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vendredi 6 novembre 2009

Non à la reddition à la mafia de Carthage !

par Mondher Sfar, 5/11/2009

Un communiqué vient d'être publié sur le site Tunisnews appelant les exilés à renoncer à leur statut de réfugiés, à se rendre auprès des consulats tunisiens et à se ranger dans la légalité du régime de Ben Ali.
Je dénonce cette initiative qui cherche à pactiser avec la mafia tunisienne au moment où elle vient de faire une démonstration de force, publique et ostentatoire, exhibant son mépris pour les moindres principes de la dignité humaine et des droits citoyens, au point de pousser ses plus grands soutiens comme Bertrand Delanoé à prendre leurs distances vis-à-vis d'un régime longtemps détesté et rejeté par dix millions de Tunisiens.
Je mets en garde mes compatriotes sur les graves conséquences de la renonciation à leur statut de réfugiés, statut qui est un droit légitime de protection contre la torture et toutes autres formes d'atteinte à la dignité humaine qui sont massivement pratiquées par le régime du général Ben Ali, et qui viennent de connaître une grave recrudescence.
En outre, renoncer à son statut de réfugié, ne nuit pas seulement à la protection des réfugiés, mais aussi au droit de protection de tous ceux qui ont des demandes en cours ou futures, car ce geste de renonciation pourrait être interprété par les organes habilités à juger des demandes d'asile comme la preuve d'un allégement de la dangerosité du régime tunisien, et de moindre risque de torture en Tunisie, ce qui est évidemment totalement faux. On imagine aisément que ce serait là un prétexte inespéré pour la France, par exemple, pour une application encore plus restrictive du droit d'asile pour les Tunisiens qui sont sous examen ou futurs requérants. Ce serait ruiner les efforts des ONG partout dans le monde qui oeuvrent pour le droit d'asile des Tunisiens, droits mis à mal par notamment par une Europe réactionnaire en matière des droits humains y compris pour ses propres citoyens.
Plus inquiétant encore, l'appel à l'opposition à se rendre armes et bagages à la dictature, ne peut être perçu par le régime que comme un signe de faiblesse de l'opposition et ne peut par conséquent que l'inciter à reboubler sa répression non seulement contre les opposants mais aussi contre le peuple tunisien d'une façon générale.
Nous avons tous une grande responsabilité historique face à un régime criminel et mafieux : c'est d'oeuvre ensemble pour le mettre hors d'état de nuire. Pour cela la Tunisie a plus que jamais besoin de tous ceux qui ont choisi - ou qui se trouvent- en exil. Il leur incombe d'être eux aux avant-postes dans le combat et la lutte contre les bourreaux et tortionnaires de notre peuple pris en otage par une poignée d'aventuriers sans foi ni loi.
À bas la dictature, à bas la mafia de Carthage, et vive la lutte jusqu'à la libération de la Tunisie de ses despotes oppresseurs et criminels.

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