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vendredi 31 octobre 2014

Répression et attaques contre les jeunes et les travailleurs au Maroc

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Par Luc Vancauwenberge, 29/10/2014

Le pouvoir marocain mène une offensive contre les activistes, en particulier contre l’Association marocaine des droits humains (AMDH) et les jeunes du Mouvement du 20 Février (M20F) qui luttent pour la démocratisation du pays. En même temps, ce même pouvoir a engagé de lourdes attaques contre les travailleurs. L’AMDH-Belgique appelle à un rassemblement ce 1er novembre devant l’ambassade du Maroc à Bruxelles.



Depuis juillet dernier, une quarantaine d'activités de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) ont été interdites, allant de sit-in, conférences, conférence de presse à une caravane de solidarité avec les migrants africains et aux camps d'été de formation. Ce harcèlement par le pouvoir n'est certes pas nouveau, mais il s'est intensifié ces derniers mois.
Le 23 juillet 2014, suite à l’interdiction pour la section AMDH de la ville de Tahla de tenir une conférence de presse, le pacha (haut fonctionnaire chargé de l'administration) de la ville a avisé la section d’« instructions émanant d’en haut lieu demandant d’interdire à l’AMDH d’organiser ses activités dans les salles publiques et ce au niveau national ».
Entre 2010 et 2014, une vingtaine de militants de l’AMDH ont été poursuivis ou condamnés, outre des dizaines d'étudiants et de jeunes du M20F (la version marocaine du Printemps arabe, qui lutte pour la démocratisation du pays et contre les pouvoirs excessifs du roi Mohamed VI).
D’autres organisations ont aussi été victimes de la main lourde du pouvoir. Ainsi, le 13 septembre 2014, le siège de l’Association médicale de réhabilitation des victimes de la torture (AMRVT) a été saccagé pour la deuxième fois. Et, le 1er septembre dernier, la section marocaine d’Amnesty International n’a pu organiser la 16e édition d’un camp de jeunesse,.

L'impunité demeure la règle

Khadija Ryadi, ancienne présidente de l’AMDH, lauréate du prix 2013 de l’ONU pour la cause des Droits de l’homme, a dénoncé : « Le point le plus important aujourd’hui, c’est que l’impunité règne au Maroc. C’est elle qui autorise les violations graves des Droits de l’homme commises par l’État, car ses responsables ne sont jamais poursuivis pour leurs crimes. La justice marocaine n’est pas indépendante, elle est instrumentalisée par le pouvoir et permet de blanchir ceux qui se rendent coupables de violations des Droits de l’homme. Les détournements de fonds publics, le pillage des ressources naturelles du Maroc par des entreprises ou des individus sont des crimes mais ne sont jamais punis et cela encourage d’autres à agir de même. »
Le pouvoir marocain aime à souligner les progrès en matière des droits humains. Comparée aux « années de plomb » sous le roi Hassan II (père du roi actuel), caractérisées par une répression sanglante, des milliers de prisonniers politiques, des enlèvements, disparitions, tortures, la situation est en effet meilleure, mais sans qu’on puisse toutefois parler d’un changement fondamental : le roi est toujours tout-puissant et au-dessus de la loi, la justice est aux ordres du Palais, etc. En outre, ces dernières années, on constate un retour croissant aux veilles pratiques. Le rapporteur spécial de l’ONU Juan Mendez a dénoncé « l’usage de la torture systématique au Maroc pour les cas impliquant des manifestants anti-gouvernementaux et ceux qui sont accusés de terrorisme ».
Les auteurs de la répression sanglante pendant les « années de plomb » n’ont jamais été poursuivis et beaucoup sont toujours en place. L’impunité demeure la règle, encore aujourd'hui. Comble de cynisme: le Maroc se prépare à accueillir le Forum mondial des droits de l’Homme en novembre 2014...
Mais l’AMDH ne reste pas les bras croisés : le 15 octobre dernier, 87 sections locales de l’AMDH ont organisé des actions partout au Maroc sous le slogan « Pour les droits et libertés nous militons, face à l’agression du Makhzen nous résistons » (le Makhzen est le nom donné au système organisé autour du Palais, le vrai pouvoir au Maroc). Le 2 novembre, une nouvelle marche est prévue.

