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lundi 25 mai 2015

«Zine li fik» (Much Loved) ou la réalité qui fait mal


Ali Fkir, Internationaliste marocain, 25/5/2015


 Nabil Ayouch vient de jeter un véritable pavé dans "la mare dormante " de la morale dominante. Le film « Zine Li Fik »( Much Loved ) a « scandalisé » plus d’un. Les « Cachez ce sein que je ne saurais voir » sont « choqués ». Ils crient : au scandale ! Il faut reconnaître que chacun de nous porte en lui l’âme de Tartuffe. Il est vraiment immortel ce personnage de Molière.
 
De quoi s’agit-il ?
D’après ce que j’ai lu, d’après les extraits (vidéos) que j’ai pus voir, le film met à nu, entre autres, une partie « intime » de la société marocaine, société où l’hypocrisie règne en maîtresse sans partage.
J’en ai déduit, que le film a mis, publiquement, en relief :
-         La « vulgarité » du langage de la rue, des bars, des palaces, des villas, des commissariats, des prisons, des casernes…langages utilisés avec zèle par ceux qui dispersent un sit in pacifique.
-         Le commerce florissant du sexe et de la drogue. D’aucuns feignent ignorer que c’est grâce à ce commerce (en grande partie) que nos « réserves » en devises fortes se portent bien. Les pétrodollars des orgies des émirs arabes et les euros des pédophiles occidentaux alimenentent les caisses de plus d’un.
-         La débauche sans commune mesure, de ceux qui sont sensés « protéger » les lieux saints du Moyen Orient
…et j’en passe.
 Bien ! A ma connaissance, le cinéma est désigné comme « 7ème art ». Indiscutablement, c’est un art ; art enfanté par l’évolution de l’Humanité, par le développement de la science et de la technologie. Il a constitué une révolution. Une révolution continue dans le temps, conquérante dans l’espace.
 Je ne suis pas un critique du cinéma. Mes adhésions aux « ciné-clubs » des années 60 sont insuffisantes pour que je puisse porter un « jugement de valeur » sur ce film. Malgré cela, je me permets de classer ce film dans ce qu’on appelle « le réalisme critique » mélangé au « naturalisme ». Je suis persuadé que le but de Nabil Ayouch n’est pas de proposer des « alternatives », ni de donner des leçons à qui que ce soit. Ce sera l’œuvre des éventuels engagés ,  qu’ils soient progressistes ou réactionnaires.
 Pour mieux comprendre la société marocaine dans sa complexité, l’Histoire fera de ce film une référence incontournable. 
 
 A ma première lecture (pendant les années 70) du « pain nu » de Mohamed Choukri, je fus pris d’un léger malaise. Ils étaient beaucoup à être scandalisés. Le temps, l’évolution des mentalités… ont fait de cet ouvrage une source d’inspiration, de critique, un « rétroviseur » pour mieux voir une réalité de jadis.
Rappelons ici quelques écrits littéraire qui avaient choqué dans le passé les « âmes sensibles » des classes conservatrices, écrits devenus aujourd’hui œuvres littéraires de haute valeur, œuvres qui « procurent »  un bonheur aux lectrices et aux lecteurs de toute la planète.
- « Madame Bovary de » Flaubert
- « L’amant de lady Chatterley » de D.H. Lawrence. (La publication du livre a provoqué un scandale en raison des scènes explicites de relations sexuelles, de son vocabulaire considéré comme grossier et du fait que les amants étaient un homme de la classe ouvrière et une aristocrate. WIKIPEDIA)
      -« Don Quichotte » de Miguel De Cervante. (« C’est pourquoi don Quichotte est véritablement scandaleux : voulant accomplir les grands mots creux qui servent à la fois la bonne conscience et les mauvaises actions de tous, il crée une situation proprement impossible qui force le monde à avouer sa tricherie.
Ainsi la fausseté de don Quichotte contribue finalement à la vérité, puisqu’elle démasque l’imposture primordiale de toute société policée; mais sous la façade de culture et d’idéologie qui dissimule ses mobiles intéressés, le monde de son côté n’a pas tout à fait tort puisqu’il met à nu l’infantilisme et l’impuissance de l’individu insoumis, fanatisé par son propre rêve d’absolu. En face du monde discordant dont il prend au mot l’idéal de parade, don Quichotte fait assurément figure d’inspiré… Par Marthe Robert ».
     - « Le Père Goriot » de Honoré Balzac
     - « Germinal »  d’Emil Zola
…et ce , sans parler des « épopées » de Kaïs oua Leila, de Jamal oua Boutaïna…chez les arabes, de Tislit et Isli chez lea amizighs d’Imilchil, « aventures/mésaventures », aujourd’hui,  racontées avec « nostalgie » et admiration par plus d’un.
يقولون : جاهد يا جميل بــــــــــغزوة
و أي جهاد غيرهن أريـــــــــــــــــــد ؟
لكل حديث بينهن بشــــــاشــــــــــــة
و كل قتيل عندهن شهيــــــــــــــــــــــد
 ِCes vers qui avaient scandalisé  dans le passé lointain les   couches sociales semi féodales dominantes, ont été réhabilités dans l’enseignement au cours des années 60 et 70 (années de lumière au Maroc, culturellement parlant), sont aujourd’hui rejetés dans les « oubliettes » , le règne de l’obscurantisme oblige.
   Rappelons aussi les difficultés qu’avaient rencontrées Charly Chapelin aux USA au lendemain de la sortie de son superbe film « Les temps modernes », film qui avait scandalisé les industriels américains par sa critique acerbe du Taylorisme.
En conclusion : osons-nous nous regarder dans le miroir de l’art, même si la réalité nous choque. Le commerce du sexe et de la drogue, la débauche régnante dans les hautes sphères de notre société, l’hypocrisie sociale dominante…font, malheureusement, partie de notre « identité nationale ». Tant qu’il y aura de la misère, de l’analphabétisme, de la tyrannie politique… cette amère réalité ne fera que s’aggraver.
Chapeau bas Monsieur Nabil Ayouch ! Vous avez mis le doigt là où il faut. Les sociétés n’évoluent vite que par des « coups d’éclat ».
     Ali Fkir, le 30 mai 2015  

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