(Photo AIC press)
Les récentes épreuves d'Education islamique (bac) montrent
qu'une partie des enseignants véhicule un discours prônant l'exclusion
des différences, créant des individus vulnérables exposés aux dérives
radicales.
Plusieurs sujets d'examens de la matière d'éducation islamique proposés cette année au bac interpellent et inquiètent une grande partie des internautes marocains.
Les énoncés portent une atteinte grave aux valeurs les plus élémentaires de civisme et de l’Etat de droit. Ces sujets d'épreuves ne sont que la partie visible de l'iceberg. Ils interrogent sur le système de valeurs que l'école marocaine ambitionne de transmettre ainsi que sur le type d’enseignement reçu par l’élève au cours de l’année écoulée. Ils s'inscrivent dans une tendance qui inhibe totalement l'esprit critique et la raison.
Les exemples de sujets d'examens qui consacrent le rejet de la différence sont nombreux. L'un d'entre eux, proposé à l'académie de Souss-Massa-Draa, diabolise le travail associatif en faveur des droits de l'Homme, allant jusqu'à affirmer clairement et sans détours que les défenseurs des droits humains incitent à la violence, au tabagisme, au harcèlement, à la profanation et à la destruction des biens publics.
Réagissant à la vague d'indignation dans les réseaux sociaux, l'inspecteur coordinateur régional de la matière d'éducation islamique de la région de Souss-Massa-Draa s'est exprimé ce jeudi 2 juillet, par voie de communiqué, pour arrondir les angles sur la question de l'épreuve proposée.
Dans sa mise au point, le coordinateur régional s'excuse de toute atteinte faite aux défenseurs des droits humains, et ajoute que l'intention des membres de la commission n'était en aucun cas celle de nuire aux valeurs humaines.
Les commissions régionales pointées du doigt
Médias 24 a contacté Mohammed Sassi, directeur de l'évaluation et des examens au ministère de l'Education nationale. Il nous a confié que "par souci de discrétion, les commissions régionales spécialisées travaillent en groupe restreint pour élaborer les sujets d'examens. Les membres de ce groupe de travail sont les seuls à connaître le contenu de l'épreuve. Il existe, parmi eux une personne, appelés "corailleur", qui ne participe pas à l'élaboration du sujet d'examen. Son rôle est de passer l'épreuve après son édition, et de noter toutes les remarques, en relevant ce qui susceptible d’empêcher une bonne compréhension du texte par le candidat ou des soucis de forme ou de fond. Il doit rapporter ses remarques aux autres membres, dans le cas où il constaterait un problème de mise en situation", chose qui, en l’occurrence, n'a pas été faite.
"Un sujet d'examen peut bel et bien être conforme au programme et au cadre référentiel, sans pour autant être adéquat sur le plan de sa mise en situation" explique Mohammed Sassi, qui ajoute: "dans pareils cas, le directeur de l'académie a la possibilité de demander des explications à la commission qui a élaboré ce sujet d'examen."
L'éducation islamique, seule matière véhiculant la morale
Il est certain que cet énoncé n'est que l'arbre qui cache la forêt. Elle donne une idée générale sur les valeurs inculquées aux élèves tout le long de leur scolarité par des enseignants d'éducation islamique. Pour ne rien arranger, une étude récente réalisée par le ministère de l'Education nationale montre que la plupart des valeurs sont véhiculées par la seule matière de l'éducation islamique.
Pire que la simple diabolisation des défenseurs des droits humains, une autre épreuve montre l'étendue du non-sens dans lequel baigne l'Education nationale. Il est demandé, en somme, de prouver que la théorie de l'évolution est fausse, car elle s'oppose aux textes religieux. Cela, au moment où l'élève étudie, parallèlement, les principes de base de la génétique et des mutations cellulaires dans la matière des sciences naturelles.
L'école fabrique des individus égarés
Le conflit de référentiels auquel est confronté le lycéen marocain contribue à sa perdition. Faut-il suivre la voie de la raison ou se plier à la pensée religieuse sans opposition?
