AFPS, 11/8/2014
Paris,
Londres et Berlin, nous dit-on,
appellent à un
cessez-le feu
immédiat
à Gaza.
Pour ces chancelleries, « la
trêve doit
prévoir des
mesures susceptibles de répondre
à la fois
aux préoccupations
d’Israël en
matière de
sécurité et aux
demandes palestiniennes en ce qui concerne la levée des restrictions sur
Gaza ». Le discours est bien rodé et l’initiative européenne serait à saluer
comme un exemple de bon sens et de juste équilibre.
Sauf
qu’en l’espèce l’équilibre est foncièrement faussé. Il renvoie à un discours
malheureusement classique en ce qu’il traduit l’incapacité de penser la
question israélo-palestinienne
en termes d’égalité de
droits. Les préoccupations
et besoins des Palestiniens en matière de
sécurité sont
tout aussi fondamentaux que ceux des Israéliens. C’est vrai pour Gaza comme
pour le reste de la Palestine. L’exigence de sécurité doit être la même pour
tous. Cela veut certes dire l’arrêt des roquettes sur Israël, mais tout autant
l’arrêt des opérations de toute nature contre Gaza ou des exactions, de la
répression et de la colonisation en Cisjordanie.
Quant au
discours sur la « démilitarisation » de Gaza, il est indécent face à une
des plus grandes puissances militaires mondiales, et lorsque l’on voit que la
communauté internationale n’a rien su faire depuis 20 ans pour protéger les
Palestiniens des exactions de l’État d’Israël. Engager l’Europe dans cette
voie la transformerait en auxiliaire de la « loi du plus fort » israélienne
qui vient ce matin encore, avec des moyens colossaux et après avoir détruit sa
maison, d’assassiner près de Naplouse un jeune cadre du Fatah. La vraie question
est celle des conditions de la mise en place d’une protection internationale
du peuple palestinien.
La
notion de « levée des restrictions sur Gaza » de son côté est éminemment
floue. Elle n’aurait de sens que s’il s’agissait d’une manière diplomatique de
traduire « levée du blocus et du siège » qui seules répondent en effet aux
besoins de la population martyre de Gaza. Le siège et le blocus ne peuvent que
générer étranglement économique, appauvrissement massif, crise
humanitaire et catastrophe sanitaire et donc menacer en
retour Israël.
La levée
du blocus de Gaza, c’est permettre le libre redémarrage des activités
économiques y compris la pêche, c’est permettre la reconstruction de
l’aéroport détruit par Israël depuis 13 ans et la construction du port mille
fois promise et jamais réalisée, c’est ouvrir le libre passage vers son
arrière-pays
naturel :
la Cisjordanie.
Faut-il
rappeler par ailleurs, qu’au
delà de
l’étranglement
de Gaza, la question de la libération
des prisonniers politiques reste incontournable pour permettre tout
règlement
politique ?
Si les
grands pays européens manifestent enfin la volonté d’affronter une occupation
militaire qui concerne aussi la paix et la sécurité en Europe, ce ne peut pas
être de façon aussi ambiguë. Ils ne peuvent être crédibles en passant pour
pertes et profits les quelque 2000 morts et les milliers de blessés de Gaza.
Ils ne peuvent faire comme si tout au long de ces années, Israël ne s’était
arrogé le droit d’intervenir sans limite à Gaza pour y assassiner qui bon lui
semble. Ils doivent appuyer la commission d’enquête du Conseil des droits de
l’homme de l’ONU et faire savoir qu’ils soutiendront les démarches
palestiniennes pour signer le statut de Rome et intégrer la Cour pénale
internationale (CPI).
La seule
voie possible aujourd’hui est la levée immédiate et inconditionnelle du
blocus de Gaza, associée à la revitalisation du processus politique amorcé
par le gouvernement palestinien d’entente nationale. L’État d’Israël, qui
a tout fait jusqu’ici pour saboter cette voie, n’y viendra pas sans de réelles
pressions de la communauté internationale.
Il faut
faire entendre à Israël que l’ère de son impunité est terminée, et qu’il ne
peut plus dicter ses conditions à l’Europe. Il faut sans délai cesser toute
coopération militaire avec Israël, mettre un embargo sur les armes et
suspendre l’Accord d’association UE-Israël en
s’appuyant
sur la clause de sauvegarde de son article 2 qui le lie au respect des droits
de l’homme.
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