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vendredi 3 juin 2011

Maroc -L’épouse d’un détenu islamiste accuse Hafid Benhachem de « séquestration » et « torture »

Par Demainonline, 3/6/2011
Hafid Benhachem
Rabat.- L’un des derniers dinosaures de l’ère Basri et des « années de plomb », Hafid Benhachem, récupéré il y a quelques années par le roi pour s’occuper des prisons du royaume, est sur la sellette. Sa politique pénitentiaire n’a pas permis d’améliorer la situation des détenus. Elle l’a plutôt compliquée. A force de privilégier la répression au détriment de la préparation à la réinsertion dans la société des détenus, et de suivre une politique de fermeté envers les détenus islamistes, Benhachem a créé les conditions idéales d’un ras-le-bol généralisé.
C’est ce qui s’est passé à la prison Zaki de Salé il y a quelques semaines. Une mutinerie islamiste soutenue par des prisonniers de droit commun qui ont ajouté leurs revendications à celles des barbus. Du jamais vu. Le tout filmé et accroché sur YouTube afin de contrebalancer la propagande du régime.
Le délégué général de l’administration pénitentiaire a sûrement ses raisons pour procéder ainsi, mais les résultats sont là. Et à moins d’être sourd et aveugle, ils sont négatifs.
Le soulèvement islamiste de Zaki va laisser des traces. Même si l’administration pénitentiaire a dispersé les meneurs, le problème de leurs revendications reste entier. La plupart se considèrent innocents, leur incarcération est due à leur obédience salafiste, et ils accusent les services secrets de sévices lors des interrogatoires dans le sinistre centre de détention de Témara.
A cela il faut rajouter les tortures pratiquées par les matons et les forces de l’ordre lors et surtout après les événements de Zaki. L’épouse d’un détenu islamiste témoigne et accuse, en s’identifiant, Hafid Benhachem. La torture et le déni de justice tournent en rond.
Communiqué de Meryem Chakouri, épouse de Noureddine Nafiaa, alias Abu Mouaad
Je m’adresse aux organisations de défense des droits de l’homme locales et internationales, aux différentes tribunes médiatiques, à toutes les âmes vives de ce pays. Je voudrais leur dire ma détresse par rapport au sort réservé à mon mari suite aux événements du 16 et 17 mai à la prison locale de Salé et dont je n’ai plus de nouvelles à l’instant où j’écris ces lignes.
Pour rappel, mon mari était incarcéré à la prison centrale de Kénitra puis il a été transféré à la prison locale de Salé le 23 mars 2011 dans une voiture privée sur demande de Benhachem, le Délégué général des prisons. Ce dernier ayant fait appel à mon époux dans la perspective de désamorcer la crise qui opposait les détenus islamistes à l’administration.
Dans ce sens, tous les observateurs ont pu constaté le rôle positif que mon mari a joué pour convaincre les détenus protestataires d’abandonner les toits après avoir conclu un accord auquel ont assisté le Secretaire Général du ministère de La justice Mohamed LIDIDI, le délégué Général des prisons, Hafid Benhachem, le Secretaire Général du CNDH Mohamed Sebbar, le Président du Forum de Dignité pour les Droits de l’homme Moustapha RAMID et le directeur exécutif du même Forum Mohammed Hakiki.
L’accord en question consistait à suspendre l’occupation des toits par les détenus en contrepartie de quoi l’Etat marocain s’engagerait à résoudre définitivement le dossier relatif aux détenus islamistes dans les plus brefs délais de sorte que ces derniers recouvrent leur liberté, progressivement, groupe par groupe. En attendant que cet objectif soit atteint, il était question de faire prévaloir les détenus islamistes de tous leurs droits carcéraux durant toute la période transitoire. Suite à ces accords solennels, les esprits s’étaient calmés et les familles soulagées.
