François Hollande interpelé au sujet des prisonniers politiques sahraouis


PARIS - L’Association des Amis de la République arabe sahraouie démocratique (AARASD) a appelé le président français François Hollande à se pencher sur le cas des 23 prisonniers politiques détenus dans la prison marocaine de Salé et dont le procès, reporté à deux reprises, devrait se tenir le 1er février prochain.
Dans une lettre ouverte adressée au chef de l’Etat français reçue mercredi par l’APS, la présidente de l’AARASD, Régine Villemont a prié le président Hollande d’être "attentif » à la situation des 23 prisonniers incarcérés au Maroc depuis plus de deux ans, et de "peser en leur faveur » à l’occasion des rencontres officielles qu’il aura lors de sa prochaine visite officielle au Maroc.
Considérant cette interpellation comme une "demande minimum", Villemont réclame, pour ces détenus politiques, un procès devant une juridiction "civile, respectueuse du droit et des conventions signées par le Maroc et en présence d’observateurs".
Elle a estimé "indispensable » la présence, comme observateurs, des représentants français à Rabat, tout en soulignant, que jusqu’à présent, "aucun conseiller de l’Ambassade de France n’a été présent aux différents procès de prisonniers sahraouis », ce qui est, selon elle, "peu conforme" aux valeurs françaises "respectueuses des droits de l’homme". Villemont a également rappelé que les associations sahraouies insistent toujours sur l’importance de la présence d’observateurs étrangers, lors de procès similaires, pour la garantie du respect de la justice.
L’AARASD a aussi exprimé le souhait d’une libération "immédiate » des prisonniers politiques Sahraouis dont les accusations sont "sans fondement".
Le report deux fois de suite (janvier et octobre 2012) de leur procès indique "les hésitations du pouvoir marocain et l’arbitraire de la situation", selon Villemont qui a invité le président Hollande à " plaider en faveur de leur libération » lors de son prochain déplacement au Maroc.
Les 23 prisonniers politiques sahraouis ont été arrêtés au moment du démantèlement du camp de Gdeim Izik, près de la ville d’El Ayoune occupée, en novembre 2010, où ils étaient pour la grande majorité d’entre eux, responsables et militants actifs.
Ils sont accusés d’atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat, formation d’une bande criminelle, atteinte aux fonctionnaires publics.
Leur comparution prévue devant une Cour militaire est, selon des ONG et des militants des droits de l’homme, "un règlement de compte politique de l’Etat marocain".
Selon l’AARASD, il s’agit pour l’Etat marocain de "nier le mouvement de masse exprimant un profond mécontentement social et la volonté que s’applique le droit international à travers un référendum d’autodétermination et d’empêcher par la peur toute nouvelle contestation d’ampleur".

François Hollande interppelé au sujet des prisonniers politiques sahraouis

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 Non à un procès fantoche, libération des prisonniers sahraouis de Salé

Après deux reports de procès devant une juridiction militaire, les 13 janvier et 24 octobre 2012, reports annoncés la veille hors la présence des détenus, de leurs avocats ou des observateurs présents à Salé, le pouvoir marocain récidive en 2013 et annonce un procès le 1er février 2013. Devraient comparaître, les 23 ou maintenant 24 militants sahraouis, en détention provisoire sans inculpation, depuis plus de deux ans dans la prison de Salé 2.
Arrêtés en novembre 2010, torturés, cruellement traités au moment de leur arrestation, ils "paient " depuis deux années le prix de la mobilisation massive du camp de Gdeim Izik, que les autorités marocaines d'occupation entendent faire oublier. Militants actifs, responsables du comité de dialogue, ces 23 ont été parmi les 20 000 Sahraouis présents à Gdeim Izik, parmi les plus présents et les plus valeureux. L'acte d'accusation au nom duquel les autorités marocaines les maintiennent en prison, tente sans preuve de les faire passer pour une bande criminelle qui a porté atteinte aux fonctionnaires publics dans l'exercice de leur fonction.
Ce n'est pas un procès mais un règlement de compte politique que le Maroc met en oeuvre pour rendre impossible tout nouveau "campement de la dignité".
Le risque est grand pour les 23 : tribunal militaire, cour martiale et la perspective d'une réclusion à perpétuité pour atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat. Mais le risque est grand aussi pour le Makhzen qui de report en report hésite sur la conduite à suivre, un tel procès plutôt que d'étouffer les mobilisations ne risque-t-il pas de les faire renaître encore plus fortes? L'observation de la situation au Sahara occidental doit sans aucun doute le préoccuper, rassemblements, sit-in, jeunes qui arborent les insignes de la RASD et le drapeau et défient la police. Situation mieux connue désormais avec les dernières missions de l'ONU ou des associations des droits de l'homme.
La seule bonne solution est leur libération immédiate et l'abandon d'une procédure fantoche! c'est ce que nous allons dire au Président Hollande qui sera en voyage officiel au Maroc dans les prochaines semaines.
Il faut cependant réagir aux demandes des associations sahraouies comme l'ASVDH qui appellent au soutien des associations des droits de l'homme et interpellent les chancelleries présentes au Maroc. Aussi il faut être prêts : si jamais le procès se tient, il faudra être nombreux pour son observation et mobilisés pour l'organisation de la solidarité avec les prisonniers et leurs familles. Nous y serons!

