Les forteresses prisons marocaines qui abritent des prisonniers derrière
leurs murs sont synonymes de brutalité et de déchéance de la dignité
humaine.
Et partant, la plupart des prisonniers politiques sahraouis en savent
quelque chose, eux qui ont été condamnés à des peines entre 15 et 24 ans
de forteresse prison et dont les souvenirs sont gravés dans leur chair.
Ces prisonniers sahraouis témoignent des tortures physiques et
psychologiques qu’ils ont subies dans ces prisons ou les lieux de
détention secrets du Makhzen.
A l’exemple de Mohamed Dadach, ancien prisonnier politique d’El Ayoun,
surnommé le Mandela sahraoui, condamné à mort, qui a passé près de 25
ans, enfermé dans une geôle sous terre, a été fortement ébranlé par les
pratiques répressives, comme à beaucoup de ses compagnons d’infortune.
Il nous relate son calvaire dans la prison de Kénitra quand il y est
entré le 7 avril 1980, après sa condamnation à mort par le tribunal
militaire de Rabat. Puis sa peine a été commuée à la prison à vie en
1994 où il y est resté jusqu’au 7 novembre 2001 à la suite de pressions
de la part d’organisations internationales de droits de l’homme comme la
Croix-Rouge et Amnesty International dont le président a visité la
prison en 1989.
Il a vécu le martyre dans une cellule d’un mètre carré environ, ne
voyant le soleil qu’une heure par jour, vivant dans des souffrances
psychologiques insoutenables car appréhendant son exécution d’un jour à
l’autre comme une épée de Damoclès.
En outre, le Makhzen les maintient au secret, lui et ses compagnons,
n’ayant aucun contact avec l’extérieur, en sus d’être loin de leur
famille à plus de 1500 km, ce qui engendre des souffrances
psychologiques intenses en plus d’être torturés physiquement.
Il ajoute que notre souffrance augmente de jour en jour en sachant que
le Maroc ne veut en aucun cas permettre aux ONG des droits de l’homme
d’intervenir en notre faveur et mener campagne avec nos familles pour
nous libérer.
En dépit de tout ce qu’il a subi, il continue son combat pour les droits
de l’homme et les droits du peuple sahraoui à l’autodétermination et la
libération des territoires occupés par le Maroc expan«sioniste» et à
défendre le groupe de Gdim Izik, à leur tête le militant Laâza Hafedh,
condamné à 16 ans de prison.
De même, l’ancien prisonnier politique Mohamed Saleh, qui a passé 14 ans
de sa vie en prison, raconte le cauchemar des centres de torture où
ils sont exposés quotidiennement à toutes les pratiques contraires à
toutes les conventions et traités internationaux.
Durant les premières heures de leur incarcération et pendant 18 jours,
ils ont été tenus au secret, torturés de façon inimaginable et l’on a
même torturé leurs femmes et leurs sœurs devant leurs yeux pour ajouter à
leur souffrance physique une souffrance psychologique.
Quant à Abdel-Salam Omar, chef du Comité pour la défense des droits des
prisonniers politiques, il précise que le Makhzen a torturé plus de
2.000 prisonniers sahraouis, en a tué 214 et enterrés vivants 60 autres
et que la situation des droits humains des prisonniers au Sahara
occidental va de plus en plus mal, en dépit de la Convention de Genève
sur les droits des prisonniers signée par le Maroc et le Front
Polisario.
Par ailleurs, il ajoute qu’en collaboration avec les organisations
internationales des droits de l’homme, les associations sahraouies sont à
la recherche d'autres fosses communes, après la découverte d’une
première fosse commune en 2012 où ont été enterrés vivants 60
prisonniers politiques sahraouis.
Et partant, il déclare qu’il est temps de faire pression sur le Maroc, à
travers l'Organisation des Nations unies et les organisations
internationales d’inclure les droits de l’homme dans les résolutions
onusiennes relatives au Sahara occidental.
Le président de l'Organisation sahraouie contre la torture, Mami Omar
Salem, a dit que la plupart des militants sahraouis qui sont tombés
entre les mains du Makhzen ont gouté les affres de la torture, de
l’humiliation et de la mort durant ces 40 dernières années et que 500
d’entre eux ont disparu mystérieusement sans laisser de traces à ce
jour.
Et le Maroc continue toujours de torturer les prisonniers en dépit de
toutes les conventions internationales, comme en témoigne la présence de
70 prisonniers qui sont torturés systématiquement en plus des disparus.
Car plus la pression internationale s’accentue à vouloir visiter les
prisons, plus le Maroc ouvre des prisons secrètes dans toutes les villes
occupées où l’on pratique la torture à outrance.
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