Cette dichotomie dans l'éducation marocaine contribue à créer un individu meurtri, tiraillé entre une peur mystique du jugement et une curiosité naturelle propre à l'espèce humaine. Et il est clair que dans le système éducatif national, l'éducation islamique s'accapare la part du lion sur l'échelle des valeurs.
La conclusion est évidente: quand l'éducation islamique propose une lecture qui s'oppose à la science, c'est la raison qu'il va falloir mettre en veilleuse!
L'instabilité de l'élève à l'âge de l'adolescence accentue cette perturbation, faisant de lui un être vulnérable incapable de s'opposer à n'importe quel discours pour peu qu'il contienne quelques connotations religieuses.
On peut d'ores et déjà avancer que de nombreux enseignants d'éducation islamique prônent un discours qui divise la société. Basé sur le rejet de la différence, et appelant à un renfermement de la société sur des valeurs exclusivement religieuses, au détriment du droit, de la raison et du bon sens.
La responsabilité de l'Education nationale est avérée dans ce processus. Car, plutôt que de prôner un discours d'unité, de paix et d'acceptation de l'autre, à travers des modules scolaires qui ne laissent aucune place à l’ambiguïté, on préfère jeter la pierre à ceux qui ne ressemblent pas au modèle du Marocain pieux que l'Education nationale est en train de construire. D'ailleurs, d'autres sujets d'éducation islamique proposés cette année incitent au prêche de la bonne parole et à l’immixtion dans la vie privée des gens. Une sorte de police de la vertu, menée à titre individuel.
Les élèves deviennent vulnérables aux discours jihadistes
Un élément de taille s'ajoute à cette équation, le jeune marocain ignore tout ou presque de ses origines, de ses traditions, de son histoire et de sa culture. Il est perdu, isolé et soumis à une profonde crise identitaire. Le jeune Marocain est, dès lors, en proie à la première tentative de récupération, et réceptif à toute forme de discours haineux ou de tentative de lavage de cerveau.
Il suffit d'ailleurs de parcourir les réseaux sociaux pour constater la gravité du phénomène. Les discours charismatiques ou les vidéos de propagande de Daech ont un impact certain sur les convictions des jeunes marocains. Ces publications invoquent souvent l'unité d'une nation de l'islam radical, et une construction sociale basée sur l'application stricte de la Charia.
Des risques importants de récupération par les réseaux terroristes
La dangerosité de ce renfermement réside également dans les nouveaux modes de recrutement des organisations terroristes.
En effet, on observe l'apparition depuis quelques semaines du l'appellation "Loups solitaires". Un terme utilisé par les membres de l'organisation État islamique pour désigner les individus qui opèrent dans les pays dans lesquels ils résident. Ces personnes sont appelées à commettre des crimes ou attentats à l'intérieur des pays où ils vivent.
Ces "loups solitaires" répondent aux critères que nous avons cité précédemment: ils sont isolés, hargneux contre une catégorie de personnes et manipulés par les discours jihadistes.
Le mécanisme de radicalisation est, à l'évidence, un processus beaucoup plus complexe. Il intègre plusieurs paramètres sur lesquels nous ne nous sommes pas penchés. Toutefois, il serait absurde d'ignorer le rôle important que joue l'enseignement dans la construction du citoyen de demain. Il est temps de penser un nouveau schéma qui garantit la transmission des valeurs humaines dans l'école marocaine.
Il est ainsi urgent d'opérer une refonte globale du système éducatif, tant au niveau des programmes que de la morale qu'elle diffuse. Par exemple, la religion ne peut pas être la seule source de morale.
Par souci de cohérence, cette réforme doit nécessairement s'accompagner d'une législation adéquate qui garantit l'intégralité des droits et des libertés tels que reconnus par la communauté internationale. Ce n'est qu'à ce moment là que nous pourrons espérer sortir, sans trop de dégâts, de la spirale infernale du radicalisme rampant.
http://www.medias24.com/…/156310-Comment-l-Education-nation…
Plusieurs sujets d'examens de la matière d'éducation islamique proposés cette année au bac interpellent et inquiètent une grande partie des internautes marocains.
