Algérie résistance
Algérie : une frontière et des dangers
Par Mohsen Abdelmoumen, 26/10/2014
L’Algérie
face au danger terroriste. D.R.
L’Algérie a une frontière commune
avec sept pays africains, sur une
longueur totale de plus de 6300 km, ce
qui constitue un facteur géostratégique
très important. Cependant, elle fait
face en ce moment à un siège qui ne dit
pas son nom, allant de sa frontière Est
à celle du Sud, pendant qu’à l’Ouest, le
régime monarchique du Maroc mobilise ses
troupes de contrebandiers de la drogue
et du carburant dans une manœuvre
pernicieuse visant l’Algérie.
Non
content de cela, le royaume du tourisme
sexuel n’a pas hésité à acheter de
nombreux journalistes dans des médias
français pour discréditer l’Algérie,
comme ce fut révélé par le mystérieux
Chris Coleman, celui que l’on appelle
désormais le Snowden arabe. Celui-ci a
détaillé le rapport qu’entretient le
Makhzen avec ces journalistes français,
chargés d’appuyer la monarchie archaïque
du Maroc dans sa gestion du dossier du
Sahara Occidental qui, rappelons-le,
reste un cas non résolu de colonisation.
La campagne de dénigrement du Maroc
envers l’Algérie dure depuis des années
mais elle a pris un tour nouveau avec
une rumeur qui a fait le tour des
réseaux sociaux concernant le
redessinnement de la frontière
algéro-marocaine sous la supervision de
militaires français quand, peu avant la
fête de l’Aid El Kébir, le Maroc aurait
annexé, d’après une information qui
émane du Makhzen, une partie du sol
algérien à 15 km d’Oujda. Quelque temps
plus tard, le Maroc inventait un
incident qui se serait produit à la
frontière, accusant l’armée algérienne
d’avoir tiré sur des ressortissants
marocains et d’avoir blessé grièvement
l’un d’entre eux. Par ailleurs, les
récentes sorties fracassantes de
l’avocat des familles des moines de
Tibhirine, le français Patrick Baudouin,
après la visite en Algérie du juge
Trévidic, ont à nouveau propagé la bonne
vieille thèse du « qui-tue-qui » si
chère à la France, mais sachant qu’il
existe une relation douteuse entre
l’avocat et la monarchie du Maroc, cet
acharnement ne nous étonne pas outre
mesure.
En effet,
les liens très étroits entre Patrick
Baudouin et le franco-marocain Driss
el-Yazami qui ont siégé tous deux au
sein de la FIDH (Fédération
Internationale des ligues des droits de
l’homme) et dont ils ont été
respectivement président et secrétaire
général adjoint, nous démontrent s’il en
est besoin que la main du Makhzen traîne
en des lieux où elle ne devrait pas
être. Surnommé « l’homme du Makhzen »,
Driss el-Yazami est un proche de la
famille royale et il n’a jamais cessé de
nier l’existence des centres de
détention et de torture au Maroc, malgré
un rapport de 6600 pages de
la CIA publié en 2014 le contredisant,
ce qui est tout de même assez étonnant
de la part d’un défenseur acharné des
droits de l’homme, qui plus est,
récipiendaire de la Légion d’honneur. A
travers ces deux compères, Baudouin et
el-Yazami, nous assistons donc à autre
forme de campagne de dénigrement ciblant
l’Algérie et émanant de la monarchie
obsolète du Maroc et de la France en
déclin. Le Maroc, au lieu de respecter
le droit international et les
résolutions de l’ONU, met sa tête dans
le sable comme l’autruche et persiste à
fabriquer un ennemi imaginaire qui n’est
autre que l’Algérie qu’il considère
comme son ennemi personnel, poussant
l’effronterie jusqu’à construire un mur
le long de sa frontière, imitant ainsi
son bon ami Israël, sous l’œil
bienveillant de la France qui joue la
double carte, montrant patte blanche à
Alger tout en entretenant une crise
entre le Maroc et l’Algérie. Plus
l’Algérie s’affaiblit sur le plan
régional et sur le plan national, plus
la France se renforce, que ce soit en
décrochant des contrats faramineux, ou
en s’implantant de plus en plus en
Afrique et en récupérant ses anciennes
colonies. Ce n’est pas un hasard si la
France est derrière les tentatives du
Maroc de vouloir jouer un rôle majeur au
Sahel, bien que son ambassadeur pour les
Nations Unies, Gérard Araud, ait déclaré
en 2011, comme l’a relaté Javier Bardem,
le grand défenseur de l’autonomie du
Sahara Occidental : « le Maroc est une
maîtresse avec
laquelle on dort toutes les nuits, dont
on n’est pas particulièrement amoureux,
mais qu’on doit défendre ».
La France coloniale machiavélique n’est
savante que dans la division, attisant
le feu entre l’un et l’autre tout en
assurant son soutien aux deux camps.
Jamais les relations entre l’Algérie et
la France n’ont été meilleures, pourtant
celle-ci continue à alimenter et à
soutenir le Maroc dans sa démarche
aveugle à vouloir déstabiliser l’Algérie
par son plan d’inondation du territoire
algérien avec des tonnes de drogue et le
trafic des contrebandiers. La
stigmatisation de l’Algérie menée par
les journalistes français soudoyés par
le Makhzen n’est donc pas incohérente et
s’accorde parfaitement avec la politique
coloniale de la France qui profite plus
que certainement de la faiblesse du
pouvoir algérien actuel qui a avantagé
les entreprises françaises en leur
octroyant des contrats mirobolants. En
soufflant le chaud et le froid au
Maghreb et au Sahel, la France applique
à la lettre le « chaos constructif »
prôné par Susan Rice. Les néocons
seraient-ils au pouvoir à Paris ? La
même configuration a eu lieu en Libye où
la France a armé des terroristes pour
démolir le pays après avoir entretenu
des rapports amicaux avec Kadhafi, le
recevant à Paris et obtenant de lui des
apports financiers juteux. Les deux
paradigmes, à savoir l’influence de
l’ancien colonisateur et la faiblesse
des pouvoirs en place dans les pays
africains, nous montre à quel point
l’instabilité avec ses différents
visages sera une conséquence inévitable
pour le continent africain. Pour
s’affranchir du néocolonialisme français
ou autre, il faut de véritables Etats,
solides, avec des gouvernements forts
ayant un ancrage populaire. Actuellement
le continent africain vit des fléaux
comme la pauvreté, l’analphabétisme, les
guerres tribales et diverses maladies,
ce qui ne l’immunise certes pas contre
les manœuvres ordurières de l’ancien
colonisateur qui continue à dicter sa
loi à des pouvoirs fantoches et faibles,
quand ils ne sont pas anti nationaux.
Les gesticulations compulsives de la
monarchie marocaine sont loin d’être
innocentes et comportent un danger qui
vient s’ajouter à l’instabilité totale
qui règne le long de la frontière Est
longeant la Libye, où des tentatives
d’incursions terroristes ne cessent de
se produire. L’armée algérienne, l’ANP,
fait face à de véritables épreuves, tant
dans la lutte contre les terroristes qui
cherchent à commettre des attentats en
Algérie, que dans la poursuite des
contrebandiers qui se sont multipliés
après la chute de la Libye dévastée.
N‘oublions pas non plus la Tunisie, où
les groupes terroristes sévissent à leur
guise et où les attentats sont le lot
quotidien de la population, et la
déclaration du Premier ministre tunisien
affirmant que les terroristes basés en
Libye ont des plans d’attaque visant la
Tunisie et l’Algérie confirme nos
propos. En Tunisie, les résultats des
élections verront les ex-responsables du
régime de Ben Ali et le parti Ennahdha
se partager le gâteau, et on nous parle
de « révolution » ! Face au retour en
force des ex-responsables de Ben Ali,
Ennahdha a promis aux Américains de
faire profil bas dans le but
d’accueillir la confrérie des Frères
musulmans chassés récemment du Qatar. En
effet, comment expliquer le silence
d’Ennahdha, spécialiste des
manifestations « spontanées », face au
retour des anciens du régime de Ben
Ali ? Sans parler de la base secrète
américaine sur le sol tunisien concédée
par Ennahdha. Encore un pays instable le
long de nos frontières immenses. Et les
« bobos » rêvant des révolutions à la
Gene Sharp d’Otpor nous vantent le
modèle tunisien ! Les frontières Sud,
quant à elles, sont loin d’être sûres
et, bien pire, comportent de nombreux
périls, notamment de la part des
terroristes qui circulent librement
depuis le chaos que la France et l’Otan
ont installé en Libye en broyant ce
pays. Le président égyptien Al Sissi,
dans une lettre transmise par son
ministre des Affaires étrangères aux
autorités algériennes, évoque un danger
visant l’Algérie et l’Egypte à travers
la Libye. Un attentat ciblant l’armée
égyptienne qui a tué 30 soldats et
blessé 29 autres a eu lieu à Al-Ariche,
ce vendredi 24, corroborant les
avertissements du président égyptien. Un
scénario du type Tiguentourine contre
l’Algérie n’est pas à exclure, et notre
armée déjoue tous les jours des
tentatives d’attentats. En réalité,
l’Algérie est en guerre permanente sur
plusieurs fronts. Ajoutons à ce tableau
la crise des réfugiés maliens et
subsahariens qui ont afflué par milliers
en Algérie avec tous les dangers que
cela comporte, tant au niveau sanitaire
que sécuritaire. Les autorités
algériennes n’étant aucunement préparées
à ce flux migratoire, elles ont laissé
une énorme quantité de réfugiés se mêler
à la population sans contrôle ni
organisation, or nul pays au monde ne
peut accepter des migrants sans
connaître leur origine et leur passé, et
sans avoir minutieusement étudié leur
cas. Cet afflux de réfugiés comporte un
risque supplémentaire allant de la
contrebande aux différents trafics,
voire même au terrorisme. Aucune mesure
sérieuse n’a été prise par le
gouvernement algérien dans l’accueil des
réfugiés, alors que l’on évoque des cas
d’Ebola au Mali.
