Par M.Saâdoune, le Quotidien d'Oran, 3/11/2009
Démocrates ou républicaines, noirs ou blancs, les secrétaires d’Etat
américains se suivent et se ressemblent dans le soutien à l’arbitraire
et l’expression d’une ligne antihumaniste brutale. Moins qu’aucun de
ses prédécesseurs récents, Mme Clinton ne déroge pas à la règle.
Après avoir signifié l’alignement-reddition de Barack Obama, la secrétaire
d’Etat, en visite dans la capitale arabe du plaisir (au sens civilisé
du terme) par excellence, Marrakech, pour un improbable «sommet de
l’avenir», a tenu à calmer la gêne de ses alliés arabes, très
embarrassés par l’alignement de Washington sur la ligne du Likoud.
Mme Clinton, avec, malgré tout, plus de talent (ce qui n’est pas un
exploit) que la précédente titulaire du secrétariat d’Etat, atenté de
noyer le poisson de la reculade sans fard de l’administration Obama
sur la question clé de la poursuite de la colonisation des territoires
occupés par Israël.
Il fallait bien, comme à l’habitude, un service minimum de la nuance
et rassurer, autant que faire se peut, des alliés arabes
contorsions sémantiques qui feraient sourire si elles ne signifiaient
pas tant de misère et tant de malheur pour le peuple palestinien.
Ainsi donc, selon l’honorable chef de la diplomatie de l’empire, il ne
faudrait pas voir de mal dans l’appel (l’ordre ?) lancé ou intimé aux
Palestiniens : Washington réprouve toujours la poursuite de la
colonisation, mais estime qu’elle ne constitue pas un obstacle à la
poursuite des négociations.
Le propos, dans la douceur des riadhs sud-marocains propices à tant de
suaves rêveries, est admirable de candeur. «Peace, love and
happiness». Paix, amour et joie de vivre étaient bien le mot d’ordre
des hippies des années soixante qui fréquentaient la royale oasis, à
la recherche d’éphémères paradis fournis par les herbes locales.
Mais il y a loin de Marrakech à Ghaza et les fumées que l’on peut y
respirer ne sont pas de même nature. Ceux qui pensaient que l’ère
Obama ouvrait sur des perspectives renouvelées doivent déchanter. Il
n’y a plus nulle part place ni à l’innocence ni aux illusions.
L’agenda de la soumission défendu par la secrétaire d’Etat a le grand
mérite de le rappeler à ceux qui, émus par l’effet Obama, ont cru voir
un changement essentiel dans la politique des Etats-Unis.
réclament les idéologues sionistes, est soutenu avec constance et
détermination par un système politique qui n’a pas changé de nature.
Même le secrétaire général de l’ineffable Ligue arabe reconnaît
l’échec, tout en maintenant son «réservoir de confiance» en Obama. En
ce sens, ce diplomate «modéré» fait un grand pas vers une réalité qui
émerge cruellement des rideaux de fumée et des déclarations
anesthésiantes. Il y aura encore un effort de réalisme à faire, avant
d’admettre que seule la résistance est le moyen de «négocier» avec un
ennemi fanatisé et immoral. La déclaration sans conviction ni
substance de Marrakech n’y changera rien.
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