Des milliers de personnes ont manifesté
Le gouvernement conservateur canadien vient d’opposer une fin de non-recevoir à la demande d’entrée au Canada pour assurer des soins à une centaine d’enfants palestiniens blessés par les récents bombardements de l’armée israélienne sur la bande de Ghaza.
Cette initiative vient d’un médecin canado-palestinien, le docteur
Izzeldin Abuelaish, qui a lui-même perdu trois de ses filles, en 2009,
tuées par le tir d’un char israélien sur leur maison à Ghaza. Cette
expérience est racontée dans un livre qu’il a publié en 2011 sous le
titre Je ne haïrai point. Le gouvernement canadien justifie sa décision
par les risques liés au transport qui pourrait aggraver l’état de santé
de ces enfants.
La séparation de ces enfants de leurs familles en serait l’autre
raison, selon le porte-parole du ministère canadien des Affaires
étrangères. Le Dr Abuelaish a affirmé aux médias canadiens qu’il est
choqué par le fait qu’on puisse refuser des soins à un enfant blessé.
«Imaginez un moment que ce soit votre enfant», s’est-il adressé aux
conservateurs. «Notre responsabilité éthique est de leur prodiguer
l’aide nécessaire au moment où ces enfants en ont besoin», a-t-il
ajouté.
Pour lui, si la volonté politique est présente, il suffit d’un avion
pour ramener ces enfants. Et l’avion est prêt. Il a aussi mis à
contribution les services médicaux et sociaux de la province de
l’Ontario. Les 100 enfants, qu’il compte toujours ramener malgré le
refus du gouvernement qui doit délivrer les visas, ont des blessures ou
sont dans un état qui leur permet de voyager de Ghaza jusqu’au Canada.
La majorité a besoin de soins orthopédiques, de chirurgie plastique,
vasculaire ou nerveuse.
Plusieurs citoyens canadiens ont proposé d’héberger ces enfants pendant
leur séjour au Canada. Le ministre ontarien de la Santé a affirmé, dans
un communiqué, qu’il y a «une responsabilité morale à assister les
enfants blessés dans des conflits armés». Pour ne pas laisser mourir ce
projet, le Dr Abuelaish a lancé une pétition sur internet dans l’espoir
d’avoir un appui populaire massif qui infléchirait la position du
gouvernement canadien.
Cette attitude du gouvernement canadien ne surprend pas les
observateurs qui y voient une volonté des conservateurs de ne pas
laisser une telle opération aboutir, car elle risque de ternir l’image
de leur allié dans l’opinion publique. Dès le début des bombardements
israéliens sur Ghaza, le Premier ministre, Stephen Harper, s’est porté
pour la défense d’Israël. Il affirmé à plusieurs reprises que «le Canada
continuera d’appuyer de façon inébranlable le droit d’Israël de se
défendre».
Le dernier appui à Israël remonte à deux jours avec la mise en place
d’une commission d’enquête de l’ONU sur de possibles crimes de guerre à
Ghaza. Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, s’en est pris à
cette commission. «C’est une honte totale, qui ne fera rien pour
promouvoir la paix et la dignité dans la bande de Ghaza et pour le
peuple palestinien», a-t-il dit.
Marche pour Ghaza
L’attitude du gouvernement canadien dans le dossier palestinien a été
dénoncée par plus de 10 000 personnes lors d’une marche qui a sillonné
les rues de Montréal, dimanche dernier. Organisée par une coalition de
syndicats, d’organisations populaires ou communautaires ainsi que des
partis politiques, la marche avait pour but d’exiger l’arrêt de
«l’agression israélienne contre Ghaza» qui est «soutenue par le Canada»
et «la fin du blocus de Ghaza», entre autres.
«Ghaza, Ghaza le Québec est avec toi», «Ghaza, Ghaza, le Québec ne
t’oublie pas» ou «Israël assassin, Harper complice», sont quelques-uns
des slogans entendus pendant la marche. Les organisateurs ont tenu à
rappeler que ce qui se passe en Palestine est une guerre d’occupation.
«Nos voix porteront dans les rues, dans les organisations, dans les
médias sociaux et dans les élections», s’est adressée aux manifestants
l’une des organisatrices.
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