Association des Amis de la RASD 356 rue de Vaugirard 75015 Paris
www.sahara-info.org / www.ecrirepourlesliberer.com
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Lettre ouverte à Jean-Marc Ayrault
Monsieur le Premier Ministre


            En réponse à ma lettre du 20 juin 2012 sur le Sahara occidental, votre chef de cabinet m'avait conseillé de m'entretenir de cette question avec votre conseiller diplomatique, Laurent Pic. Ce dernier a bien voulu nous recevoir le 5 octobre.
            Après avoir écouté avec attention le témoignage de Claude Mangin, femme de Ennaâma Asfari (défenseur sahraoui des droits de l'Homme emprisonné sans jugement depuis 23 mois à Salé), sur les violations persistantes des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés, Laurent Pic nous a précisé que le gouvernement français envoyait régulièrement des messages au Maroc sur les droits de l'Homme " dans le respect de sa souveraineté". Force est de constater que ces messages sont jusqu'à présent d'une totale inefficacité puisque le Maroc n'en tient aucun compte. En effet, la répression est toujours aussi violente même pendant la visite de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, M. Christopher Ross. Des dizaines de militants sahraouis sont toujours emprisonnés, notamment les 24 de Salé qui sont déjà depuis plus de deux ans en prison, sans jugement au mépris même de la législation marocaine.
            Laurent Pic nous a également confirmé que le soutien apporté au plan marocain d'autonomie par le ministre des affaires étrangères était bien la position officielle du gouvernement français. Nous lui avons fait part de notre surprise puisque cette position est exactement la même que celle du précédent gouvernement.
            Oui, nous sommes déçus car nous avions l'espoir que le nouveau gouvernement s'engagerait sur la question sahraouie avec une nouvelle voix, plus respectueuse du droit international.
            Nous avons appris que vous alliez bientôt au Maroc. Nous espérons que vous y aborderez la question du Sahara occidental avec les autorités marocaines et que vous insisterez sur le respect des droits de l'Homme dans les territoires occupés. De même nous comptons sur vous pour rappeler que le droit international ne peut s'appliquer que par l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Nous avons confiance en vous car vous aviez soutenu, quand vous étiez encore président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui et votre lettre, très argumentée, nous avait beaucoup encouragés à l’époque.
            Dans l'espoir d'une réponse positive de votre part, je vous prie d'agréer, monsieur le Premier Ministre, l'expression de ma haute considération.
                                                                                        Aline Pailler
                                                                                  Co-présidente du CORELSO
                                                                                        ex-députée européenne
                                                                                     2 Terrasse du Parc 75019 Paris
                                                                                Comité pour le Respect 
                                                                               des Libertés  et des Droits humains
                                                                     au Sahara Occidental 

 



Monsieur le Premier Ministre


            En réponse à ma lettre du 20 juin 2012 sur le Sahara occidental, votre chef de cabinet m'avait conseillé de m'entretenir de cette question avec votre conseiller diplomatique, Laurent Pic. Ce dernier a bien voulu nous recevoir le 5 octobre.
            Après avoir écouté avec attention le témoignage de Claude Mangin, femme de Ennaâma Asfari (défenseur sahraoui des droits de l'Homme emprisonné sans jugement depuis 23 mois à Salé), sur les violations persistantes des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés, Laurent Pic nous a précisé que le gouvernement français envoyait régulièrement des messages au Maroc sur les droits de l'Homme " dans le respect de sa souveraineté". Force est de constater que ces messages sont jusqu'à présent d'une totale inefficacité puisque le Maroc n'en tient aucun compte. En effet, la répression est toujours aussi violente même pendant la visite de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, M. Christopher Ross. Des dizaines de militants sahraouis sont toujours emprisonnés, notamment les 24 de Salé qui sont déjà depuis plus de deux ans en prison, sans jugement au mépris même de la législation marocaine.
            Laurent Pic nous a également confirmé que le soutien apporté au plan marocain d'autonomie par le ministre des affaires étrangères était bien la position officielle du gouvernement français. Nous lui avons fait part de notre surprise puisque cette position est exactement la même que celle du précédent gouvernement.
            Oui, nous sommes déçus car nous avions l'espoir que le nouveau gouvernement s'engagerait sur la question sahraouie avec une nouvelle voix, plus respectueuse du droit international.
            Nous avons appris que vous alliez bientôt au Maroc. Nous espérons que vous y aborderez la question du Sahara occidental avec les autorités marocaines et que vous insisterez sur le respect des droits de l'Homme dans les territoires occupés. De même nous comptons sur vous pour rappeler que le droit international ne peut s'appliquer que par l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Nous avons confiance en vous car vous aviez soutenu, quand vous étiez encore président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui et votre lettre, très argumentée, nous avait beaucoup encouragés à l’époque.
            Dans l'espoir d'une réponse positive de votre part, je vous prie d'agréer, monsieur le Premier Ministre, l'expression de ma haute considération.
                                                                                        Aline Pailler
                                                                                  Co-présidente du CORELSO
                                                                                        ex-députée européenne
                                                                                     2 Terrasse du Parc 75019 Paris
                                                                                Comité pour le Respect 
                                                                               des Libertés  et des Droits humains
                                                                     au Sahara Occidental