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dimanche 13 septembre 2009

A Paris manifestation pour que la mort d'Aïcha ne soit pas vaine




Par Khadija Ryadi, 13/9/2009

Pour que la mort d'Aïcha ne soit pas vaine luttons pour la démocratisation du système des visas.
Ci-dessous un article dans Libération par Narjis Rerhaye, sur la mort de Aicha Mokhtari et la lettre de l'AMDH adressée à Sarkozy.
Les activistes de l’Association marocaine des droits humains ne sont pas prêts de décolérer. Et hier, dans la matinée de mardi, ils l’ont fait savoir. Depuis le décès tragique de Aïcha Mokhtari, cette citoyenne résidant à Oujda qui a succombé à un cancer des os, la mobilisation des défenseurs des droits de l’Homme est à son paroxysme. Aïcha Mokhtari, la nouvelle icône des activistes, est décédée le 15 août dernier parce que les autorités consulaires françaises, à Fès, lui ont refusé le visa pour aller se faire soigner en France, dans un institut d’oncologie parisien. « Pourtant le dossier de Mme Mokhtari offrait toutes les garanties, y compris financières », rappelle L'Association Marocaine des Droits Humains (AMDH) organise un rassemblement le lundi 14 septembre à 18H30 à la place du Trocadéro sous le thème « pour que la vie de Aicha Mokhtari avec amertume un membre de l’AMDH. Plus grave encore, Aïcha Mokhtari a été victime d’une erreur fatale : les services du consulat de France à Fès ont refusé de lui octroyer son visa à cause d’une homonymie. Une autre Aïcha Mokhtari, de nationalité algérienne et établie à Oran, avait eu maille à partir avec les autorités françaises pour cause d’un visa demandé dans le cadre d’une visite familiale. Une erreur fatale que le consulat s’est toujours refusé de réparer malgré les interpellations de la famille mais aussi de la députée européenne Alima Boumedienne-Thierry qui ont saisi plusieurs ministres français dont celui des Affaires étrangères et celui de l’immigration et de l’identité nationale. En vain. C’est d’ailleurs le même silence radio qui a été observé côté marocain. L’affaire Aïcha Mokhtari avait été abondamment commentée par la presse. Les officiels marocains n’ont visiblement pas cru nécessaire de se mobiliser pour un visa dont le refus a, au final, a coûté la vie à celle qui l’a demandé.

Ce mardi matin, au siège de l’AMDH, l’ombre de Aïcha Mokhtari n’en finissait pas de planer. « Il ne faut pas que la mort de Aïcha soit vaine. Il ne faut pas qu’elle soit décédée pour rien ». La phrase revient comme une prière chez les activistes qui ont décrété la mobilisation à l’occasion d’une conférence de presse donnée hier. Le mot d’ordre est partout, sur les murs et dans toutes les bouches : « Pour que la mort de Aïcha Mokhtari ne soit pas vaine. Oeuvrons pour humaniser les conditions d’octroi de visas aux Marocains ». La condamnation n’est jamais loin. Et ceux et celles de l’association marocaine des droits humains ne s’en privent pas. Condamnation du « refus criminel de délivrer le visa à la citoyenne Aïcha Mokhtari par le consulat français de Fès, dénonciation de « l’attitude des autorités françaises qui ont appuyé l’attitude du consulat au lieu de corriger l’erreur fatale, colère contre le gouvernement marocain qui a « manqué à son devoir de garantir les droits de la citoyenne Aïcha Mokhtari ».

Et si le droit à la vie –l’un des principes fondamentaux de la déclaration universelle des droits de l’Homme- est au cœur de la campagne de mobilisation décrétée par l’AMDH, le système de délivrance de visas aux citoyens marocains désirant voyager vers la France et les autres pays occidentaux en général et caractérisé par des conditions dures, aléatoires et humiliantes ».

