Alors que nous célébrons la journée
internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes le 25
Novembre, le REMDH sonne l’alarme sur l'augmentation de la violence fondée sur
le sexe et sur l'impunité de ses auteurs dans la région
Euro-Méditerranéenne.
Bien que la violence à l’égard des femmes
ne soit pas un phénomène récent dans cette région, de nouvelles formes y sont
apparues suite aux soulèvements politiques et à l’occupation israélienne
continue de la Palestine.
Le corps des femmes est devenu une arme
dans les champs de bataille et les conflits politiques. En Syrie, en Libye et en
Egypte, le viol et la violence sexuelle sont largement utilisés comme des
tactiques pour déstabiliser les communautés et dissuader les femmes de
participer à la vie politique et publique.
Les lois relatives aux violences et au
harcèlement sexuel, contiennent souvent des définitions trop étroites du viol et
certaines dispositions du code pénal permettent aux violeurs d'échapper aux
poursuites en épousant leur victime. En Egypte, ONU Femmes affirme que 99% des
femmes ont subi du harcèlement sexuel ou de la violence sexuelle. Même quand les
cadres juridiques sont satisfaisants, l’impunité pour les violences faites aux
femmes prévaut dans la plus part des cas, les systèmes judiciaires et la société
étant fortement imprégnés par la prééminence des hommes. Ces problèmes sont
couplés avec des initiatives douteuses pour changer le discours sur ces
questions. Par exemple, le 26 Juin, une résolution de l'ONU présentée entre
autres par l'Egypte, la Tunisie et le Maroc sur la « protection de la famille »
a réaffirmé que «la famille est l'élément naturel et fondamental de la société
et a droit à la protection de la société et de l'État», priorisant ainsi le
droit de la famille au détriment des droits de chaque membre de la famille, y
compris les femmes.
La violence domestique envers les femmes
reste la forme de violence la plus répandue et la plus inquiétante dans la
région. Certaines estimations montrent une augmentation de la violence
domestique envers les femmes suite à la révolution en Tunisie et en Palestine en
conséquence de l’occupation Israélienne continue.
Alors que les soulèvements ont présenté
une opportunité pour un changement du rôle des femmes dans la société, ils ont
également créé un risque de contrecoup post-révolutionnaire contre les femmes,
avec de nouvelles lois qui les infériorisent et augmentent ainsi le risque de
violence conjugale.
La violence contre les femmes dans des
situations de conflit, comme en Syrie, en Palestine et en Libye, a également
atteint un niveau alarmant ces dernières années. Les femmes devenues veuves
suite à la guerre sont victimes de discrimination et marginalisation culturelle,
économique et sociale suite à leur nouveau rôle de chef de famille dans des
sociétés largement patriarcales. En Tunisie et en Egypte, beaucoup de femmes
participant aux processus de transition politique post-révolutions, ont été
victimes de violence politique.
La traite des femmes persiste dans la
région du sud de la Méditerranée. De riches habitants du Golfe et ailleurs
continuent à venir en Egypte pour se marier avec des femmes et des filles
égyptiennes dans des mariages arrangés, soit disant « temporaires», qui mènent
souvent à l'exploitation sexuelle, la prostitution ou le travail forcé. De
plus, un nombre croissant de femmes et de jeunes filles réfugiées syriennes sont
également donnés en mariage dans de tels « mariages temporaires » en Jordanie
et au Liban. Des tunisiennes recrutées pour travailler au Liban se retrouvent
forcées à la prostitution suite à leur arrivée.
En Europe, la crise économique a augmenté
la vulnérabilité des femmes à la violence. Les résultats de la crise et des
mesures d'austérité telle que la montée du chômage, la pauvreté, l’emploi
précaire et le manque d'indépendance économique ont atteint les femmes plus
durement. Les mesures d’austérité ont engendrés des coupes dans le financement
du secteur public - le plus important employeur de femmes - dans les services
pour les victimes de violence, tels que les refuges et les lignes vertes ainsi
que dans les mécanismes nationaux pour l’égalité des sexes. Couplées avec des politiques
patriarcales et discriminatoires inspirées par des idéologies
conservatrices,
ces mesures
minent davantage les droits des femmes.
En mars 2014, l'Agence européenne des
droits fondamentaux a publié les résultats de son enquête sur la violence contre
les femmes en Europe. L'enquête montre qu’une femme sur trois âgée de plus de 15
ans a subi des violences physiques et/ou sexuelles; une femme sur cinq a subi
du harcèlement et une femme sur deux a été confrontée à une ou plusieurs formes
de harcèlement sexuel. En outre, 5% des femmes âgées de 15 ans ou plus déclarent
avoir été violées.
Selon le Lobby européen des femmes, la
violence contre les femmes est la violation la plus répandue des droits humains
des femmes dans l'Union européenne. Sa persistance et sa prévalence montrent que
les valeurs patriarcales et la domination masculine sont toujours ancrées dans
les sociétés européennes. La violence contre les femmes dégrade la place des
femmes dans la société, y compris leur accès à des soins de santé, à l'emploi et
l'éducation. Elle joue également un rôle dans leur indépendance économique ainsi
que dans leur intégration dans les activités sociales et culturelles, et, leur
participation à la vie publique et politique.
Recommandations
En vue de ceci, nous exhortons
les États, gouvernements, gouvernements provisoires ainsi que les instances de
transition dans la région Euro- Méditerranée :
· A signer et mettre en œuvre
les instruments internationaux pertinents y compris la Convention sur
l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, le
Protocole de Palerme, le Statut de Rome et la Convention
d’Istanbul
· Mettre fin à l’impunité pour
les auteurs de violences faite aux femmes. A cette fin, reformer les lois
nationales relatives à ces violences.
· A garantir dans les lois et
les constitutions l’égalité des sexes, l’absence de discrimination fondée sur le
sexe et la protection des femmes contre la violence à leur encontre et assurer
sa mise en œuvre
· Mettre en œuvre, maintenir et
développer, là où elles existent déjà, des programmes publics pour l'égalité et
la non-discrimination
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