Allocution de l’Association Marocaine des Droits Humains-Paris/IDF au rassemblement « porter une robe n’est pas un crime » à Paris le 4 juillet 2015 devant l’ambassade du Maroc.
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Allocution de l’Association Marocaine des Droits Humains-Paris/IDF
au rassemblement « porter une robe n’est pas un crime »
à Paris le 4 juillet 2015 devant l’ambassade du Maroc.
Par Sanae Rakba, militante de l’AMDH-Paris/IDF.
Chers ami(e)s,
Je souhaite, au nom de l’Association Marocaine des Droits Humains-Paris/IDF,
remercier tous ceux qui ont répondu présents a cet appel aujourd’hui.
Et aussi j’aimerai remercier toutes ces associations et individus qui se
sont mobilises pour cette cause.
Chers ami(e)s,
La
situation des droits de l’Homme au Maroc est de plus en plus
catastrophique et l’AMDH ne cesse depuis un moment de faire entendre sa
voix compte tenu de cette régression et de ce retour en arrière. Selon le dernier rapport de l’AMDH, publié il y a quelques jours, la situation actuelle se caractérise par une dangereuse régression en termes de libertés et de droits fondamentaux. Selon ce même rapport, les prisons marocaines ont connus 251 détenus politiques rien qu’en 2014.
.
Plusieurs faits tous aussi choquants les uns que les autres. Dans une première d’une extrême gravité, la chaîne officielle Al Oula
a annoncé, début juin, l’arrestation de deux hommes marocains qui
s’étaient embrassés devant la tour Hassan. Elle ne s’est pas arrêtée là,
la chaîne a dévoilé l’identité et photos des deux citoyens, dans une
démarche calomnieuse, haineuse et dangereuse sur leur sécurité. Cela a
provoqué un rassemblement d’une dizaine de personnes hostiles devant les
domiciles des deux arrêtés. Les deux hommes ont été condamnés à 4
mois de prison ferme et 500 dirhams d’amende pour « outrage public à la
pudeur » et « acte contre nature avec un individu du même sexe ».
Chers ami(e)s,
Les femmes et les minorités sexuelles et religieuses sont parmi les premières victimes d’un système sexiste, machiste et misogyne
! L’affaire de ces deux jeunes filles vient prouver ce constat de
régression de respect des libertés, de retour en arrière, et de cette
injustice qui est entrain de se répandre petit à petit partout dans le
pays. On voit des victimes se transformer, en un clin d’œil, en
coupables au vu et au su de l’Etat et son gouvernement.
Alors dans le cas des deux jeunes filles d’Inzegane,
la question à se poser, qui porte la responsabilité de tout cela ? Et
qu’en est-il du projet de loi qui criminalise le harcèlement sexuel ?
Est ce que la rue cet espace public qui par définition appartient à tout
le monde continuera à être un espace dédié à la gente masculine ?
L’Etat n’assume pas son rôle et ne tient pas ses engagements.
Chers ami(e)s, Quelle solution à cette situation ?
L’Etat
marocain doit respecter ses lois et savoir les appliquer pour protéger
ses citoyens, il doit respecter les engagements nationaux et
internationaux. Il doit respecter les conventions internationales qu’il a
signées. Il doit garantir les libertés individuelles et collectives ;
la liberté d’expression et la liberté de conscience
La
situation dramatique de l’enseignement au Maroc est à l’image de la
situation sociale et politique. Il est à rappeler que l’ONU avait
dénoncée le développement incontrôlé de l’enseignement privé « qui a
conduit au renforcement des inégalités dans la jouissance du droit à
l’éducation ». Il est impossible de sortir de cette situation sans un
enseignement public, démocratique, progressiste et populaire. Et il est
tout aussi impératif de lutter pour un Etat de Droit,
laïque et respectueux de toutes ses citoyennes et tous ses citoyens sans
aucune exception de couleur, d’orientation sexuelle, de religion, de
langues, de classes sociales.
Il
y a aussi le fait que les médias officiels doivent être réellement
publics. Ils doivent jouer un rôle dans l’éducation populaire et
l’émancipation à travers la diffusion de messages humains, de respect,
et d’égalité.
A Paris, le 4 juillet 2015.
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