Aprés cet épisode, mon mari a demandé d’être reconduit à la prison centrale de Kénitra. C’est à ce moment la, que Soufiane Ouamr, le directeur général chargé de la sécurité des prisons lui a proposé de rester à la prison de Salé, le temps que des travaux soient effectués au pénitencier de Meknès et de l’y transférer par la suite pour se rapprocher des siens. Cette solution nous semblait correcte vu que mon mari a toujours demandé d’être rapproché de sa famille à Meknès. Mais nous avons tous été surpris par l’évolution des événements du 16 et 17 mai où Benhachem a rompu l’accord convenu en ordonnant une agression contre les détenus islamistes avec des moyens humains et matériels surréalistes.
En ignorant toutes les lois et les conventions internationales ainsi que tous les principes universels des droits de l’homme, Benhachem a mené une intervention sans précédent contre des détenus sans défense. L’agression qui a été menée avec des jets de pierres, des bombes lacrymogènes, des balles en caoutchouc ainsi que des balles réelles a fait 120 victimes dont 35 cas graves.
Par la suite, Benhachem a ordonné le Kidnapping des détenus islamistes. J’ai tenté de rechercher mon époux à la prison de Salé puis à la prison de Meknès sans résultat. Ma détresse a grandi encore plus lorsque j’ai su que l’administration pénitentiaire procédait à la torture des détenus et que Benhachem avait ordonné une interdiction de visite s’élevant à 40 jours.
Néanmoins, lorsque j’ai eu connaissance de la déclaration officielle de Benhachem sur les colonnes du quotidien Akhbar al yawm selon laquelle les familles pouvaient se renseigner sur le sort de leurs proches auprès des prisons, j’ai effectué avec d’autres familles une visite à la prison de Salé le 26 mai pour être fixé sur le sort de nos proches.
Malheureusement les fonctionnaires nous ont communiqué des informations contradictoires et nous ont même volontairement induit en erreur. Tantôt on nous disait que nos proches était au nouveau bâtiment Salé 2, tantôt on nous orientait vers la prison de Meknès sans aucune considération pour notre détresse en tant que femme, sœur ou épouse de détenus.
Pire encore, les fonctionnaires de la prison de Salé m’ont dit que mon mari était un criminel qui méritait la peine de mort pour ce qui s’était passé. De plus, l’un d’entre eux m’a assuré que mon mari était victime des pires tortures en compagnie d’un autre détenu du nom de Hajib Mohammed . Il m’a lancé en arable dialectal « Farqou lihom jelda 3la l3dam » (littéralement « On leur a séparé la peau des os! » )
Ces paroles m’ont tout simplement assommé et m’ont fait perdre conscience d’autant que je souffre de différentes maladies chroniques dont une tumeur au niveau du cerveau qui me provoque souvent une baisse de la vue ainsi que des hémorragies en plus des traumatismes et des séquelles que j’ai gardé suite à ma détention au centre secret de Témara durant toute une année entre 2002 et 2003.
Pourquoi ces fonctionnaires m’ont parlé ainsi ?
Pour quelles raisons ont-ils volontairement fait circuler ces informations sinon pour nous briser à tous les niveaux ?
Est-ce qu’il existe dans la loi que Benhachem se targue de vouloir faire appliquer des dispositions qui permettent ces pratiques sadiques et inhumaines…de « séparer la peau des os » ?
Est-ce que la loi permet à Benhachem qui a torturé mon mari le 9 Octobre 2010 de récidiver 7 mois après en procédant au kidnapping et à la séquestration de détenus?
Est-ce cela la réinsertion ?
Est-ce cela un Etat de droit ?
En guise de conclusion, je tiens Benhachem pour responsable de la disparition et de la torture de mon mari depuis le 17 mai ainsi que de tout ce qui peut s’ensuivre.
Et je demande solennellement aux différentes organisations de défense des droits de l’homme et à toutes les âmes vives de ce pays pour lesquelles la dignité de la personne humaine a encore un sens, de me soutenir dans cette rude épreuve en faisant connaître ce cas d’exaction flagrant afin de mettre un terme définitivement à ces pratiques sadiques qui sévissent toujours malheureusement dans notre pays.
Je vous remercie pour votre action
Meryem Chakouri
CIN 135466
Maroc : L’épouse d’un détenu islamiste accuse Hafid Benhachem de « séquestration » et « torture »

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