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RABAT - L’année 2012 aura été pour le
gouvernement de coalition dirigé pour la première fois au Maroc par un
parti islamiste, le Parti justice et développement (PJD), depuis
janvier, une année où les conflits sociaux se sont exacerbés dans une
conjoncture économique marquée par un repli des avoirs de la banque
centrale (environ 24%) et une aggravation du déficit commercial (près de
12%).
Plusieurs secteurs d’activité notamment
publics ont connu des grèves quasi permanentes pour faire valoir les
revendications des salariés et afin d’appliquer les accords conclus dans
le cadre du dialogue social, en avril 2011, notamment en ce qui
concerne le recrutement des diplômés-chômeurs.
Les revendications des différents syndicats ont été portées dans la
rue pour maintenir la pression sur l’exécutif tandis que les demandeurs
d’emploi, diplômés des universités publiques, ont continué à battre le
pavé dans plusieurs villes marocaines pour faire valoir leurs droits à
un recrutement dans le secteur public.
La fréquence de la contestation sociale, ponctuée de marches et de
sit-in, notamment celle, permanente, des diplômés du supérieur dont le
nombre avoisine, selon les syndicats, les 8.000 personnes, a entraîné sa
répression par les forces de l’ordre.
Devant cette problématique de multiplication des conflits sociaux et
des mouvements de grèves dans les secteurs des collectivités locales, la
justice, la santé et l’enseignement public et au moment où les
centrales syndicales revendiquaient la baisse du taux de chômage établi
officiellement à 9,4 % de la population active, au 3è trimestre 2012
contre 9,1 % à la même période en 2011, le gouvernement a décidé
d’effectuer des prélèvements sur les salaires des grévistes.
L’exécutif a estimé que cette décision était "irréversible et
irrévocable" pour relancer l’économie et stimuler le développement
global tandis que le projet de loi sur les grèves, prévu pour la fin de
l’année 2012, pour "mettre de l’ordre" dans le recours aux arrêts de
travail, n’a pas encore vu le jour.
Selon le ministère de l’Intérieur, le nombre de grèves déclenchées par
les différents syndicats marocains dans le secteur public notamment dans
les collectivités locales, la santé, la justice et l’éducation est
passé de 182 mouvements en 2007 à 400 arrêts de travail en 2011.
Pour sa part, le ministère de la Justice avait révélé, en mai
dernier, que les grèves successives des greffiers marocains avaient
coûté 56,16 millions dirhams (5,10 millions d’euros environ) à l’Etat en
2011 et avaient causé la perte de 46 jours de travail.
Un syndicaliste membre de la Confédération démocratique du travail
(CDT) a considéré qu’"avant de penser à une nouvelle loi, il faut
d’abord assainir la situation actuelle, en veillant à l’application des
lois en vigueur".
De son coté, un membre de la Commission permanente chargée des
affaires de la formation, de l’emploi et des politiques sectorielles au
sein du Conseil économique et social (CES) a jugé que "parmi les
principales raisons qui induisent des conflits sociaux figure le
non-respect des réglementations en vigueur".
La décision du gouvernement d’opérer des prélèvements sur les
salaires des grévistes a été jugée "illégale et anti constitutionnelle"
par les syndicats représentatifs des secteurs concernés qui partent du
principe que le droit de grève est un droit universel.
Depuis l’application de ces prélèvements, les syndicats n’ont pas
cessé de déclencher des grèves et sit-in pour appeler au retrait
immédiat de la mesure et à la restitution des sommes d’argent défalquées
sur les salaires des grévistes.
La décision gouvernementale n’a pas pour autant fait plier le front
social et une marche nationale des administrateurs de la fonction
publique est, d’ores et déjà, annoncée pour le 19 janvier 2013 pour
appuyer leurs revendications (revalorisation du corps, hausse des
salaires, promotion professionnelle, etc.).
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