Intempéries dans le sud marocain peu protégé des fureurs de la nature

Par Aziz Enhaili,· Québec , 28/11/2014

La semaine dernière, durant trois jours consécutifs, dans le sud du Maroc, les éléments se sont déchaînés. Faisant, selon les chiffres officiels, au moins 40 morts. Je n'exclus pas de ma part qu'il s'agirait plutôt d'une centaine de morts. Pourquoi? Parce que les autorités marocaines nous avaient habitué dans ce genre de choses à réduire drastiquement le nombre des victimes, histoire de ne pas jeter de l'huile sur le feu et donc de calmer des esprits déjà assez secoués.

Avec cette tragédie, qui n'est pas la première à se produire dans ce pays, trois réflexions s'imposent.

Primo: les infrastructures héritées du colonisateur tiennent encore alors que celles construites depuis peu (des fois, il y a juste quelques mois) s'effondrent les unes après les autres, à la moindre mauvaise humeur de la nature alors qu'elles sont censées tenir pendant des décennies. Cet exemple parmi tant d'autres montre l'état de délabrement avancé des infrastructures du pays, la corruption des irresponsables gouvernementaux qui avaient accordé des permis de construction à de corrupteurs et corrompus entrepreneurs. Les uns et les autres savent d'emblée qu'il n'auront rien à craindre puisque dans ce pays le principe d'imputabilité, de rendre des comptes, n'existe pas puisque personne n'est responsable, à commencer par le chef de l'État qui est au-dessus et en dehors de la loi et à qui personne ne peut demander de rendre des comptes pour quelque décision que ce soit.

Deuxio: Ceux qui accusent les éléments pour ce qui s'est passé la semaine dernière dans le sud du Maroc pour disculper les irresponsables gouvernementaux devraient garder à l'esprit que ce qui s'est passé au sud peut leur arriver là où ils sont car le mal est partout.

Tertio: le Marocain vaut rien aux yeux des dirigeants du Maroc. Alors qu'ils avaient déployé leur armada pour sauver des touristes, ils n'ont pas daigné bouger le petit doigt pour sauver des Marocains dans des situations autrement plus critiques. Et même les morts de cette tragédie n'ont pas échappé à l'humiliation. Tout le monde a vu des dépouilles mises dans des sacs noirs ou verts et jetés dans des camions pour ordures comme si ces Marocains étaient des ordures pour les gouvernants de ce pays et ne méritaient meilleur traitement. Tout cela montre le mépris de la couche dominante pour un peuple traité comme s'il était étranger dans son propre pays.