- Écrit par Lakome, 9/9/2013
Le jour même où le gouvernement présente à Genève son rapport
sur les droits des migrants, le cabinet royal valide publiquement un
rapport du CNDH qui dénonce les «nombreuses violations des droits des migrants en situation irrégulière».
Le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle,
Abdelouahed Souhail, et le délégué interministériel aux droits de
l'Homme, Mahjoub El Haiba, étaient à Genève aujourd'hui pour défendre devant un comité de l'ONU le rapport du gouvernement sur les droits des migrants au Maroc.
Dans ce rapport, les autorités persistent à nier toute infraction
commise par les forces de l'ordre, et ce malgré les nombreux témoignages
recueillis. «Les informations accusant les autorités marocaines de
recours à la violence et mauvais traitements à l'encontre des migrants
en situation irrégulière sont infondées», rapporte le texte.
Or, aujourd'hui, le cabinet royal a publié de son côté un communiqué indiquant que le roi Mohammed VI «a pris connaissance» d'un nouveau rapport du CNDH sur les migrants, qui dénonce notamment «de nombreuses violations des droits» et appelle le gouvernement marocain à «bannir toute forme de violence exercée contre les migrants en situation irrégulière lors des opérations d'interpellation».
Le communiqué du cabinet royal indique que «le Souverain a pris note des recommandations pertinentes du CNDH».
Qui dirige la DGSN, les forces auxiliaires et la Gendarmerie royale ?
Après le discours royal sur l'éducation
du 20 août dernier, dans lequel le roi a critiqué directement – et pour
la première fois de son règne – l'actuel gouvernement, Mohammed VI
tacle donc une nouvelle fois l'équipe Benkirane, cette fois sur la
question des migrants. La responsabilité des violences exercées par les
forces de l'ordre contre les migrants en situation irrégulière incombe
pourtant à la DGSN, aux forces auxiliaires et à la Gendarmerie royale,
dont les responsables, Bouchaïb Rmail et les généraux Haddou
Hajjar, Hamidou Laânigri, Hosni Benslimane, sont nommés par le roi et
répondent directement au Palais. Les associations locales dénoncent
depuis plusieurs années l'approche sécuritaire adoptée par Rabat (et soutenue par l'UE) pour traiter la question migratoire.
Quant au rapport gouvernemental présenté aujourd'hui à Genève, il
faut rappeler qu'il est attendu par l'ONU depuis... 2004. La première
mouture n'a finalement été envoyée qu'en juillet 2012 par l'actuel
gouvernement, avec huit ans de retard.
Le «timing» du CNDH
La position du CNDH est elle aussi sujette à interrogation. Le rapport gouvernemental initial
envoyé à Genève en 2012 indique en introduction que l'organisme dirigé
par Driss El Yazami a participé à son élaboration. Si le CNDH n'était
pas d'accord avec le contenu validé par le gouvernement l'année
dernière, ou s'il n'avait pas réussi à faire entendre sa voix, pourquoi
avoir attendu aujourd'hui pour publier les conclusions de son propre
rapport ?
Cela rappelle l'épisode Gdim Izik
en février dernier. Le CNDH avait attendu la fin du procès des
activistes sahraouis – et leur condamnation à de lourdes peines de
prison - avant de publier un rapport
demandant à ce que les civils ne soient plus jugés devant un tribunal
militaire, conformément à la constitution et aux engagements
internationaux du royaume. Mohammed VI s'était alors «félicité» du rapport du CNDH.
http://fr.lakome.com/index.php/maroc/1337-violences-contre-les-migrants-le-gouvernement-benkirane-tacle-par-le-cabinet-royal
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Maroc Hebdo récidive : « Le Maroc pris au piège » des Subsahariens
Maroc
Hebdo publie, cette semaine, un dossier titré, en Une : « Le Maroc pris
au piège » en référence aux immigrés subsahariens. Nouveau dérapage
pour l'hebdomadaire qui avait déjà titré, il y a un an : « Le péril noir
». Yabiladi a voulu analyser le contenu du dossier et la démarche du
journaliste.
10 mois après la fameuse Une de Maroc Hebdo sur « Le péril noir »,
l’hebdomadaire marocain récidive et publie en Une de son numéro du 13
au 19 septembre, « Le Maroc pris au piège » sur fond de Subsahariens
assis et abattus, la tête entre les mains. Dans le numéro de cette
semaine, il fait référence à la première polémique en encadré : « le
titre de la Une avait suscité une grosse polémique poussant de
nombreuses personnes à nous traiter de racistes », pour conclure, comme
une revanche, « toujours est-il que l’histoire nous a donné raison,
malheureusement, pour les Subsahariens. Ceux-ci vivent dans de très
mauvaises conditions. »
L’ensemble
du dossier est ambigu comme cette dernière phrase. Le titre laisse
entendre que les immigrés Subsahariens posent un grave problème au
Maroc. « Le Royaume pays d’accueil, malgré lui, d’immigrés subsahariens.
Une charge dont il n’a pas les moyens », indique le sous-titre.
Pourtant, la quasi-totalité de l’article principal du dossier fait
l’éloge du rapport du CNDH, rendu public lundi 9 septembre qui propose une politique migratoire nouvelle et généreuse de la part du Maroc.
Quel piège ?
Quels
arguments légitiment alors l’intitulé du dossier ? Où se trouve le «
piège », dernière version du « péril » noir ? « En quelques années, le
nombre d’immigrés subsahariens a quadruplé. Et il va crescendo », note
le journaliste, sans se donner la peine de préciser un seul chiffre, ni
sa source. « Pour le Maroc, ce déferlement massif d’immigrés est une
charge supplémentaire dont il n’a pas besoin, ajoute-il plus loin. «
Comme pour boucler la boucle nos voisins algériens nous mettent sur le
dos les immigrés qui viennent de leur vaste contrefort saharien. Ils les
acheminent, avec une diligence infinie, jusqu’à nos frontières
orientales », tient-il à souligner pour renvoyer une nouvelle fois la
responsabilité vers l’Algérie.
Le
nombre d’immigrés subsahariens arrivés dans le royaume est le seul est
unique argument venu appuyer l’utilisation du mot « piège ». Début août,
le Conseil de la communauté marocaine de l’étranger (CCME), l’Institut
de recherche sur les politiques publiques (IPPR, institut britannique)
et l’Union Européenne publiaient une étude selon laquelle, le nombre de
Subsahariens sans papiers n’excédait pas, en réalité, les 10 000 pour 32
millions d’habitants que compte le Maroc, soit 0,031% de la population
marocaine.
Une revanche
Trois
hypothèses peuvent néanmoins expliquer le choix éditorial de Maroc
Hebdo : un esprit de revanche « nous vous parlions des Subsahariens et
nous avions raison, voyez, il s’agit bien d’un problème puisque le roi
lui-même exige une nouvelle politique », aurait pu écrire le directeur
de publication ; un manque de professionnalisme qui rend la rédaction
incapable de titrer de façon pertinente un article ; l’envie de voir se
répéter le pic de ventes dont a bénéficié le magazine en novembre
dernier grâce à la polémique.
Le Maroc félicité par l’ONU et la France
La
France a assuré le Maroc de son « soutien à la mise en place de sa
nouvelle politique d'asile et d'immigration, qui organise le statut de
réfugié et garantit le principe de non-refoulement », par la voix de son
porte- parole au ministère des Affaires étrangères Philippe Lalliot. «
Nous avons entendu ses appels à la coopération internationale, adressés
aux pays partenaires du Maroc et à l'Union européenne », a-t-il ajouté,
hier, jeudi 12 septembre.
«
Secrétaire général [des NU, Ban Ki-moon, ndrl] encourage vivement le
gouvernement marocain à mettre en œuvre notamment les recommandations du
Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH) », indique le bureau du
Porte-parole de l'ONU, vendredi 13 septembre. Il « a formé le vœu qu'une
fois mises en œuvre, ces mesures feront progresser la protection des
droits de tous les migrants indépendamment de leur statut au Maroc. »
http://www.yabiladi.com/articles/details/19589/maroc-hebdo-recidive-maroc-pris.html?utm_source=footer_fr_news&utm_medium=footer&utm_campaign=footer_news_html
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