La Coalition marocaine des instances des droits de
l’Homme donne l’alerte. La situation des droits de l’homme s’est
nettement détériorée au Maroc, et ce, malgré l’adoption de la Nouvelle
Constitution l’an passé. Retour sur la réunion qui s’est tenue hier, à
Rabat.
Carton rouge pour le Maroc.
Dans son bilan périodique
de la situation des droits de l’homme à travers le royaume, la Coalition
marocaine des instances des droits de l’homme tire la sonnette
d’alarme. « Il y a une nette régression au niveau des droits humains.
Nous relevons toujours des atteintes aux libertés d’expression et de
manifester quelque soit le type de protestation. Après plus d’une année
de l’adoption de la nouvelle Constitution, la répression continue en
s’amplifiant » a déclaré, Khadija Ryadi, présidente de l’Association
Marocaine des droits humains (AMDH), au cours d’un point presse
organisé, hier à Rabat, par la Coalition marocaine des droits humains.
Ces propos sont relayés ici par Le Soir.
Regroupant 18 associations nationales, la Coalition a présenté un
rapport sans concession qui brosse un tableau noir de la situation des
droits humains au Maroc : du fiasco de la réforme de l’enseignement aux
jugements arbitraires qui se banalisent, en passant par les manquements
aux droits humains, tous les volets sont passés en revue dans ce
rapport. Aucune critique n’est épargnée.
Procès politique et répression
Tout d’abord, la Coalition y dénonce « la politisation de la justice
par l’Etat ». « Le gouvernement instrumentalise la justice pour écrouer
ses opposants et les normes du procès équitables sont toujours violées »
déplore Khadija Ryadi. En guise d’exemple, elle cite la détention et le procès politique du rappeur Mouad Belghouat,
plus connu sous le nom de « Lhaqed ». « Même les sit-in en sa faveur
sont interdits par les forces publiques ! » s’indigne-t-elle.
La répression à l’encontre des manifestants, comme celle dont ont été récemment victimes des journalistes de la presse marocaine,
constitue un autre indicateur de la détérioration des droits humains
dans le pays, selon le rapport. « La répression s’est accrue contre les
manifestations et les manifestants qui sont de plus en plus arrêtés et
écroués. (…) Pas plus tard que mercredi 12 septembre, des handicapés qui
manifestaient pacifiquement devant le siège du ministère de la
Solidarité, de la femme, et de la famille ont été interpellé sans aucune
raison évidente » indique la présidente de l’AMDH.
Immigrés subsahariens
Un autre volet du rapport est consacré à la situation des immigrés
subsahariens dans le royaume. Ici, c’est la campagne d’expulsion dont
ils font l’objet qui est dénoncée. « Les violences à l’encontre [des
immigrés] et leur expulsion est une violation de leur droit à la vie
digne » condamne ainsi la Coalition, qui rappelle à cet effet que l’Etat
marocain est responsable de la protection des étrangers qui sont
présents sur son territoire. Un devoir auquel ce dernier ne cesse de
faillir, préférant ignorer les appels de détresse d’une population qui,
en plus de la violence qu'elle subit, constitue la cible privilégiée
« des vols armés » selon le rapport.
Passage à l’acte
Pour la Coalition, les libertés publiques et individuelles ne doivent
plus se limiter aux textes. Il est grand temps que le Maroc agisse et
mette enfin en œuvre la Constitution et les droits fondamentaux
(travail, santé, éducation) qu’elle consacre. Pour les militants
associatifs, l’heure n’est donc plus aux atermoiements, ni à la culture
du paradoxe entre la théorie et le réel. Le Maroc doit acter, et vite,
car l’Etat de droit auquel il aspire n’est pas qu'un titre. Il est aussi
et surtout une réalité, avec ses exigences.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire