GENEVE (© 2013 Afriquinfos) – Une fosse commune datant de 1976 a été
découverte au Sahara Occidental. Cette macabre trouvaille, qui met en
lumière les mensonges que le Maroc soutient depuis des années, a été
présentée hier devant le Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU à
Genève.
Aba Ali Said Daf avait 13 ans quand il a
entendu des soldats marocains exécuter son père et son frère aîné.
Aujourd’hui, 37 ans après, il n’a rien oublié. Le père et le fils
viennent tout juste d’être retrouvés avec six autres cadavres dans une
fosse commune découverte par l’équipe espagnole d’investigation menée
par Francisco Etxeberria.
« Vers les 8 heures du soir, un
militaire marocain est arrivé en jeep » raconte Aba Ali Said Daf. « Il a
appelé Mohamed Mouloud en premier. Il lui a demandé : « Où se cache le
Polisario ? » Mohamed Mouloud a dit qu’il ne savait rien du Polisario.
Alors le soldat, sans rien ajouter, lui a tiré une balle en plein cœur.
Puis il a appelé Abdelahe Ramdane, il lui a posé la même question, et il
l’a exécuté pareil. Celui qui les a exécutés avait un pistolet, mais il
utilisait un fusil pour les tuer ».
Le fusil en question a été retrouvé dans
la fosse, de même que des papiers d’identité espagnols appartenant aux
victimes au nombre de huit, dont deux avaient moins de 18 ans. Victimes
qui, selon l’Etat marocain, sont décédées après avoir été emmenées en
prison.
Les mensonges de la couronne
Durant des décennies, le Maroc avait
ignoré les familles des Sahraouis disparus. Et puis, en 2004, l’actuel
roi du Maroc Mohammed VI a créé l’Instance Equité et Réconciliation,
pour indemniser les familles et faire amende honorable des crimes commis
sous le règne de son père, Hassan II.
En 2006, un rapport de cette même
Instance présente une liste des victimes, sur laquelle ne figurent que
quatre des huit victimes retrouvées dans cette fosse. De plus, le
rapport affirme que ces quatre personnes en question avaient été amenées
en prison, où elles y avaient trouvé la mort.
Que justice soit faite
L’enquête d’investigation, répondant à
une pétition de l’Association des familles des prisonniers et disparus
Sahraouis, est venue chercher la vérité, et l’a trouvée en juin dernier :
le Maroc a menti. Cette semaine, Francisco Etxeberria et son équipe se
sont rendus au Conseil des Droits de l’Homme à Genève pour présenter à
l’ONU les preuves accablantes contre le Royaume.
« Ce mensonge sur ces quatre victimes
remet en question la crédibilité du document officiel publié par le
Maroc dans son ensemble » souligne Francisco Etxeberria. « C’est
pourquoi nous nous rendons jeudi (12 septembre) à Genève, à l’ONU, pour
leur demander d’intervenir ».
Tout ce qu’ils veulent, c’est que
justice soit faite. Etxeberria a mené des fouilles similaires dans bien
des points du globe, mais il ne se remet pas pour autant de ce qu’il a
déterré en même temps que ces corps : « le sentiment de l’injustice
perpétuelle au fil du temps, la nécessité de savoir ce qui est arrivé
aux êtres chers, le deuil qui ne s’arrête jamais… ».
Pour cela, le Maroc est responsable. Et son mensonge est maintenant manifeste.
Afriquinfos----------------------------------------------------------------------------------------------------------
Par Philippe Leclercq, militant de la paix et Président de l'Association de Solidarité avec le Peuple Sahraoui, 14/9/2013
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