Par Mohammed Jaabouk, 5/7/2015
Khalid Gueddar / Ph. Yassine Touimi
La cour d’appel de Kenitra a condamné, vendredi, le
caricaturiste Khalid Gueddar à trois mois de prison ferme pour « état
d’ébriété sur la voie publique » et « atteinte à un corps constitué »,
en l’occurrence des policiers. Cette affaire remonte au 26 mai 2012.
Le verdict de l’incarcération était prévisible. Khalid était, par
ailleurs, sous le coup d'une condamnation de trois ans de prison avec
sursis prononcée contre lui en février 2010, pour « outrage au drapeau
national » et « manque de respect dû au Prince ».
Ce verdict
clot une mauvaise semaine pour les professionnels des médias. Lundi, le
tribunal de Casablanca a prononcé contre Hamid Mahdaoui, le directeur de
publication du site badil.info, quatre mois de prison avec suris et une
amende de 100.000 dh au profit de la Direction générale de la sûreté
nationale (DGSN).
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Radi Omar avec Khalid Gueddar
Suite à sa condamnation, en première instance, à trois mois de prison ferme, le caricaturiste Khalid Gueddar a décidé de ne pas se présenter devant le juge de la Cour d'appel pour la suite du procès. Ci-après le communiqué avec les explications :
======= COMMUNIQUÉ ========
Tout d’abord, je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui ont m’ont exprimé leur solidarité et leur soutien.
C’est par hasard que j’ai appris la nouvelle de ma condamnation à trois mois de prison ferme par le tribunal de première instance de Kenitra. Ni mes avocats ni moi n’avons été notifiés de la condamnation. Pire, aucune citation à comparaître ne m’a été adressée par ce tribunal.
J’ai en effet assisté à deux séances du procès qui avait démarré en 2012. J’ai par la suite décidé de ne plus me présenter devant le juge du tribunal. L’affaire a été reportée.
Trois ans se sont écoulés, et voilà qu’ils dépoussièrent le dossier. Je ne me fais aucune illusion quant à cette affaire : cette condamnation vise ma liberté d’expression. Elle tombe au moment où mes collègues Ali Lmrabet, Ahmed Senoussi et moi-même nous apprêtons à lancer un nouveau magazine satirique. Tant attendu par notre équipe, ce magazine allait marquer un nouveau départ pour mon collègue et ami Ali Lmrabet dans la presse papier, après que sa condamnation à l’interdiction d’exercer le journalisme pendant 10 ans (2005-2015) a pris fin.
Aussi, ce magazine offrira un espace de liberté à mon ami et collègue l’humoriste Ahmed Senoussi (Bziz), interdit de toutes les scènes et tribunes du pays.
Tout de suite après l’annonce du lancement de ce magazine, les autorités marocaines ont décidé de priver Ali Lmrabet de ses papiers qui lui permettront de renouveler sa pièce d’identité, et ainsi déposer le dossier légal du nouveau média. Aujourd’hui, il poursuit sa grève de la faim qu’il a entamée il y a quelques jours à Genève.
Ce n’est plus un secret : le régime marocain a peur de l’humour et du journalisme professionnel, et son animosité à l’encontre des journalistes prend de l’ampleur jours après jour.
Considérant qu’il n’y a aucune justice au Maroc, surtout pas dans les tribunaux, je déclare aujourd’hui que ne me présenterai pas aux séances du procès en appel, qui démarrera ce mercredi 15 juillet.
Qu’ils me jugent comme ils le souhaitent. Ils ne m’ôteront jamais ma liberté.
Khalid Gueddar
Dessinateur de presse
Dimanche 6 juillet 2015.
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