« Tout le monde fait tourner son petit business en faisant profiter ses copains ripoux ! » poursuit-il.
L’étudiant qui préfère garder l’anonymat, raconte un quotidien
sordide qui nous renvoie à ceux des méthodes en cours dans les pires
mafias, avec à la clé une inefficience totale de la médecine dans cet
établissement. Il parle des médecins des urgences qui négocieraient au
patient un billet de cent dirhams pour un simple certificat médical et
rendraient même la monnaie si celui-ci ose marchander « le coup ».
Le ministre de la santé Houcine Louardi (Photo DR) |
Les agents de sécurité ne seraient pas en reste, qui, pour une
dizaine ou une vingtaine de dirhams, participent de la pagaille
générale, en initiant les patients au chemin direct vers les services
spécialisés, sans passer par les urgences. L’encombrement qui en résulte
se traduit par une insécurité chronique avec montée d’adrénaline et
agressions verbales contre le personnel soignant.
La corruption, poursuit l’étudiant est à ce point ancrée dans les
habitudes des uns et des autres qu’elle en est devenue naturelle et de
notoriété publique : étudiants, familles, patients, délégués médicaux en
sont, tous les jours les témoins privilégiés, selon le futur médecin.
Quelques twitts plus loin, sur son site, le futur médecin qui clame
que « la corruption est le maître mot », incrimine directement
l’administration de l’hôpital, qu’il accuse d’être « le pilier de ce
réseau mafieux ». Il n’hésite pas à pointer du doigt la tête de l’hydre:
le directeur et son adjoint.
A l’appui, notre homme cite le cas du corps estudiantin qui a droit à
une dotation alimentaire d’une valeur de neuf cents (900) dirhams sous
la forme de lait UHT et yaourts. Seulement le tiers de cette dotation
parvient aux intéressés. Tant l’administration que le distributeur des
denrées, pointent unanimement le doigt vers le Directeur adjoint de
l’hôpital comme l’élément central du détournement. Et lorsque les
plaignants s’adressent à ce dernier, il les couvre d’injures et de
quolibets tels que « profiteurs, arrivistes, laxistes », avant de mettre
brutalement fin à l’entretien.
Question équipement, l’hôpital ne possède ni bloc opératoire ni
réanimation, tous deux officiellement en « rénovation », depuis deux
ans.
« Deux ans pour rénover un bloc opératoire… Dans certains pays, on construit un hôpital dans ce délai ! », s’insurge l’étudiant.
En réalité les deux blocs sont réduits à leur plus simple expression,
des murs bruts. L’entreprise en charge des travaux a purement et
simplement déserté le chantier. La réponse de l’administration est pour
le moins laconique, à propos de l’arrêt des travaux de second-oeuvre :
appels d’offres infructueux !
S’agirait-il d’un problème purement budgétaire ou bien la paralysie
du chantier cacherait-elle une forêt de turpitudes et de comportements
« inappropriés » ?
Principales victimes de la gabegie, les patients obligés de se
détourner vers d’autres hôpitaux de la région et les futurs chirurgiens
condamnés à végéter professionnellement !
Au laboratoire, rien ne va plus. Les examens seraient sous le coup du
bon plaisir d’un responsable laborantin, particulièrement capricieux,
qui n’hésiterait pas à refuser des analyses ordonnées par les médecins.
Mauvaise volonté ou carence en produits, rendant certains examens
indisponibles, telles que l’ionogramme sanguin ou encore les tests
bactériologiques…. L’étudiant évoque le cas d’un enfant qui consulterait
pour syndrome méningé fébrile et auquel il est impossible de faire la
ponction lombaire impérative.
L’étudiant achève ses twitts avec un vœux d’espérance :
« J’espère que ce message désespéré arrivera chez une personne qui pourra réagir face à ça, et changer les choses….. »
Seul l’avenir nous le dira. Affaire à suivre !
http://www.demainonline.com/?p=24099
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