De ce constat accablant, il appert
que quelque 6300 km doivent
impérativement être surveillés et
sécurisés par l’armée algérienne et les
garde-frontières, ce qui constitue un
défi majeur et pose un véritable
problème en terme de charge de travail,
sachant que des nations comme la Libye
ont quasiment disparu de la carte, et
que nous sommes entourés de pays
démantelés, pratiquement sans armée, si
ce n’est des milices islamistes qui ont
prêté allégeance à Daech-ISIS, comme
dans le califat de Darna en Libye. La
France s’en lave les mains, bien qu’elle
ait semé le chaos en Libye, au Sahel, au
Mali, en laissant ce cadeau empoisonné à
l’Algérie et celle-ci est amenée à jouer
un rôle essentiel dans le règlement de
ces conflits, car il y va de la
stabilité du territoire algérien.
Contrairement à ce que croient les
politiciens occidentaux dans leur
aveuglement à ignorer les menaces
réelles, la problématique des frontières
algériennes et leur instabilité concerne
toute l’Europe. Si aujourd’hui l’Algérie
tient bon, c’est grâce à son armée
endurcie depuis des années dans la lutte
antiterroriste. Cependant, les
puissances occidentales n’organisent
aucun sommet ou congrès pour évaluer et
étudier les implications concernant
l’insécurité qui prévaut au Sahel et qui
menace la stabilité déjà précaire de
tout le continent africain. Au
contraire, les gouvernements occidentaux
pratiquent une politique de fuite en
avant en refusant d’appuyer la feuille
de route algérienne pour régler la crise
libyenne, les pays occidentaux
s’alignant sur la France qui n’a jamais
abandonné sa politique Françafrique. On
constate une fois de plus avec
ahurissement l’arrogance des politiciens
français qui osent donner des leçons de
démocratie à toute la planète, comme le
député UMP Jacques Myard, membre de la
Commission des Affaires étrangères du
Parlement français et engraissé par
l’argent du contribuable, qui lance un
appel contre la venue des réfugiés en
France. Messieurs les Français, vous
semblez oublier que vous avez armé les
djihadistes en Syrie et en Libye et que
la crise actuelle du Sahel, à laquelle
l’Algérie fait face bien malgré elle,
n’est que la résultante de votre
aventurisme politique ! Allez donc
régler la crise du Sahel, Monsieur
Myard, et emmenez avec vous Marine Le
Pen qui est partie en croisade contre
les immigrants à Calais. Devant de tels
comportements, il est évident que la
droite et l’extrême-droite françaises
continuent à jouer sur la fibre de la
xénophobie et du racisme primaire,
démontrant ainsi que la France n’a pas
changé depuis Pétain. Il faut noter par
ailleurs que le dispositif Frontex,
agence européenne pour la sécurité et
les frontières extérieures de l’Union
européenne, est un échec monumental
imputable aux Européens hypocrites qui
pourchassent les réfugiés tout en
déstabilisant et détruisant leurs pays
d’origine.
L’enjeu des frontières algériennes ne
concerne pas que l’Algérie et sachant
qu’elle est la porte vers l’Europe, le
continent européen doit prendre cette
affaire au sérieux au lieu de se livrer
à un jeu pervers en affirmant une chose
et son contraire.
