Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

jeudi 5 novembre 2009

Marrakech Express



Par M.Saâdoune, le Quotidien d'Oran, 3/11/2009

 Démocrates ou républicaines, noirs ou blancs, les secrétaires d’Etat
 américains se suivent et se ressemblent dans le soutien à l’arbitraire
 et l’expression d’une ligne antihumaniste brutale. Moins qu’aucun de
 ses prédécesseurs récents, Mme Clinton ne déroge pas à la règle.

Après  avoir signifié l’alignement-reddition de Barack Obama, la secrétaire
 d’Etat, en visite dans la capitale arabe du plaisir (au sens civilisé
 du terme) par excellence, Marrakech, pour un improbable «sommet de
 l’avenir», a tenu à calmer la gêne de ses alliés arabes, très
 embarrassés par l’alignement de Washington sur la ligne du Likoud.
 Mme Clinton, avec, malgré tout, plus de talent (ce qui n’est pas un
 exploit) que la précédente titulaire du secrétariat d’Etat, atenté de
 noyer le poisson de la reculade sans fard de l’administration Obama
 sur la question clé de la poursuite de la colonisation des territoires
 occupés par Israël.
 Il fallait bien, comme à l’habitude, un service minimum de la nuance
 et rassurer, autant que faire se peut, des alliés arabes
 définitivement modérés. Mme Clinton s’est donc livrée à l’une de ces
 contorsions sémantiques qui feraient sourire si elles ne signifiaient
 pas tant de misère et tant de malheur pour le peuple palestinien.
 Ainsi donc, selon l’honorable chef de la diplomatie de l’empire, il ne
faudrait pas voir de mal dans l’appel (l’ordre ?) lancé ou intimé aux
 Palestiniens : Washington réprouve toujours la poursuite de la
 colonisation, mais estime qu’elle ne constitue pas un obstacle à la
 poursuite des négociations.
 Le propos, dans la douceur des riadhs sud-marocains propices à tant de
 suaves rêveries, est admirable de candeur. «Peace, love and
 happiness». Paix, amour et joie de vivre étaient bien le mot d’ordre
 des hippies des années soixante qui fréquentaient la royale oasis, à
 la recherche d’éphémères paradis fournis par les herbes locales.
 Mais il y a loin de Marrakech à Ghaza et les fumées que l’on peut y
 respirer ne sont pas de même nature. Ceux qui pensaient que l’ère
 Obama ouvrait sur des perspectives renouvelées doivent déchanter. Il
 n’y a plus nulle part place ni à l’innocence ni aux illusions.
 L’agenda de la soumission défendu par la secrétaire d’Etat a le grand
 mérite de le rappeler à ceux qui, émus par l’effet Obama, ont cru voir
 un changement essentiel dans la politique des Etats-Unis.
 L’expansionnisme colonial, avec un soubassement religieux dont se
 réclament les idéologues sionistes, est soutenu avec constance et
 détermination par un système politique qui n’a pas changé de nature.
 Même le secrétaire général de l’ineffable Ligue arabe reconnaît
 l’échec, tout en maintenant son «réservoir de confiance» en Obama. En
 ce sens, ce diplomate «modéré» fait un grand pas vers une réalité qui
 émerge cruellement des rideaux de fumée et des déclarations
 anesthésiantes. Il y aura encore un effort de réalisme à faire, avant
 d’admettre que seule la résistance est le moyen de «négocier» avec un
 ennemi fanatisé et immoral. La déclaration sans conviction ni
 substance de Marrakech n’y changera rien.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire