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samedi 21 juin 2014

La justice espagnole assène une magistrale gifle à Benkirane

Demainonline, 19/6/2014

benkiki cembrero

Le procureur de la plus haute instance pénale d’Espagne rejette la plainte de Benkirane et du Makhzen contre le journaliste espagnole Ignacio Cembrero. 
Le procureur de l’Audience nationale, la plus haute instance pénale espagnole, à archivé, le mardi 17 juin, la plainte du premier ministre du Maroc, Abdelillah Benkirane, contre celui qui était à l’époque le directeur d’El País (Javier Moreno) et contre l’auteur du blog Orilla Sur (Ignacio Cembrero) hébergé sur le site du journal.
Le procureur considère qu’ils n’ont commis aucun délit.
Cette décision sera communiquée dans les prochains jours au Gouvernement du Maroc à travers le Ministère de la justice espagnol, d’après des sources judiciaires.
Benkirane avait porté plainte, le 20 décembre 2013, au nom du Gouvernement du Maroc, pour « apologie du terrorisme », contre Cembrero (article 578 du code pénal espagnol). Ce journaliste d’El País avait mis sur son blog, le 13 septembre 2013, la première vidéo d’Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) entièrement consacrée au Maroc. Dans le « papier » qui accompagnait la vidéo il y disait que c’était un document de propagande terroriste et que le Maroc avait été le pays d’Afrique du Nord le plus épargné par les attaques d’AQMI grâce à l’efficacité de ses forces de sécurité et à la légitimité de sa monarchie comparée aux républiques arabes environnantes.
La vidéo, qu’El País retira du blog le 17 septembre, est toujours visible sur d’autres sites, notamment américains et spécialisés en terrorisme comme TRAC. Benkirane n’a pas porté plainte contre eux. En Espagne le Ministère de l’intérieur a également mis sur son site, le 22 juin 2013, la vidéo d’un jihadiste espagnol de Ceuta qui s’immole en Syrie en faisant sauter un bâtiment.
Benkirane s’est fait représenter en Espagne par l’avocat José Luis Sanz Arribas. Au cours de sa longue carrière il a défendu, entre autres, deux militaires impliqués dans la tentative de coup d’État de 1981. Il a aussi été l’avocat du chef mafieux italien Giovanni Greco, extradé par l’Espagne en Italie, et du trafiquant d’armes d’origine syrienne Monzer al Kasser, extradé aux États-Unis.
Sanz Arribas a formulé sa plainte auprès du Procureur général de l’Etat (équivalent espagnol du Procureur général de la République en France), ce qui est légal mais atypique. Celui-ci ne peut traiter directement la plainte mais seulement la transmettre au procureur de l’Audience nationale ce qu’il fit à là mi janvier. En bonne logique Benkirane aurait dû la formuler, selon des sources judiciaires, auprès du juge de permanence de l’Audience nationale mais il ne l’a sans doute pas fait de crainte qu’elle soit tout de suite archivée.
Le procureur de l’Audience nationale n’a pas classée la plainte. Il a ouvert le 20 mars une enquête qui a consisté, pour l’essentiel, à faire traduire la vidéo de l’arabe à l’espagnol et à demander à El País si le document d’AQMI avait pu être consulté à partir du blog Orilla Sur et pendant combien de temps. Une fois son enquête terminée il a classé l’affaire. Aucun recours ne peut être formulé contre cette décision.
Au Maroc le journaliste marocain indépendant Ali Anouzla, directeur du site d’information Lakome à Rabat, a été arrêté, le 17 septembre 2013, et emprisonné pour avoir mis un lien entre un de ses articles et le blog d’Ignacio Cembrero. Il a été accusé par le juge d’instruction d’apologie, d’incitation et d’aide matérielle au terrorisme. Il risque 20 ans de prison. Depuis fin octobre il est en liberté provisoire, grâce notamment aux démarches du Département d’État américain, mais Lakome demeure fermé.
Trois semaines après que la plainte marocaine soit parvenue à l’Audience nationale espagnole, Javier Moreno, à l’époque directeur d’El País, a retiré à Cembrero la couverture journalistique du Maghreb pour l’envoyer à l’équipe qui élabore le quotidien du dimanche. Cembrero a demandé à ce que son transfert soit ajourné jusqu’à ce que la plainte marocaine soit archivée, mais la direction d’El País lui a répondu que sa mutation pressait. Elle lui a donné trois jours ouvrables pour changer de service. Cembrero a quitté El País le 30 avril dernier.
La plainte du Maroc contre El País et Cembrero a été recueillie par de nombreux médias au Maghreb et aussi en France (Le Monde, Libération, L’Express, Le Point, AFP), au Benelux (Le Soir, Volkskrant, L’Essentiel) et en Afrique subsaharienne (Gabon, Sénégal etc). Deux sites spécialisés aux États-Unis s’en sont également fait écho. El País n’a pas repris cette information.
Durant plusieurs mois, le Makhzen, sa presse aux ordres et les marionnettes islamistes, d’Abdelilah Benkirane à El Mostafa Ramid en passant par le ministre de la communication Mustapha El Khalfi, avaient juré partout que l’affaire était grave, qu’elle attentait contre la sécurité du Maroc et qu’on allait voir ce qu’on allait voir.
Finalement, on n’a rien vu. A part le ridicule dans lequel s’est mis volontairement le gouvernement marocain.

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