Mohamed VI, le monarque qui viole les droits humains
De graves violations des
droits humains sont perpétrées à huis clos dans la dernière colonie d'Afrique.
La répression frappant le peuple sahraoui s'est encore durcie depuis 2010.
Soixante-cinq prisonniers politiques sahraouis croupissent dans les geôles du
roi.
À Laayoune et dans les territoires occupés, le pouvoir marocain
réprime, enferme, tabasse, enlève les défenseurs des droits humains, les
indépendantistes déclarés ou supposés. Avec la bénédiction de Paris, qui loue
l'inacceptable « plan d'autonomie» du Palais, au mépris des résolutions
onusiennes sur le droit à l'autodétermination du peuple du Sahara
occidental.
Le 13 décembre dernier, les députés européens s'alarmaient des
graves violations des droits humains perpétrées à huis clos dans la dernière
colonie d'Afrique. Les termes de l'amendement au rapport annuel du Parlement
européen sur les droits de l'Homme dans le monde sont clairs :
« le Parlement
européen exprime son inquiétude quant à la détérioration des droits de l'homme
au Sahara occidental ; appelle au respect des droits fondamentaux de la
population du Sahara occidental, y compris la liberté d'association, la liberté
d'expression et le droit de manifester; demande que soient libérés tous les
prisonniers politiques sahraouis; exige que le territoire soit ouvert aux
observateurs indépendants, aux ONG et aux médias; réaffirme son soutien à
l'établissement d'un mécanisme international visant à contrôler le respect des
droits de l'homme au Sahara occidental; encourage un règlement juste et durable
du conflit, sur la base du droit de la population sahraouie à
l'autodétermination, conformément aux résolutions pertinentes des Nations
unies ».
Pour venir témoigner en France du sort réservé au peuple sahraoui
dans les territoires occupés, Nhabouha Lakhlifi et Matou Dambar ont du affronter
une course d'obstacles. La première a subi, à l'aéroport de Laayoune, un long
interrogatoire de police... avant d'apprendre que son billet d'avion avait été
annulé par la Royal Air Maroc, sans motif. Les 700 kilomètres de bus pour
rejoindre Agadir et prendre un autre vol furent pour elle un long tunnel,
entrecoupé, à chaque poste de gendarmerie, d'humiliants interrogatoires. Les
deux jeunes femmes témoignent d'un net durcissement de la répression depuis le
violent démantèlement du camp de protestataires de Gdeim Izik, à l'automne 2010.
« Il y a eu de nombreuses arrestations arbitraires et même des assassinats. Les
enlèvements sont devenus presque quotidiens », rapporte Matou Dambar. Les deux
jeunes frères de Nhabouha Lakhlifi, Abderrahmane et Habibollah, ont eux-même
« disparu », il y a sept ans.
Les démarches, réclamations, sit-in et plaintes
sont restés, jusqu'ici, lettre morte. Leur famille reste sans nouvelles des deux
jeunes gens, enlevés le 25 décembre 2005 à Boujdour, avec treize autres
militants des droits humains. Les familles ont saisi, en 2006, le Haut
commissariat des droits de l'homme de l'ONU. Après quoi, les autorités
marocaines ont fait état du repêchage, en mer, de quatre cadavres non
identifiés. Les familles ont réclamé, en vain, des autopsies. Elles ont
finalement refusé que des tests ADN soient pratiqués par la justice marocaine,
hors du contrôle d'une instance internationale. « Nous sommes convaincus qu'ils
ont été torturés à mort », conclut la jeune Sahraouie, enveloppée dans une étole
mauve.
Le sort du jeune frère de Matou Dambar, Saïd, fut tout aussi
tragique.
Le 21 décembre 2010, quarante quatre jours après la sauvage
répression de Gdeim Izik à laquelle il avait réussi à échapper, le jeune homme
est sorti vers 19 heures, pour aller regarder un match de football avec ses
amis. Barcelone, son équipe préférée, jouait ce soir-là. À deux heures du matin,
des policiers sont venus tambouriner à la porte. « Ils nous ont dit que Saïd se
trouvait à l'hôpital, après une altercation avec des policiers. Nous y sommes
allés. Il portait une blessure par balle sur le front, entre les deux yeux. Il
avait déjà rendu son dernier souffle, mais sa mort ne fut déclaré que trente-six
heures plus tard », souffle Matou Dambar.
Soixante-cinq prisonniers
politiques sahraouis croupissent aujourd'hui dans les geôles du roi. Parmi eux,
les jeunes militants à l'origine de la protestation de Gdeim Izik pour la
liberté, le justice sociale et la dignité. Vingt-quatre d'entre eux, dont le
militant des droits de l'homme Ennama Asfari (« L'Humanité » du 20 août 2011)
sont arbitrairement détenus à la prison de Salé, dans l'attente d'un procès
maintes fois ajourné. Ils pourraient être déférés ce 1er février...devant un
tribunal militaire. Mustapha Abdeddaim connaît bien ces oubliettes royales, où
il a purgé trois ans de prison en raison de son combat pour l'indépendance du
Sahara Occidental. « Le Maroc prétend que les choses ont changé depuis
l'accession de Mohamed VI au trône.
Mais la page des années de plomb n'a pas
été tournée, le régime marocain n'a pas changé. Ses défenseurs prétendent qu'il
n'y a plus d'assassinats politiques, c'est faux. Ils disent qu'il n'y a plus
d'enlèvements depuis Ben Barka, c'est faux », met en garde ce militant torturé.
« Pour eux, la monarchie et le Sahara relèvent du sacré », résume-t-il.
Le 24
septembre 2012, au terme d'une mission de huit jours au Maroc, avec une étape à
Laayoune, Juan Mendez, le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture et autres
peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, faisait état d'une
« augmentation du nombre d'actes de torture et des mauvais traitements lors de
l'arrestation et de la détention ». « Le jour de sa visite, les policiers se
sont attaqués à des gens dans les rues de Laayoune », se souvient Matou Dambar.
Brutal témoignage du sentiment d'impunité de la monarchie marocaine.
LIBERTÉ POUR LE PEUPLE SAHRAOUI!!! NON A L'OCCUPATION MAROCAINE!!!
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