Publié le 3/4/2015
Reporters sans frontières (RSF)
s’inquiète des irrégularités dans le procès de Hicham Mansouri, chargé
de projet à l’Association marocaine du journalisme d’investigation
(AMJI) condamné à 10 mois de prison ferme pour “complicité d’adultère”.
Derrière cette condamnation, c’est l’association de défense des droits
de l’homme qui pourrait être visée.
Selon les informations recueillies par Reporters
sans frontières, plusieurs irrégularités ont entaché, le 30 mars 2015,
le procès de Hicham Mansouri condamné à dix mois de
prison ferme et 40 000 dirhams (3 800 euros) d’amende pour « complicité
d’adultère », conformément aux articles 490 et 491 du code pénal
marocain.
Arrêté le 17 mars à son domicile à Rabat par au moins
dix policiers en civil, sans qu’aucun mandat d’arrêt ne lui soit
présenté, le chargé de projet de l’Association marocaine du journalisme
d’investigation (AMJI) a été déshabillé et passé à tabac avant d’être
conduit à un poste de police. Plusieurs organisations de défense des
droits de l’homme ont dénoncé la violence de son interpellation.
Lors des premières vingt-quatre heures suivant son
arrestation, il n’a pu entrer en contact avec ses avocats. Le lendemain,
il a été présenté au parquet qui a décidé de le poursuivre pour
« adultère et préparation d’un local pour la prostitution ». Selon la FIDH,
le juge aurait refusé d’entendre les témoins appelés par la défense
tandis que les preuves présentées par le parquet ne suffisaient pas à
établir l’infraction.
“Reporters sans frontières condamne fermement
l’arrestation et la condamnation arbitraire de Hicham Mansouri et
demande sa libération immédiate et inconditionnelle” déclare Lucie Morillon, directrice des programmes de RSF.
Le président de l’AMJI, Maâti Monjib, a qualifié cette affaire de “procès politique”. Selon lui, les autorités s’acharnent sur Hicham Mansouri pour affaiblir
l’association qui œuvre en faveur des droits de l’homme. Il ne fait
aucun doute, pour lui, que c’est l’association qui est visée.
Les autorités marocaines suivent de près les
journalistes, médias et organisations qui travaillent sur des sujets
sensibles. L’Association marocaine du journalisme d’investigation, créée
en 2011 pendant le « Printemps arabe » pour promouvoir la liberté
d’expression, le journalisme d’enquête et le droit à l’information, n’y
échappe pas. Selon nos sources, ses activités sont systématiquement
interdites depuis septembre 2014. Pour rappel, une rencontre sur le
journalisme d’investigation à l’initiative de la fondation allemande
Friedrich Naumann prévue le 22 janvier 2015 avait été empêchée dans les locaux d’un hôtel à Rabat par les autorités sans aucun motif.
Le Maroc figure à la 130e place (sur 180) du Classement 2015 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
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