Une campagne militante et citoyenne va donc être lancée. Plusieurs actions seront donc menées pour briser le silence sur les conditions d’octroi de visas au Maroc et mettre sans cesse en relief les causes véritables du décès de Aïcha Mokhtari. Deux sit in vont être organisés devant le consulat de France à Fès et l’ambassade de France à Rabat. Un colloque sur les droits humains et la hogra du visa est également à l’ordre du jour. Les défenseurs des droits humains comptent aussi adresser des lettres au président français Nicolas Sarkozy et au premier ministre Abbas El Fassi. Une pétition est enfin au programme pour inviter toutes les organisations démocratiques à joindre ce combat



Rabat le 31/08/2009
A son Excellence Mr Nicolas Sarkozy
Président de la République Française
(lettre ouverte)


Objet : Mort dans la détresse de notre concitoyenne Aicha Mokhtari et conditions injustes d’octroi du visa aux MarocainEs.
Monsieur le Président
En tant que présidente de l’AMDH (Association Marocaine des Droits Humains) et au nom de son Bureau Central, j’ai l’honneur de vous écrire pour vous dire notre douleur et notre indignation suite à la mort dramatique, mais combien évitable, de notre concitoyenne Aicha Mokhtari survenue le 15 août 2009 à Oujda, au Maroc, suite à un cancer osseux.
Je m’adresse à vous en tant que président de la République Française, parce que nous pensons à l’AMDH, que les autorités représentant votre pays au Maroc, ainsi que votre gouvernement ont une responsabilité dans ce décès.
Tout d’abord les faits : Mme Aicha Mokhtari née à Oujda en 1957 a été atteinte d’un cancer osseux (un ostéosarcome du fémur ) depuis un peu plus de deux ans ; les médecins qui la traitaient se sont aperçus qu’elle ne pouvait être soignée au Maroc et qu’elle devait impérativement être examinée et traitée dans un hôpital spécialisé en Europe et de préférence en France.
L’Institut Gustave Roussy a été contacté et a accepté de la prendre en charge aux frais de la famille. Il ne restait plus qu’a obtenir un visa pour soins médicaux. Un dossier complet fut établi avec à l’appui un dossier médical, dument certifié par les services concernés du ministère de la santé du Maroc, et présenté au consul de France à Fès.
Mais, à la stupeur des concernés, le visa a été refusé le 02 avril 2008 à cause, semble-t-il, d’une erreur du consulat provenant d’une homonymie malencontreuse avec une citoyenne algérienne interdite d’entrée en France. Et c’est là que le calvaire a commencé.
Abdelaziz, frère de Aicha a remué ciel et terre pour obtenir la révision de la décision du consulat français à Fès ; il vous a écrit ainsi qu’a bon nombre de ministres, aux responsables gouvernementaux marocains. En vain !
Le 17 juin 2008, le chef de votre cabinet lui écrit : « je dois vous indiquer qu’il ne m’est pas possible de répondre à votre attente dès lors que les services compétents, auquel la présidence de la République ne peut se substituer, se sont prononcés ».
Ce fut pratiquement un verdict de mort lente et douloureuse qui était prononcé contre Aicha, qui s’est éteinte dans des conditions inhumaines de souffrance et de détresse, faute d’obtention du visa qui pouvait lui ouvrir les portes de l’espoir.
A l’AMDH, fidèles à notre attachement sans réserve aux droits humains universels – « sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation » – nous avons, suite à ce malheur franchement et clairement :
- Dénoncé la décision arbitraire du consulat Français de Fès privant Aicha Mokhtari du visa ainsi d’ailleurs que l’homologation de cette décision assassine par d’autres autorités gouvernementales et étatiques françaises.
- Critiqué les autorités marocaines qui n’ont pas pris leur responsabilité pour défendre le droit à la santé et à la vie de Aicha auprès des autorités françaises.
