le 11/9/ 2013
Barack Obama et François Hollande lors du sommet du G8 à Lough Erne, près d'Enniskillen en Irlande du Nord, le 18 juin dernier.
Barack Obama et François Hollande lors du sommet du G8 à Lough Erne, près d'Enniskillen en Irlande du Nord, le 18 juin dernier.
Analyse. Alors que l’opinion publique
internationale et singulièrement française se réjouit des nouveaux
développements diplomatiques concernant la crise syrienne permettant
d’éviter une intervention militaire, les dernières déclarations du
gouvernement français ne manquent pas d’alarmer.
Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, pour déjouer un
isolement de la France, a dû prendre acte des propositions formulées par
la Russie, aptes à créer un apaisement sans lequel aucune solution en
phase avec les aspirations réelles du peuple syrien ne saurait être
possible. Malheureusement – et contrairement à ses déclarations –, Paris
ne semble pas vouloir trouver une issue politique, restant le doigt
cramponné à la gâchette. Fabius a ainsi annoncé que la France déposerait
une résolution devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Celle-ci
évoquerait un système de contrôle et d’éradication de l’arme chimique
syrienne. Très bien ! Mais pourquoi alors vouloir continuer à accuser le
régime syrien du massacre du 21 août alors qu’aucune commission
d’enquête digne de ce nom n’a encore rendu un rapport, une telle mention
ne pouvant que provoquer un blocage au Conseil de sécurité et remettre
en question la voie diplomatique ?
Il n’existe qu’une explication : la France reste arc-boutée sur une
politique mise en place sous Sarkozy, et poursuivie par Hollande, qui
vise à faire tomber le régime, coûte que coûte. Une politique
aventureuse qui, dès le départ, ne s’est pas appuyée sur les éléments
démocratiques et laïcs de l’opposition syrienne mais sur les Frères
musulmans, à l’ombre desquels grandissaient les djihadistes. Sarkozy
avait réactivé la cellule de l’Élysée, mise en place par Chirac après
l’assassinat de Rafic Hariri au Liban, visant à organiser et à financer
certains opposants. Hollande s’y tient. La politique moyen-orientale
– et même internationale – de la France n’a pas changé. Le président
français a fait sienne, semble-t-il, la devise de son prédécesseur,
d’être aux côtés des États-Unis dans toute politique guerrière. N’est-il
pas étonnant de voir un François Hollande plus va-t-en-guerre qu’un
Barack Obama ?
« Tout doit être entrepris, sous l’égide de l’ONU, pour que se
tienne, dans les plus brefs délais, la conférence de Genève 2 afin
d’aboutir à un accord politique entre toutes les parties, de stopper les
violences et d’ouvrir un processus de transition démocratique en
Syrie », souligne le PCF. Dans l’Humanité, Aram Karabet, qui a
passé treize ans dans les geôles syriennes, expliquait que « la
révolution syrienne a échappé aux Syriens ». La France se grandirait à
permettre que se tienne cette conférence, sans préalable, en y incluant
tous les acteurs régionaux de la crise, y compris l’Iran. Et qu’enfin le
peuple syrien reprenne les rênes de sa révolution. Et pendant qu’on y
est, supprimons, partout dans le monde, les armes de destruction
massive, y compris nucléaires. Faut-il que François Hollande soit peu
sûr de sa politique pour qu’il n’ait même pas daigné la soumettre à
l’approbation des élus du peuple ?
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