Les énoncés portent une atteinte grave aux valeurs les plus élémentaires de civisme et de l’Etat de droit. Ces sujets d'épreuves ne sont que la partie visible de l'iceberg. Ils interrogent sur le système de valeurs que l'école marocaine ambitionne de transmettre ainsi que sur le type d’enseignement reçu par l’élève au cours de l’année écoulée. Ils s'inscrivent dans une tendance qui inhibe totalement l'esprit critique et la raison.
Les exemples de sujets d'examens qui consacrent le rejet de la différence sont nombreux. L'un d'entre eux, proposé à l'académie de Souss-Massa-Draa, diabolise le travail associatif en faveur des droits de l'Homme, allant jusqu'à affirmer clairement et sans détours que les défenseurs des droits humains incitent à la violence, au tabagisme, au harcèlement, à la profanation et à la destruction des biens publics.
Réagissant à la vague d'indignation dans les réseaux sociaux, l'inspecteur coordinateur régional de la matière d'éducation islamique de la région de Souss-Massa-Draa s'est exprimé ce jeudi 2 juillet, par voie de communiqué, pour arrondir les angles sur la question de l'épreuve proposée.
Dans sa mise au point, le coordinateur régional s'excuse de toute atteinte faite aux défenseurs des droits humains, et ajoute que l'intention des membres de la commission n'était en aucun cas celle de nuire aux valeurs humaines.
Les commissions régionales pointées du doigt
Médias 24 a contacté Mohammed Sassi, directeur de l'évaluation et des examens au ministère de l'Education nationale. Il nous a confié que "par souci de discrétion, les commissions régionales spécialisées travaillent en groupe restreint pour élaborer les sujets d'examens. Les membres de ce groupe de travail sont les seuls à connaître le contenu de l'épreuve. Il existe, parmi eux une personne, appelés "corailleur", qui ne participe pas à l'élaboration du sujet d'examen. Son rôle est de passer l'épreuve après son édition, et de noter toutes les remarques, en relevant ce qui susceptible d’empêcher une bonne compréhension du texte par le candidat ou des soucis de forme ou de fond. Il doit rapporter ses remarques aux autres membres, dans le cas où il constaterait un problème de mise en situation", chose qui, en l’occurrence, n'a pas été faite.
"Un sujet d'examen peut bel et bien être conforme au programme et au cadre référentiel, sans pour autant être adéquat sur le plan de sa mise en situation" explique Mohammed Sassi, qui ajoute: "dans pareils cas, le directeur de l'académie a la possibilité de demander des explications à la commission qui a élaboré ce sujet d'examen."
L'éducation islamique, seule matière véhiculant la morale
Il est certain que cet énoncé n'est que l'arbre qui cache la forêt. Elle donne une idée générale sur les valeurs inculquées aux élèves tout le long de leur scolarité par des enseignants d'éducation islamique. Pour ne rien arranger, une étude récente réalisée par le ministère de l'Education nationale montre que la plupart des valeurs sont véhiculées par la seule matière de l'éducation islamique.
Pire que la simple diabolisation des défenseurs des droits humains, une autre épreuve montre l'étendue du non-sens dans lequel baigne l'Education nationale. Il est demandé, en somme, de prouver que la théorie de l'évolution est fausse, car elle s'oppose aux textes religieux. Cela, au moment où l'élève étudie, parallèlement, les principes de base de la génétique et des mutations cellulaires dans la matière des sciences naturelles.
L'école fabrique des individus égarés
Le conflit de référentiels auquel est confronté le lycéen marocain contribue à sa perdition. Faut-il suivre la voie de la raison ou se plier à la pensée religieuse sans opposition?
