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Bureau exécutif de l’ASDHOM, Paris, 1/6/2011
La vidéo postée sur Youtube depuis Casablanca a fait le tour des rédactions. Elle continue à être visionnée. Elle se passe de tout commentaire.
Les faits remontent au 29 mai dernier quand les jeunes du mouvement 20 février à Casablanca sont allés à la rencontre des habitants du quartier populaire Sbata. Cette manifestation était pacifique et ne présentait aucun danger qui puisse porter atteinte à l’ordre public. Les autorités marocaines en ont jugé autrement. Elles ont décidé de casser du manifestant. A elles seules, les images de la vidéo montrent la violence de l’intervention policière qui n’a épargné personne. La femme qu’on voit avec son petit garçon, âgé à peine de quelques années, a eu sa part de cette violence inouïe.
D’autres rassemblements et manifestations, organisés le même jour par le mouvement 20 février à travers plusieurs villes marocaines, ont eu droit au même traitement.
Cette répression n’a rien d’exceptionnel. Elle s’inscrit dans la démarche du pouvoir à vouloir anéantir la contestation populaire qui s’enracine et se développe sous la houlette du mouvement du 20 février. Après s’être rendu compte que l’agitation médiatique qui a suivi les quelques mesures annoncées (commission chargée de réformer la Constitution, CNDH, etc.) n’a pas pu mettre un terme à la volonté des jeunes de ne pas baisser les bras, mais au contraire, elle a amplifié leur mouvement et affiné leurs exigences d’en finir avec le despotisme, la corruption et tous les maux qui gangrènent la société marocaine.
L’Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM) est très préoccupée par cette escalade dans la répression opérée par les forces de l’ordre marocaines. L’usage de la violence contre les manifestants pacifiques du mouvement du 20 février, le 15 mai à Témara et Rabat, les 22 et 29 mai dans plusieurs villes du pays, est inadmissible. Il en est de même de l’intervention violente, les 16 et 17 mai, à la prison de Salé pour réprimer les détenus dits de Salafia Jihadia, qui protestaient contre le non respect des promesses reçues quant à l’amélioration de leurs conditions de détention, voire de leur libération imminente. Depuis cette intervention qui a fait des blessés graves, la situation s’est dégradée.
C’est cette même violence condamnable qui a conduit à la mort, le 20 février à Séfrou, du jeune Karim Chaieb et de cinq autres à Al Hoceima dans des circonstances non encore élucidées. L’ASDHOM dénonce et condamne avec force toutes les arrestations qui ont touché les manifestants du mouvement 20 février ainsi que leurs soutiens parmi les militants des forces vives et démocratiques du Pays. Elle rappelle aux autorités marocaines que cette répression est contraire au discours officiel, tenu au plus haut niveau de l’Etat, en termes de respect des libertés individuelles et collectives et la garantie de leur exercice.
Les engagements internationaux du Maroc en la matière ne sont pas honorés.
L’acharnement des forces de l’ordre sur les manifestants du mouvement 20 février montre bien que les autorités marocaines n’ont toujours pas encore choisi en réalité la voie de l’Etat de droit. C’est bien ce dernier, basé sur la liberté, la dignité, la justice sociale et la démocratie, que réclame pacifiquement avec insistance, courage et maturité le mouvement du 20 février.
Les images que nous renvoie le Maroc officiel en guise de réponse aux aspirations légitimes des manifestants font mal. Elles sont inacceptables.
La femme, violentée devant son petit enfant, aurait souhaité qu’on lui dise « bonne fête », étant donné que ce dimanche 29 mai était jour de fête des mères. Les forces de l’ordre, elles, ont choisi de lui faire « sa fête ».
C’est dans ce climat général de terreur que veulent instaurer les autorités que des militants et responsables d’associations ont été la cible privilégiée des forces de police. L’arrestation à Bouarfa (Province de Figuig) de plusieurs citoyens dont Seddik Kabouri, militant de l’AMDH et animateur de la coordination contre la cherté de la vie, après l’importante marche du 18 mai qu’a connu la ville pour exprimer le mécontentement et les craintes suite à la tentative de quelques jeunes diplômés chômeurs de s’immoler par le feu, illustre bien cet état d’esprit.
L’ASDHOM demande aux autorités marocaines de respecter le droit de manifester, garanti par tous les textes internationaux auxquels adhère le Maroc et de procéder immédiatement à la libération de tous les détenus du mouvement du 20 février.
L’ASDHOM soutient le mouvement du 20 février dans ses revendications légitimes et exige de l’Etat marocain leur satisfaction.
L’ASDHOM met en garde les autorités marocaines contre toute escalade dans la violence à l’égard des manifestants.
Bureau exécutif de l’ASDHOM, Paris, 1/6/2011
Dernière minute : Au moment où nous nous apprêtions à publier ce communiqué, nous apprenons avec affliction la mort du jeune Kamal Ammari des suites de ses blessures après l’intervention sauvage des forces de l’ordre le 29 mai à Safi.
De quelle exception marocaine nous parle-t-on ?
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