21/2/2013.
Reporters sans frontières dénonce la condamnation, le 14 février
2013, du citoyen-journaliste Mohamed Attaoui, à dix mois de
prison ferme, officiellement pour “exercice de sa fonction de fonctionnaire
malgré sa suspension” et demande sa libération conditionnelle en attendant le
jugement en appel. L’organisation dénonce le harcèlement dont cet acteur de
l’information fait l’objet depuis de nombreuses années, du fait notamment de son
engagement en faveur de la protection de l’environnement. “Une nouvelle fois,
Monsieur Attaoui a été arrêté et condamné pour un prétexte fallacieux, afin de
l’empêcher de continuer de dénoncer les pratiques mafieuses des autorités
locales”, dénonce Reporters sans frontières.
Mohamed Attaoui a été arrêté, le 21 janvier dernier, dans la
commune rurale de Tounfite (Wilya de Meknès), alors qu’il prenait des photos de
logements insalubres dans cette commune dont il est originaire, dans le cadre
d’une enquête qu’il comptait publier sur Internet (voir les vidéos qu’il
avait publiées avant son arrestation).
Le président de l’association “Groupe de Tounfite” à laquelle
appartient Monsieur Attaoui ainsi que son secrétaire général ont respectivement à un an et huit mois de prison ferme.également été
arrêtés, et condamnés
Placé à l’isolement par le directeur de la prison, Mohamed Attaoui
n’a pu recevoir de visite de son épouse que le 18 février dernier.
En mars 2010, Mohamed Attaoui, alors correspondant du quotidien
arabophone Al-Monataf et président de l’Association Avenir pour le cèdre
et le mouflon ainsi que fonctionnaire dans la commune rurale de Tounfite, avait
été condamné à deux ans de prison ferme par le tribunal de Midelt (Atlas
oriental, au sud-est de Rabat), officiellement pour avoir extorqué la somme de
1000 dirhams (environ 90 euros). Il avait été détenu quarante-cinq jours avant
d’être remis en liberté. Reporters sans frontières avait alors dénoncé cette
affaire montée de toutes pièces afin de l’empêcher de poursuivre ses
investigations sur “la mafia du cèdre” dans sa région. Ce cas avait également
été mentionné dans un rapport d’enquête publié en juin 2010 (Des
enquêtes à hauts risques, déforestation et pollutions). Mohamed Attaoui
avait alors fait appel de cette condamnation. La cour d’appel a reporté à
plusieurs reprises les audiences et le prononcé du verdict. L’affaire n’a
toujours pas été tranchée.
En parallèle, Mohamed Attaoui avait déposé, le 22 mars 2010, une
plainte pour enlèvement et contrefaçon de documents officiels contre quatre
officiers de police judiciaire de Midelt auprès du Procureur du Roi de Midelt.
Malgré l’existence de témoins et d’éléments circonstanciés, la plainte avait été
classée sans suite le 24 juin 2010. Dans un courrier adressé le 10 octobre 2012
au ministre de la Justice Mustafa Ramid, et resté sans réponse, Reporters sans
frontières avait souligné que les tentatives de réactiver la plainte avaient été
vouées à l’échec. L’organisation avait également déploré “les actes
d’intimidation et la stratégie de réduire au silence ce journaliste, dans
l’impunité la plus totale”, contraires aux engagements internationaux du Maroc,
et demandé “l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale”.
En représailles, Mohamed Attaoui avait été suspendu en août 2012
de ses fonctions d’employé communal.
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