Cette dichotomie dans l'éducation marocaine contribue à créer un individu meurtri, tiraillé entre une peur mystique du jugement et une curiosité naturelle propre à l'espèce humaine. Et il est clair que dans le système éducatif national, l'éducation islamique s'accapare la part du lion sur l'échelle des valeurs.
La conclusion est évidente: quand l'éducation islamique propose une lecture qui s'oppose à la science, c'est la raison qu'il va falloir mettre en veilleuse!
L'instabilité de l'élève à l'âge de l'adolescence accentue cette perturbation, faisant de lui un être vulnérable incapable de s'opposer à n'importe quel discours pour peu qu'il contienne quelques connotations religieuses.
On peut d'ores et déjà avancer que de nombreux enseignants d'éducation islamique prônent un discours qui divise la société. Basé sur le rejet de la différence, et appelant à un renfermement de la société sur des valeurs exclusivement religieuses, au détriment du droit, de la raison et du bon sens.
La responsabilité de l'Education nationale est avérée dans ce processus. Car, plutôt que de prôner un discours d'unité, de paix et d'acceptation de l'autre, à travers des modules scolaires qui ne laissent aucune place à l’ambiguïté, on préfère jeter la pierre à ceux qui ne ressemblent pas au modèle du Marocain pieux que l'Education nationale est en train de construire. D'ailleurs, d'autres sujets d'éducation islamique proposés cette année incitent au prêche de la bonne parole et à l’immixtion dans la vie privée des gens. Une sorte de police de la vertu, menée à titre individuel.
Les élèves deviennent vulnérables aux discours jihadistes
Un élément de taille s'ajoute à cette équation, le jeune marocain ignore tout ou presque de ses origines, de ses traditions, de son histoire et de sa culture. Il est perdu, isolé et soumis à une profonde crise identitaire. Le jeune Marocain est, dès lors, en proie à la première tentative de récupération, et réceptif à toute forme de discours haineux ou de tentative de lavage de cerveau.
Il suffit d'ailleurs de parcourir les réseaux sociaux pour constater la gravité du phénomène. Les discours charismatiques ou les vidéos de propagande de Daech ont un impact certain sur les convictions des jeunes marocains. Ces publications invoquent souvent l'unité d'une nation de l'islam radical, et une construction sociale basée sur l'application stricte de la Charia.
Des risques importants de récupération par les réseaux terroristes
La dangerosité de ce renfermement réside également dans les nouveaux modes de recrutement des organisations terroristes.
En effet, on observe l'apparition depuis quelques semaines du l'appellation "Loups solitaires". Un terme utilisé par les membres de l'organisation État islamique pour désigner les individus qui opèrent dans les pays dans lesquels ils résident. Ces personnes sont appelées à commettre des crimes ou attentats à l'intérieur des pays où ils vivent.
Ces "loups solitaires" répondent aux critères que nous avons cité précédemment: ils sont isolés, hargneux contre une catégorie de personnes et manipulés par les discours jihadistes.
Le mécanisme de radicalisation est, à l'évidence, un processus beaucoup plus complexe. Il intègre plusieurs paramètres sur lesquels nous ne nous sommes pas penchés. Toutefois, il serait absurde d'ignorer le rôle important que joue l'enseignement dans la construction du citoyen de demain. Il est temps de penser un nouveau schéma qui garantit la transmission des valeurs humaines dans l'école marocaine.
Il est ainsi urgent d'opérer une refonte globale du système éducatif, tant au niveau des programmes que de la morale qu'elle diffuse. Par exemple, la religion ne peut pas être la seule source de morale.
Par souci de cohérence, cette réforme doit nécessairement s'accompagner d'une législation adéquate qui garantit l'intégralité des droits et des libertés tels que reconnus par la communauté internationale. Ce n'est qu'à ce moment là que nous pourrons espérer sortir, sans trop de dégâts, de la spirale infernale du radicalisme rampant.
http://www.medias24.com/…/156310-Comment-l-Education-nation…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire