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samedi 19 septembre 2009

On réprime, on arrête même les intentions!



Par Abdelghani Kabbaj, 19/9/2009

Selon le journal "assabah", 15 citoyens sont condamnés à des peines allant de 1 mois et 12 mois de prison ferme pour avoir «déjeuné" publiquement en plein mois de ramadan. Ces personnes ont été arrêtées et condamnés à Casablanca.

Selon plusieurs journaux, des jeunes du «Mouvement alternatif pour les libertés individuelles» (MALI) ont pu défier les chroniques banales qui gèrent notre quotidien banal. Organiser un «déjeune» pendant le Ramadan dans une forêt hors de la ville de Mohammedia.
L’audace des 15 citoyens condamnés à Casa et du «Mouvement alternatif pour les libertés individuelles» ne va pas passer inaperçue car la tolérance au Maroc bénéficie pas aux marocains non croyants.


La police marocaine a procédé donc à l'arrestation et l'interrogatoire des membres de ce Mouvement défendant les libertés individuelles et qui allaient participer dans une forêt près de Mohamadia, loin des regards pour ne pas être provocateurs, à un "déjeuner". Ainsi sont arrêtés et mis en examen dès mardi et mercredi, 15 et 16 septembre, La journaliste Zaïneb El Rhazoui, la médecin psy. Ibtissam Lachgar, Salah Abrah, Nizar Bnamt, Aziz Yaäkoubi (journaliste) et Abderrhim Moktafi. Nous ne connaissons pas le sort que leur réserve le Pouvoir et sa justice.
Aussi, une manifestation qui allait avoir lieu devant la Gare à Mohamadia pour dénoncer l'intension d'exprimer le droit à la différence et de déjeuner ramadan a été interdite.


Mais le pire c'est que les démocrates marocains, les intellectuels, les politiques et les activistes de la Société Civile, ont avalé leur langue et n'osent pas ouvrir un débat sur les libertés individuelles et les libertés publiques, sur la laïcité et la séparation entre Etat et religion et surtout la liberté religieuse ...
L'absence d'un débat public, organisé et structuré, ne profite qu'aux extrémistes islamistes ou autres.
En laissant l'Etat et ses appareils policiers et judiciaires réglementer et "résoudre", à leur façon, les problèmes et problématiques que posent la pratique de ces libertés individuelles et publiques n'avance en rien l'émancipation de notre société et son développement vers un Etat de Droit, de démocratie et des droits de l'homme dont l'Etat du Maroc ne cesse nullement de vanter le respect bien que la réalité de ces droits laisse à désirer et sont quotidiennement bafoués.


De nos jours au Maroc, tout acte, déclaration ou idées (même émanant de penseurs et intellectuels musulmans libres prônant un Islam moderne et démocratique) jugés contre les préceptes séculaires d’un Islam rétrograde sont décriés et accusés par les faqihs et les politiciens conservateurs qui ont peur d’être dépassés par le cours de la rationalité moderniste et démocratique qui pourrait gagner le mouvement social en perpétuelle mutation. Le conservatisme a gagné même «Bayane al Yaoum» (et d'autres journaux dits progressistes), journal de l’ex-parti communiste, qui qualifie cet acte d’«envie infantile».
Certes, la réalité sociale et politique du Maroc et du peuple marocain, encore sous-développé en démocratie, en conditions sociales, économiques, civiques, culturelles..., n'a rien à faire de problèmes qui semblent marginaux. Mais respecter les libertés individuelles, selon les chartes et conventions internationales des droits humains dont le Maroc est signataire, n'a rien de marginal car respecter les convictions et croyances individuelles et en assurer et garantir leur pratique, dans le respect des autres convictions et croyances est un problème majeur qui entrave l'accès de la Société et les simples citoyennes et citoyens marocains au civisme et au respect mutuel des droits humains et à la démocratie.
Or les faqihs déguisés en politiciens et les politiciens «habillés» en faqihs affirment, ouvertement ou en catimini, qu’il ne faille pas déroger et désobéir à la religion du peuple (on amalgame tous les citoyennes citoyens dans le concept PEUPLE) et que «déjeuner» au mois du ramadan n’a rien à avoir avec la liberté individuelle!... et que tant que la religion Musulmane est la religion de l’Etat marocain, il ne faut pas permettre d’enfreindre aux lois «islamiques».


N’est-ce pas là un cheminement vers le totalitarisme politique sous-développé au nom de l’Islam! Or un Etat qui se veut islamique, donc religieux, ne peut qu'être totalitaire idéologiquement, spirituellement et même politiquement.


Ce qui est abject c’est que la majorité de nos élites politiques et religieuses ne cessent de parler de la tolérance et de l’ouverture d’esprit de notre Système politico-religieux et des islamistes marocains! Ils crient à qui veut les croire qu’au Maroc personne n’est emprisonné pour avoir rompu ou "cassé" le ramadan avant le coucher du soleil! Mensonge! Depuis longtemps, des citoyens ont été appréhendés et jugés pour le délit de "rompre" le ramadan durant l'horaire du jeûne. La police et les autorités ont même, dans plusieurs cas, transgressé et attaqués des domiciles pour arrêter et traduire en justice ces rompre "rompeurs" du jeûne.
La liberté, certes, ne peut jamais être absolue! Et cela doit être valable pour musulmans conservateurs et pratiquants comme pour musulmans modernistes et pour les non pratiquants et aussi même pour agnostiques et incroyants.

Le Maroc de la répression est en marche! On réprime, on arrête même les intensions !
Abdelghani, ex cadre de 23 mars ( tendance marxiste léniniste), ex prisonnier politique, ex membre du bureau politique du PSU, aujourd'hui militant sur les différents fronts de la résistance, contribue oralement et par écrit aux débats...Il vient de publier un livre relatif à la répression au Maroc...
A.F.

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