se battre, debout, comme un homme libre, exigeant d’être jugé, si sa responsabilité était avérée, dans un quelconque acte délictueux,
Quoi de plus normal que de vouloir retrouver son honneur bafoué, reconstruire sa vie détruite et voir rétablir ses droits, tous ses droits.
Quoi de plus légitime que demander réparation du préjudice incalculable qu’on vous a injustement infligé, pour avoir simplement fait votre travail et cru en votre pays.
Je ne voudrais pas terminer cette mise au point sans évoquer cette ignominie supplémentaire, infligée aux démocrates, ce 4 août 2011, lors de leur visite de soutien au domicile de l’intéressé.
Après avoir filmé les militants, sous tous les angles, l’un des nervis, reconnaissant Sion Assidon, a cru bon lui asséner « Toi le juif, va-t’en en Israël ! ».*
Que répondre face à tant d’ignorance du Maroc, de sa culture, de son patrimoine et de son histoire ?
Absolument rien, sauf à penser que le régime n’a plus rien d’autre à aligner face à notre légitime combat pour la liberté et la dignité, que des crapules de la pire espèce.
Et le plus ignoble dans l’affaire, c’est que c’est à nous qu’il incombe de payer leurs salaires.

* http://fr.lakome.com/politique/54-podcasts/679-temoignage-dahmed-benseddik-.html
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 Poème de Ahmed BENSEDDIK
dit par un jeune militant lors de la manifestation anti Beyaa le 1er sept
http://youtu.be/3-L2VogfwK0

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