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dimanche 29 mai 2011

Maroc: Le complot du silence !

Par Mohamed Hifad, 21/5/2011
La fameuse formule du complot du silence de Hassan II (« mouamarat skat ») est bien d’actualité. Il avait toujours soupçonné les autres de se taire et de comploter quelque chose contre lui et son régime. Et il y avait de quoi après les deux coups d’Etat manqués lors de son règne. Il n’a cessé de développer ses institutions sécuritaires et son arsenal juridique pour devancer tout danger car il ne savait, vis-à-vis du peuple, sur quel sable mouvant il mettrait les pieds à tout moment. C’est comme marcher dans le noir. Avec des citoyens ayant une éducation qui leur dit que « la main que je ne peux couper, je dois la baiser ». A force de vivre dans la psychose d’un complot ou danger vrai ou fictif, le régime est tombé lui-même dans un paradoxe : le dispositif sécuritaire mis en place qui fait taire tout suspect qui fomente quelque chose contre le pouvoir en place , rend encore plus opaque la situation et impossible toute visibilité politique

Il n’y a pas de liberté d’expression. La stabilité apparente n’est basée que sur la répression, l’exclusion, la marginalisation, la déprédation des richesses, la corruption, les faux rapports de l’administration devenue une véritable mafia qui tient en otage et le palais et le pays.
Puis est arrivé ce qui devrait arriver un jour ou l’autre : tout le monde arabe , y compris le Maroc , se soulève contre ses dirigeants despotes qui le gouvernent , sans partage , depuis des décennies avec la bénédiction et la complicité des grandes puissances . Du temps de Hassan II , les responsables marocains du Ministère de l’intérieur disaient à qui voulait l’entendre, que le Roi avait besoin de citoyens (ennes) qui lui restent fidèles et non de citoyens(ennes) qualifiés et intègres . C’est ce qui a donné la médiocrité dans tous les domaines depuis l’indépendance et la marginalisation des vraies compétences du pays.
Aujourd’hui que nous avons enfin le droit à la parole, et non pas encore à la liberté d’expression , puisque les institutions démocratiques qui la garantissent font encore défaut au Maroc , force est de constater que ce gâchis ne profite ni au régime ni au peuple . Le complot du silence était imposé par la force des armes et la répression et ce serait absurde de parler de liberté d’expression et de participation pour un peuple aux mains liées et à la bouche cousue depuis des décennies. Le pouvoir se trouve aujourd’hui devant un cumul de problèmes depuis le début de l’indépendance à ce jour et même du temps du protectorat car l’indépendance n’est pas encore achevée pour toutes les régions ce à quoi nous reviendrons une autre fois. Qu’on fasse une révolution pacifique ou armée, il faut y aller jusqu’au bout.
La Tunisie et l’Égypte ont fait, pour le moment, leur révolution politique mais elle reste éphémère et passagère si l’Etat ne limite pas les richesses et en fixe un plafond à ne pas dépasser. Un régime, c’est tout un système : confisquer l’argent et les biens du chef déchu de l’Etat, de ses proches et de ses collaborateurs, ne suffit pas. Il faut aussi, dans un nouveau projet de société, obliger les riches à rendre au moins la moitié de leurs biens aux caisses de l’Etat en fonction des besoins réels de chaque pays. Ils ont profité, d’une manière ou d’une autre, de la politique du régime déchu et de ses largesses pour certaines catégories sociales et par des liens complexes de mariages, de corruption et de solidarité d’intérêts. Si la nouvelle révolution se met de nouveau à s’endetter sur le dos du peule pour relancer l’économie, comme Obama devance un peu ces vrais problèmes et propose des crédits dans ce sens, cela ne fera que différer la vraie révolution que les acquis, civiques, juridiques et politiques de l’actuelle vont faciliter et rendre possible à court terme. Si le Roi accepte de bonne foi de répondre, même en totalité aux revendications de la rue sur le plan civique et politique, cela ne changera pas la réalité économique vécue au quotidien des Marocains(nes), ce qui ne peut attendre des solutions même à court terme. Sera-t-il capable de rendre au moins la moitié de sa fortune personnelle aux caisses de l’Etat ? L’exemple donné d’en haut en toute humilité et solidarité sera imposé automatiquement à tous les riches du pays après avoir défini les tranches ou fourchettes de revenus qui distinguent un riche d’un pauvre au Maroc , ce qui est très flou jusqu’à présent. Les fonctionnaires, dans le secteur public et privé, sont les seuls à payer régulièrement leurs impôts sur revenus puisqu’on les leur retire de la source et pour les autres, depuis le protectorat, chacun déclare ce qu’il veut et vole en silence. Au complot du silence politique, qui constituait le cauchemar de Hassan II, il y avait aussi le complot du silence économique, pire que le premier.
(…) Le Roi, pour protéger son pouvoir et ses biens, a fait son fameux discours du 9 mars 2011 , a nommé sa commission dite constitutionnelle pour laquelle il a défini en sept points sa mission consultative . L’opposition de la rue, n’est pas dupe : c’est le peuple souverain qui a donné sa « bayâa » à ses ancêtres et peut la retirer lorsque ses conditions ne sont plus respectées. C’est un contrat qui suppose deux entités différentes aux intérêts depuis longtemps opposés : nommer d’une manière unilatérale cette commission, c’est porter atteinte à ce contrat qui perd ainsi sa légitimité. L’opposition de la rue doit nommer ses représentants pour participer en toute immunité et sur un pied d’égalité, à cette commission, sinon organiser dans tout le pays des élections anticipées pour désigner les membres de cette commission et ses conclusions doivent être soumises au référendum et non au Roi. Il faut aller jusqu’au bout de notre pensée dans l’esprit d’une vraie révolution pour le bien de tous. Nous souhaitons régler ce problème une fois pour toute aussi bien pour le peuple que pour la monarchie. Lorsque je dis ceci, j’ai en tête pas seulement Mohamed VI , le Roi du Maroc , mais avant tout un citoyen marocain qui a les mêmes droits que moi et qui doit faire aussi des sacrifices pour le bien de notre pays. Les slogans des jeunes dans les manifestations des rues sont plus sincères, crédibles et positifs que tous les rapports réunis du gouvernement, de sa DST, de son administration, de ses partis, syndicats, ONG et associations. Aucun (e)Marocain (ne) n’est dupe et personne ne fait confiance à ces organismes étatiques crées par les caïds, les pachas et les gouverneurs au fil du temps depuis le protectorat. Défendre la monarchie et vouloir éviter le pire à son pays ne consiste pas à applaudir , à faire des rapports de type « lâam zine , koulchi zine »( l'année est bonne, tout est bien), mais il faut dire la vérité , toute la vérité , rien que la vérité quelles que soient les conséquences pour soi , car c’est déjà un sacrifice symbolique pour son propre pays .Locuteur et interlocuteur doivent garder le sang froid, avoir la patience et la volonté de s’écouter, de faire leur propre autocritique, d’établir des priorités sociales, économiques , juridiques et politiques et s’y plier avec rigueur et détermination car nous n’avons plus le droit à l’erreur et il y va de notre présent immédiat , de notre avenir et de celui du Maroc.
Source : mogador7.forumactif.commogador7.forumactif.com

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