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vendredi 19 février 2016

L'ex Marocain de Guantanamo Younes Chekkouri revient sur son calvaire


Mis en liberté provisoire la semaine dernière cinq mois après son retour de Guantanamo, Younes Chekkouri s’est confié à Associated Press. L’ex-détenu revient certes, en larmes, sur les circonstances de son arrestation et ses conditions de détention, mais se veut optimiste pour l’avenir.

Younes Chekkouri en larmes alors qu'il évoque la torture et les abus dont il a été victime pendant sa détention. (AP Photo / Abdeljalil Bounhar)

Avec son frère Ridouane, libéré de Guantanamo en 2004.
« Je goûte enfin la liberté », confie, soulagé, Younes Chekkouri dans un entretien avec Associated Press lundi près de la côte à Safi. C’est dans sa ville natale que l’ex-prisonnier de Guantanamo s’est réfugié après sa mise en liberté provisoire vendredi dernier.
L’homme retrouve ainsi de la liberté après un avoir passé cinq mois à Kandahar en Afghanistan, 13 ans à Guantanamo sans inculpation et plus de six mois de détention au MarocLes Etats-Unis l’avaient remis au Maroc en septembre dernier où il été immédiatement placé en garde-à-vue locaux de la Brigade nationale de la police judiciaire à Casablanca avant d’être incarcéré dans la prison de Salé.

Torture et abus sexuels
Au cours de l’entretien, Younes Chekkouri est revenu sur ces longues années passées sur la base américaine de Cuba. « Le seul élément positif à propos de Guantanamo était que j'y mangeais trois repas par jour », déclare l’homme aujourd’hui âgé de 46 ans. Excepté ce détail, il a vécu « l’enfer » pendant ces années de détention. « J’ai été soumis à toutes sortes de torture obscure et d'abus sexuels à Guantanamo et à Kandahar », relate-t-il, en larmes, aux côtés de son frère cadet Ridouane, libéré de Guantanamo en 2004. Ce dernier aussi aurait subi des « menaces » de la part des Etats-Unis. « Ils ont essayé d'utiliser mon frère contre moi. […] Ils lui ont cassé le bras », affirme Younes Chekkouri.
Revenant sur les circonstances de son arrestation, Younes se souvient qu’il avait 31 ans et venait de se marier lorsqu’il se rend en Afghanistan pour la première fois. Un voyage qui, selon lui, faisait suite à plusieurs années d’études du soufisme dans divers pays à travers le Moyen-Orient, dont le Soudan, le Yémen et la Syrie. Les documents présentés à la justice disent qu’il était à la recherche d’un emploi, mais lui, se décrit comme un simple touriste à l’époque.
Cependant considéré par un chasseur de prime comme un combattant d’Al Qaida, il sera trainé dans une cellule au Pakistan. « J’ai été accueilli par des gens aux cheveux blonds et aux yeux bleus qui m’ont immédiatement demandé à quel groupe terroriste j’appartenais », se souvient-il. « Aucun, ai-je répondu ». Mais cette réponse, les Etats-Unis l’ont ignorée jusqu’en 2009 où ils ont fini par conclure que Younes ne représentait pas une menace pour le pays et que les allégations portées contre lui étaient mensongères, car montées de toute pièce par des codétenus.

L’espoir malgré tout
En dépit de cela, Younes est restée sur la base américaine jusqu’à ce que Washington décide récemment de le transférer à Rabat. Aujourd’hui, le royaume a retenu une des allégations retirées par les Américains, soutenant que Younes aurait eu des liens avec le Groupe islamique combattant marocain (GICM). Le 23 février il comparaîtra pour un face à face avec son beau-frère le cheikh Noureddine Nafiaâ, alias Abou Moaâd, condamné en 2002 à vingt ans de prison pour activités terroristes. Pour mémoire, il était l’un des premiers Marocains à combattre en Afghanistan contre les troupes de l’Union soviétiques. Selon son avocat, cette audience permettra de déterminer s’il sera ou non accusé de « atteinte à la sûreté de l’Etat ». D’après AP, le Bureau central des enquêtes judiciaires a affirmé que le Maroc peut choisir de maintenir les allégations retirées par les Etats-Unis.
A l’entendre toutefois, Younes est optimiste. Il espère très vite passer à autre chose avec son épouse qu’il prévoit de retrouver dans deux semaines environ. Le regret qu’il éprouve en revanche c’est de n’avoir pas eu d’enfants avec elle. « J’ai vu ma nièce hier et je l’ai embrassée. Je suis allé à dormir cette nuit pensant qu'elle était ma fille », dit-il retenant ses larmes avant d’ajouter : « Ils m’ont privé de la paternité »
En plus de ce lourd remord, Younes doit faire face à des difficultés financières. Depuis sa libération, il est dans l’incapacité de s'acheter le médicament approprié pour traiter la dépression et le trouble de stress post-traumatique dont il souffre.

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