- Dénoncé le régime d’octroi du visa par la France et les autres pays du Nord, caractérisé par des conditions draconiennes, opaques mais surtout bafouant la dignité humaine, alors que le citoyen du Nord n’a besoin tout au plus que du passeport pour accéder à notre pays.
- Décidé de mener une campagne pour dévoiler les causes et les responsabilités dans le décès de notre concitoyenne Aicha et de coopérer avec tous les démocrates et défenseurs des droits humains ici au Maroc, chez vous en France et ailleurs dans le monde pour dévoiler les tares du régime français et européen d’octroi du visa qui est bien conforme au concept de « l’émigration choisie », mais en totale contradiction avec les droits humains universels que la France démocratique n’a cessé de défendre de 1789 à nos jours.
Cette campagne, nous avons décidé de la mener sous le mot d’ordre : « Pour que la mort de Aicha Mokhtari ne soit pas vaine, luttons pour humaniser les conditions d’octroi du visa ».
Monsieur le Président,
A la mort de Aicha, la famille de la défunte ainsi que nous défenseurs des droits humains, avons ressenti une terrible HOGRA, un terme de chez nous autres maghrébins, pour parler de l’humiliation ou de la dignité bafouée.
C’est pour cela que nous ne pouvons terminer cette lettre sans demander justice et réparation :
- Nous demandons d’abord que le ou les responsables du refus fatal d’accorder le visa soient jugés ; nous espérons également que les responsables administratifs et politiques qui ont couvert cet acte soient sanctionnés.
- Nous demandons l’équité et la réparation pour la famille de la défunte qui a droit au moins à des excuses publiques de la part de l’Etat français.
- Mais la véritable réparation – et pour que la mort de Aicha ne soit pas vaine ainsi d’ailleurs que celle de ces centaines de « harragas » qui faute de visa finissent leur vie noyés dans la mer – c’est l’humanisation et la démocratisation du système du visa que nous subissons et que nous n’avons nullement choisi ; il faudra bien que les Etats du Nord cessent de bafouer la dignité des peuples du sud à travers ce système ségrégationniste contraire aux droits humains.
Nous n’osons pas, par crainte d’être taxés de rêveurs impénitents, revendiquer l’abolition pure et simple du système de visa alors même qu’elle est en parfaite conformité avec les engagements étatiques dans le domaine des droits humains et qu’il n’y a pas si longtemps nos peuples du Sud comme du Nord n’étaient soumis à aucune contrainte de ce genre.
Mais nous, défenseurs des droits humains, nous pensons et nous œuvrons pour que les êtres humains, sans distinction d’aucune sorte, redeviennent frères et sœurs.
Monsieur le Président,
Nous pensons avoir posé en toute sincérité et franchise un grave problème et nous osons espérer une réponse et une réaction positives à notre missive.
En attendant, veuillez agréer l’expression de nos sentiments les plus sincères.


Pour le Bureau Central de l’AMDH
La Présidente : Khadija RYADI
Copies à Messieurs/dame :
- Le Premier Ministre du gouvernement marocain
- Le Président de la Commission Européenne.
- Le Ministre des Affaires étrangères.
- Le Ministre de l’Emigration.
- La Secrétaire d’Etat chargée des Droits de l’Homme.
- L’ambassadeur de France au Maroc.
- Le Consul de France à Fès

Commentaire à la lettre ouverte de la sénatrice des Verts Alima Boumediene-Thiery

je suis bien au courant de cette affaire que je suis depuis plus d'un an, (...), j'ai fait plusieurs interventions auprès du consulat et du ministère des AE, qui sont restées vaines, j'ai envoyé mon assistant (à ma charge) sur place pour qu'il aille voir le wali, le consul, et la presse... mais toujours rien !
j'ai saisi le conseil d'état sur ce refus et j'attends encore...
c'est malheureux, inadmissible... mais voià ce qu'est la France aujourd'hui dans sa phobie de l'immigration clandestine !

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