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dimanche 1 novembre 2009

Le mirage du Maghreb uni



Par Jean-Pierre Tuquoi, LE MONDE ,29/10/2009 

Dans le message de félicitations qu'il a adressé au président Ben Ali au lendemain de sa réélection, le 25 octobre, à la tête de la Tunisie, le roi Mohammed VI du Maroc n'a pas manqué d'évoquer, parmi les chantiers qui attendent Ben Ali, la poursuite de "l'édification de l'Union du Maghreb (arabe, l'UMA)".
Depuis 1989, l'année de sa mise en orbite, "l'édification du Maghreb" revient comme un leimotiv dans les discours officiels, y compris de ce côté-ci de la Méditerranée. Mais en pratique, rien n'avance. Le Maghreb uni reste un rêve, même si, sur les hauteurs d'Alger, un magnifique bâtiment de style colonial abrite un fantomatique Conseil consultatif de l'Union du Maghreb. Le dernier sommet des cinq chefs d'Etat concernés date de 1994.
Le dossier du Sahara occidental n'est pas responsable de l'échec d'un projet imaginé à la fin des années 1950 par des nationalistes aux idées larges. Même si l'Algérie et le Maroc tombaient enfin d'accord sur l'avenir des Sahraouis et de leurs terres désertiques, le chantier de l'UMA resterait en plan.
Le problème est plus profond. Si les trois pays phares du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) ne parviennent pas à se rapprocher malgré les bénéfices promis par les experts (1 % de croissance supplémentaire au bas mot), c'est parce que, depuis des décennies, des régimes autoritaires les dirigent et qu'ils verrouillent les structures transfrontalières.
Tout ce qui menace le monopole du pouvoir central est tenu en suspicion ou combattu. Qu'il s'agisse de créer des syndicats maghrébins libres, de favoriser les investissements économiques et financiers de part et d'autre des frontières, de rapprocher les systèmes judiciaires, de multiplier les échanges culturels, les murailles sont là, toujours aussi hautes. Du coup, les peuples du Maghreb s'ignorent. En témoigne l'absence de reportage dans la presse maghrébine sur ce qui se passe dans les pays voisins. Les journalistes font plus volontiers le voyage à Paris qu'à Tunis, Alger ou Rabat. "Les seuls à croire au Maghreb unifié sont les combattants d'Aqmi, Al-Qaida au Maghreb islamique. Ils se jouent des frontières", note un journaliste.
Un projet, cher au président algérien, permet de toucher du doigt le fossé qui sépare les régimes d'Afrique du Nord, et la concurrence qui les anime. En début de semaine, Alger a lancé l'appel d'offres pour la construction de ce que les habitants appellent déjà la "grande mosquée". Implantée sur un terrain d'une vingtaine d'hectares en face de la baie d'Alger, elle comportera, outre la salle de prière, une école d'enseignement du Coran, une bibliothèque, et un auditorium.
Le minaret de l'édifice culminera à 270 mètres de hauteur, ce qui en fera la troisième mosquée la plus haute du monde, après celle des lieux saints de l'islam, La Mecque et Médine. Mais devant celle de Casablanca, la mosquée Hassan- II, qui n'a que 200 mètres !

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