Possibilité d’un large mouvement social

Ces attaques intensifiées se produisent au moment ou le gouvernement marocain, dirigé par l’islamiste Benkiran (sous le patronage bien sûr du Palais), annonce de graves attaques contre les droits des travailleurs, surtout du secteur public.
Parmi ces attaques, le rehaussement de l'âge de la retraite de 60 à 65 ans d’ici 2020, la hausse du montant des cotisations et un nouveau système de calcul de la retraite sur les 8 dernières années et non le dernier salaire perçu. Selon les syndicats, cela conduirait à une baisse de 25 à 30 % du montant des retraites. Le plan prévoit également le gel des salaires des fonctionnaires. En outre, les tarifs du carburant, de l'eau, de l’électricité ont été augmentés. Pour le seul mois d'août 2014, le prix de l'eau a augmenté de 12 %, celui de l'électricité de 6 %. 
Le gouvernement s’attaque également aux droits syndicaux, avec notamment un service minimum dans les secteurs stratégiques.
Jusqu’à présent, la solidarité des syndicats avec le M20F est restée au stade des mots, mais cela pourrait changer. Si les deux se rejoignent, cela pourrait donner un cocktail explosif pour le régime avec, d’un côté, des revendications socio-économiques et, de l’autre, des revendications politiques. Le 23 septembre dernier, une partie des syndicats a déjà organisé une grève générale dans la fonction publique, largement suivie. Ce 29 octobre, les syndicats remettent ça.
Appel à un rassemblement 
en soutien aux organisations de droits humains au Maroc le 1er novembre 
devant l’ambassade du Maroc
 à Bruxelles.
Rassemblement à 15 heures
 devant l’ambassade du Maroc à Bruxelles
 située au 29, Boulevard Saint Michel,
 1040 Bruxelles (Etterbeek).
 https://www.facebook.com/groups/amdhbelgique/

Libération pour Wafaa Charaf !

Le 20 octobre dernier, la Cour d'Appel de Tanger a condamné la jeune militante Wafaa Charaf (26 ans) à deux ans de prison ferme.
Wafaa est active au sein de la jeunesse du parti marxiste la Voix démocratique (Annahj Addimocrati), et est également membre de l’AMDH et du M20F.
Tanger dispose d’une zone franche qui confère de nombreux avantages aux entreprises qui s’y installent (exonération de charges fiscales et sociales), surtout des multinationales, comme par exemple Renault. Mais la zone franche est aussi un lieu de non-droit pour les travailleurs. Le 27 avril dernier, Wafaa avait participé à un rassemblement de soutien à des ouvriers de la multinationale américaine Greif (numéro un mondial de l’emballage industriel), licenciés après la création d’une section syndicale. À l’issue de ce rassemblement, la militante était embarquée par des inconnus qui l’ont brutalisée, questionnée sur ses activités, avant de l’abandonner couverte de blessures au bord d’une route, en pleine nuit, à une quinzaine de kilomètres de la ville. Elle avait décidé de porter plainte pour enlèvement, séquestration et menaces.
Mais plutôt que de mener à l'identification de ses agresseurs, cela a eu pour effet qu’elle a elle-même été arrêtée le 9 juillet, et condamnée le 11 août en première instance à un an de prison ferme et à une amende équivalente à 5000 euros pour « allégations mensongères de torture ». Le procès a été qualifié d’ « inéquitable » et de « politique » par la Ligue des droits de l’Homme (LDH).
Lors de l’audience en appel du 20 octobre, des camarades de Wafaa ont organisé un sit-in devant les locaux du tribunal sous le slogan : « Ils généralisent la répression, alors généralisons la solidarité ».
Lors du procès, des ouvrières licenciées sont venues soutenir Wafaa. Fatima Khayati a déclaré : « Elle était notre plus précieux soutien, notre porte-voix. Payés 2300 dirhams (environ 200 euros), nous étions méprisés, maltraités. Nous voulions simplement faire respecter nos droits, améliorer nos conditions de travail. Mais, lorsque nous nous sommes syndiqués, la réaction des patrons a été sauvage. » Une autre ouvrière licenciée, Khadija Amaouche, acquiesce : « C’est une multinationale puissante, il est difficile de s’y attaquer. Wafaa s’est montrée solidaire de notre lutte de bout en bout. » (L’Humanité, 24/09)
À la stupeur générale, le juge a doublé la peine à deux ans ferme !
Soutenez Wafaa Charaf en lui écrivant :

Wafaa CharafNumero 92694Prison civile de TangerAvenue Moulay Rachid90000 Tanger
Maroc

www.solidaires.org

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