Des Migrants subsahariens fuyant une opération de police, le 2 juillet 2015 à Tanger.
AFP PHOTO / FADEL SENNA
Au Maroc, à Tanger, des
centaines de migrants d'origine subsaharienne sont toujours réfugiés
dans un bois à l'extérieur de la ville alors que d'autres ont cherché
protection à l'église de Tanger. Ces migrants ont fui l'opération de la
police qui a fait évacuer en début de semaine des immeubles occupés
illégalement dans un quartier de la ville. A l'église, l'aide s'organise
mais les réfugiés, parmi lesquels figurent des femmes et des enfants,
manquent encore de tout.
Depuis plusieurs jours, les réfugiés
s'entassent à l'église espagnole de Tanger. Mais pour l'heure, seuls
les femmes et les enfants dorment à l'abri, les hommes eux sont
contraints de passer la nuit dehors. Et de faire des heures de queue
pour se laver, raconte ce Camerounais : « Pour l’instant ils prennent beaucoup plus en charge les femmes enceintes et les femmes avec des bébés, rapporte-t-il. Ce
sont elles qui ont le droit de dormir à l’intérieur. Les conditions
d’hygiène sont médiocres parce qu’il y a une seule douche pour 600
personnes. »
Problème de douche, manque d'eau, manque de nourriture, l'église n'a
pas les moyens de subvenir aux besoins des réfugiés. Alors la solidarité
s'organise comme le raconte cette jeune femme d'origine guinéenne qui
essaye d'apporter un peu de réconfort. « Moi je n’ai pas de budget
ni de financement. J’essaie de les aider seulement moralement, ou avec
de la nourriture, et j’essaie aussi de négocier des dortoirs pour les
gens, explique-t-elle. Je ne peux pas voir mes frères immigrants comme ça dehors qui sont menacés comme des animaux. »
Si certains ont été mis à la porte de leur logement par la police, d'autres réfugiés ont été victimes ces jours-ci du racisme
soit de leurs voisins, soit d'autres habitants de Tanger qui ont
profité des opérations menées par les autorités pour s'en prendre à eux.
En effet, même ceux qui avaient leur papiers et payaient
régulièrement leur loyer n'ont pas été épargnés. C'est ce que raconte ce
Camerounais de 28 ans que ses voisins ont mis dehors, parce qu'ils ne
voulaient plus que des Noirs vivent dans leur immeuble. Il est
aujourd'hui réfugié à l'église comme des centaines d'autres personnes et
décrit le climat de racisme qui règne dans son quartier.
Les voisins du rez-de-chaussée, ceux du
quatrième et ceux du troisième se sont associés et sont venus pour nous
dire que tous les Noirs doivent être délogés. Eux-mêmes se sont chargés
de retirer toutes mes affaires.
Un migrant Camerounais
Anonyme pour des raisons de sécurité.
05/07/2015
- par Marie-Pierre Olphand
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