ATTAC/CADTM MAROC
Groupe de Casablanca
Dans ce contexte, ATTAC/CADTM Maroc tient à :
Groupe de Casablanca
Communiqué
Halte à l’irresponsabilité de l’État face à la recrudescence des tensions sociales
Ces dernières semaines le Maroc a été marqué par une actualité
médiatique faisant état de plusieurs actions de lynchage public :
lynchage de plusieurs migrants subsahariens à Tanger, lynchage et
arrestation de deux jeunes femmes à Inzegane, et lynchage d’un homme
travesti en femme à Fès. Toutes ces violences commises publiquement
doivent être condamnées avec fermeté.
C’est donc, sans aucune nuance,
qu’ATTAC/CADTM Maroc condamne tout acte de violence perpétré à
l’encontre de personnes en raison de leurs apparences ou de leur
appartenance à une communauté et en appelle à la responsabilité de l’État, qui a inculpé les deux jeunes filles pour atteinte à la pudeur,
et est responsable de l’évacuation forcée des migrants subsahariens à
Tanger.
Pour autant, ATTAC/CADTM Maroc tient à rappeler que ces actes de
violences sont des cas isolés et ne doivent en aucun cas servir de
prétexte pour légitimer le retour du discours sécuritaire et la
stigmatisation des masses populaires. Pour cela, ATTAC/CADTM Maroc,
condamne toute volonté d’instrumentalisation politique des affaires de
mœurs par la classe politique et rappelle que la société marocaine est
complexe. Ses formes de tolérances plurielles sont bien souvent adaptées
au contexte social.
ATTAC/CADTM Maroc tient à rappeler que les discours de haine et de
mépris émis par une minorité dominante, qui monopolise la parole
médiatique, envers les classes populaires favorisent le creusement des
fractures sociales et participent à créer un clivage factice
conservateur/ moderniste dont les premières victimes sont les minorités
et les femmes, cibles privilégiées des frustrations sociales. De plus,
il ne faut pas oublier que la criminalisation des mœurs a toujours été
l’instrument du pouvoir pour réprimer toutes les voix contestataires.
Les dernières affaires de Hicham Mansouri, et d’un militant de l’Adl Wa
Ihsan, prouvent que l’instrumentalisation des affaires de mœurs reste un
instrument privilégié du pouvoir pour désavouer les militants.
Il est donc primordial à ce stade de ne pas céder aux explications
émotionnelles qui visent à dépolitiser les problèmes sociaux et à
façonner un discours stigmatisant envers les quartiers populaires,
qualifiant chaque événement de violence de pathologie culturelle. Si les
violences proférées par les citoyens doivent être condamnées avec
fermeté, elles ne doivent en aucun cas nous faire inverser le rapport de
violence et cacher les autres formes de violences matérielles et
symboliques subies quotidiennement par le peuple marocain.
Nous le disons : Non, le peuple marocain n’est pas intégriste
Les violences exprimées ces dernières semaines ne sont pas
l’expression de tares sociales, mais l’expression du désespoir de
milliers de jeunes. L’application par le régime de politiques économiques
néolibérales aux conséquences sociales catastrophiques, sa complicité
avec les politiques néocolonialistes, l’instrumentalisation du
terrorisme sont autant de causes politiques qui assoiffent aujourd’hui
notre société et laissent les masses populaires seules face à la
détresse et laisse peu de place pour la création d’une alternative
politique démocratique.
Ne l’oublions pas, les crimes policiers, le lynchage, l’intimidation, sont avant tout une pratique du pouvoir.
Ne nous trompons pas de cible : la violence n’est pas l’apanage du peuple mais des appareils sécuritaires de l’Etat.
Dans ce contexte, ATTAC/CADTM Maroc tient à :
- Condamner les responsables politiques qui alimentent les tensions sociales, participent à la dégradation des conditions sociales et à la réduction des espaces de liberté
- Condamner l’instrumentalisation des mœurs par le pouvoir politique
- Alerter contre toutes les tentatives pour légitimer le retour du discours sécuritaire au nom de l’ordre public
- Appeler les composantes de la société civile à ne pas se rendre complice et à dénoncer toutes les volontés de récupération des mobilisations actuelles à des fins politiciennes.
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