Messieurs les
Français, on vous attend sur le dossier
sahraoui. Pourquoi tenez-vous tant à ce
que le Sahara occidental soit marocain à
tout prix, et cela en dépit des
résolutions de l’ONU ? Il est clair que
vous n’appliquez que les règlements qui
vous conviennent. Pourquoi ne pas
soutenir la feuille de route algérienne
dans la résolution de la crise
libyenne ? Pourquoi le dossier des
réfugiés maliens, libyens et tant
d’autres n’a-t-il pas été évoqué dans
vos assemblées et vos conseils des
ministres qui, au lieu de se pencher sur
ces sujets graves, ressemblent de plus
en plus à des cours de récréation ? Vos
guéguerres partisanes ne sont que des
chamailleries de gamins. Un peu de
dignité, Messieurs les politiciens
français ! Votre pays symbolise le
déclin, il faudra bien l’accepter, et il
est inutile de chercher des ennemis à
l’extérieur alors qu’il est en
vous-mêmes, dans votre atavisme de
nation colonisatrice. Quel est le bilan
de vos opérations militaires Serval et
Barkhane ? Nous ne voyons aucun
résultat, à quoi a servi votre présence
au Sahel ? Qu’avez-vous fait pour
combattre le terrorisme ? Donnez-nous
des chiffres et pas seulement des
bobards ! Ce n’est pas coutumier de la
part de « grandes gueules » de pratiquer
l’omerta sur leurs conquêtes militaires
et votre silence qui ne correspond pas à
votre profil de franchouillards
arrogants et prétentieux en dit long sur
votre fiasco militaire au Mali et au
Sahel en général. Réglez les problèmes
et les crises que vous avez créés plutôt
que de nous transmettre la patate chaude
en ignorant vos responsabilités. Prenez
en charge les millions de gens que vous
avez jetés sur les routes avec vos
bombardements et vos interventions
criminelles, plutôt que de compter sur
l’Algérie pour réparer vos dégâts !
Pendant que vous entraînez l’Afrique
dans des conflits sans fin, le troisième
round de négociations entre Bamako et
les groupes armés du nord Mali s’est
ouvert à Alger, ce mardi 21 octobre,
dans le but de rétablir la paix dans le
nord du Mali. C’est donc encore
l’Algérie qui doit assumer une charge
dont elle se serait passée et qui vous
incombe ! Personne ne voulant prendre la
peine de trouver des solutions, il est
essentiel pour l’Algérie de régler ces
conflits en pesant avec sa diplomatie
bien rodée dans des pays comme la Libye
ou le Mali. L’Algérie doit jouer un rôle
pour que ces crises ne débordent pas
d’avantage sur son territoire, la
géographie étant primordiale en matière
de diplomatie. Cette démarche
diplomatique algérienne est vitale, mais
il faut aussi apporter des solutions
politiques à nos problèmes internes
comme celui de la crise de Ghardaïa qui
est très dangereuse pour le pays. Le
prolongement stratégique de l’Algérie ne
peut qu’être africain, et à cette fin il
faut intensifier la présence algérienne
avec le lobbying partout en Afrique en
renouant avec notre art de la diplomatie
et en renforçant les relations entre
nations, aussi bien par des coopérations
que par des investissements qui couvrent
tout le continent. Cet objectif
ambitieux est à la portée de notre pays
qui a les moyens et les compétences
nécessaires, à condition qu’il existe
une volonté et un courage politique.
Il ne faut pas mésestimer l’exode
massif de réfugiés subsahariens qui
constitue une véritable bombe à
retardement pour l’Algérie et qui
s’ajoute à toutes les menaces qui
ciblent notre pays. Dans notre enquête
de terrain, nous avons vu une situation
catastrophique pour les Algériens due à
l’ingérence de la France en Afrique. Au
lieu d’organiser des ratonnades à
Calais, Marine Le Pen et consorts
devraient s’occuper de ces immigrés
subsahariens. L’Algérie n’a pas
l’exclusivité de la résolution des
problèmes de ces réfugiés. La France est
à l’origine de la crise du Sahel,
qu’elle la solutionne ! Qu’elle prenne
ses responsabilités en accueillant tous
ces gens que sa politique insensée a
précipités dans la misère et la
détresse ! Le laxisme des autorités
algériennes concernant le traitement
de ces réfugiés est plus que douteux, et
s’il y a un accord entre le pouvoir
algérien actuel faible et la France
concernant ce dossier, en l’occurrence
l’accueil des migrants subsahariens dont
les Maliens sont majoritaires, il ne
peut qu’être caduc, car il ne concerne
pas le peuple algérien. Si le pouvoir
algérien actuel en manque de légitimité
avec un président impotent qui ne
représente que lui-même s’est porté
garant avec son frère cadet des intérêts
de la France, il ne représente en rien
les intérêts algériens. Messieurs les
politiciens français, rendez-nous
service, prenez en charge les réfugiés
des pays que vous déstabilisez, c’est la
moindre de choses.
Mohsen Abdelmoumen
Publié sur Oximity le 26/10/2014:https://www.oximity.com/article/Alg%C3%A9rie-une-fronti%C3%A8re-et-des-1
sur Whatsupic:http://fr.whatsupic.com/sp%C3%A9ciale-monde/alg%C3%A9rie-une45098.html
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire