Le Comité de Soutien en France aux Détenus Politiques au Maroc est en deuil.
Avec tristesse et révolte nous avons appris le martyr de Mustapha Meziani, mort hier mercredi 13 aout 2014 au CHU de Fès après la grève de la faim de 72 jours.
Mustapha Meziani est un grand militant de la Voie Démocratique Basiste ( VDB) dirigeant de l’UNEM. Né en 1984, il a eu son baccalauréat en 2003/04 avec mention assez bien. Il a intégré l’université Dhar El Mahraz faculté des sciences option physique.
Dans un contexte de lutte estudiantine contre les mesures répressives du régime marocain contre les étudiants et une offensive sans précédent contre eux et leurs dirigeants syndicaux de l’UNEM , les militants et cadres de la VDB, l’administration de la faculté des sciences a expulsé Mustapha et l’a empêché de poursuivre ses études de Master.
Grand militant marxiste léniniste qu’il est, entier qu’il est, il a observé une grève de la faim depuis le 3 juin 2014 devant les bureaux du doyen de la faculté des sciences, le Pr Ouazzani Jamil Mohamed, en demandant son droit de passer les examens et sa réinscription.
Le Pr Ouazzani et son ministre Daoudi ont vu la demande de Mustapha d’un autre œil puisque Daoudi considère que les diplômés des universités du pays notamment celle des lettres sont un danger pour le pays. Une volonté claire du ministre d'en « finir » avec les activités et les réclamations des étudiants de ce campus universitaire historique et à travers lui tous les établissements universitaires du pays afin de les céder sur un plat en or aux investisseurs privés. Une volonté intégriste du régime dont le but est de priver les fils d’ouvriers, de paysans et des masses populaires de leur droit à l’enseignement.
Les administrations universitaires sur ordre de l’Intérieur, lui-même aux ordres du roi autorisent l’intervention des forces de l’ordre même au sein de l’université pour casser les actions menées par les étudiants sous l’égide de l’UNEM et sous la direction de la VDB et surtout pour arrêter, torturer et emprisonner les militants de l’UNEM, tout ça sous le regard de la plupart des enseignants qui applaudissent l’action policière et celle de leur administration. Le temps où les enseignants à travers leur syndicat étaient solidaires avec les étudiants est révolu, le syndicat des enseignants est dans l’obéissance totale aux ordres des partis de l’opposition complices avec le régime.
Faudrait-il rappeler que toutes les forces politiques au Maroc à une exception près n’ont pas soutenu ni informé l’opinion publique marocaine de la grève de la faim qu’observait Mustapha. Aucun syndicat n’a porté à la connaissance de ses adhérents et au public le combat que menait Mustapha. Ces forces, par leur silence, sont complices du meurtre de Mustapha Meziani. Nous condamnons ce silence et la complicité de ces forces.
Mustapha Meziani a été enlevé et arrêté par la police depuis son sit in et sa grève de la faim dans l’établissement de la faculté des sciences. Menotté, interrogé et remis au dépôt dans la prison de Aine Kadouss, Mustapha a continué sa grève de la faim.
L’acharnement de l’administration universitaire et de l’Intérieur a continué sur Mustapha et ils ont usé ses forces jusqu’à ce que son corps lâche hier mercredi 13 aout 2014 menotte à la main sous le regard du corps médical du CHU à Fès.
Ils l’ont torturé à petit feu pendant 72 jours de grève de la faim. Ils ont sucé son sang jusqu’à sa dernière goutte sans répondre à ses revendications.
La volonté de tuer Mustapha Meziani de la part des responsables du pays le Maroc et ses administrations universitaires policières et pénitentiaires à Fès est manifeste.
Malgré les actions de ses amis camarades , sa famille et des familles d’autres détenus, la sourde oreille a été la réponse faite à Mustapha. Les responsables du Maroc ainsi que l’administration de l’Enseignement supérieur et celle de l’université de la faculté des sciences à Fès sont les seuls responsables de la mort de Mustapha Meziani.
Nous condamnons cet acte barbare commis contre Mustapha Meziani et l’atteinte à sa vie. Nous tenons le Pr Ouazzani doyen de la faculté des sciences à Fès, le président de l’Université Dhar El Mahraz le Dr Omar El Sabhi, le ministre Daoudi, aux ordres de la monarchie, comme responsables directs de la mort de l’étudiant et du militant de l’UNEM, Mustapha Meziani.
D’autres détenus politiques croupissent dans les prisons, à leur tête les grévistes de la faim dans la prison de Ain Kadouss qui observent depuis dimanche dernier /10 aout 2014 la grève de la faim. Ils sont au nombre de onze.
Nous demandons leur libération sans condition. Ce sont tous des militants et cadres de l’UNEM et appartiennent à la VDB.
En ce moment même la famille du martyr Mustapha Meziani subit des pressions et chantages de la part du régime. Les services de police ont ordonné à la famille d’enterrer leur fils dans un endroit inconnu que ces mêmes services choisiront. Le père de Mustapha a rejeté en bloc ces demandes et a refusé ce chantage. Bien qu’il ait accompli les lourdes formalités, son père n’a pas encore reçu la dépouille de son fils. Le régime continue de s’acharner sur la famille comme si le martyr de leur fils ne lui suffisait pas. Nous condamnons ce traitement réservé à la famille du martyr.
Nos condoléances à sa famille, ses amis et camarades.
Le Comité de Soutien aux Détenus Politiques aux Maroc.
Fait en France le 14 aout 2014
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