Sahara occidental : Le représentant du Front Polisario à l’Onu dénonce l’obstruction au référendum
Ahmed Boukhari D.R |
Le représentant du Front Polisario à l’Onu, Ahmed Boukhari, a dénoncé à
New York, l’obstruction à la tenue d’un référendum d’autodétermination
au Sahara occidental, occupé par le Maroc, appelant le Conseil de
sécurité à assumer toute sa responsabilité pour régler la question
sahraouie.
M. Boukhari s’exprimait, lundi, à la réunion du comité spécial de l’ONU
chargé de la décolonisation, ou comité des 24, qui a été consacrée au
dossier du Sahara occidental. Dans son intervention, le représentant
sahraoui a rappelé que le Sahara occidental est la dernière colonie
africaine qui attend toujours sa décolonisation totale. « C’est un
affront pour l’Afrique », s’est-il indigné, en précisant que le Sahara
occidental est un « dossier colonial » qui se trouve sur un sol
(l’Afrique) dont la lutte pour la liberté a inspiré, dans une large
mesure, la résolution 1514 de l’Assemblée générale portant création du
comité de décolonisation. Dans ce sens, il a cité l’ancien président
sud-africain, Thabo Mbeki, qui a qualifié la situation au Sahara
occidental de « source de honte pour nous les Africains ».
Le Maroc a choisi de remplacer le colonisateur européen
M. Boukhari a pointé du doigt «l’immense responsabilité de l’ONU et
donc du comité, brutalement paralysés par le coup de force perpétré en
octobre 1975, à savoir l’invasion puis l’occupation militaire du Maroc,
comme le reconnaissent les résolutions pertinentes de l’Assemblée
générale de l’ONU». Le Maroc «a choisi de remplacer le colonisateur
européen face à un peuple qui résiste et lutte pour son droit
d’exister», a-t-il affirmé. A ce propos, il a observé que «si l’ONU a
fini par convaincre le Maroc d’organiser un référendum, qui était prévu
pour 1992, et d’accepter avec le Front Polisario les différentes options
d’autodétermination, les autorités marocaines n’ont pas hésité,
finalement, à proclamer unilatéralement le Sahara occidental comme
partie intégrante de leur territoire».
M. Boukhari a, ainsi, dénoncé
l’obstruction à la tenue du référendum d’autodétermination, arguant que
le statu quo est «l’option préférée du Maroc qui peut ainsi s’adonner à
la répression brutale de la population sahraouie et à l’exploitation des
ressources naturelles, en particulier la pêche et le phosphate ». Dans
ce sillage, il a dénoncé le lancement par le Maroc d’opérations pour les
explorations pétrolières sur les côtes sahraouies, ce qui complique les
efforts de décolonisation de l’ONU. Tout cela a été rendu possible,
a-t-il déploré, par « une sorte d’abdication des organes de l’ONU
impliqués dans le processus de décolonisation ». Pourtant, le Front
Polisario «n’a cessé de coopérer pour en finir avec une situation qui
entache la crédibilité de l’ONU», a-t-il affirmé, appelant le Conseil de
sécurité à assumer «toute sa responsabilité».
Le Maroc sape les efforts de Christopher Ross
M. Boukhari a également dénoncé l’attitude du Maroc « qui continue à
saper les efforts » de l’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU
pour le Sahara occidental, Christopher Ross, qui n’a pas pu entamer les
visites dans la région, alors qu’elles étaient prévues pour les mois de
mai et juin en cours. Il a également appelé l’Union africaine à
renouveler sa volonté d’œuvrer de concert avec l’ONU pour mettre fin au «
dernier conflit colonial » sur la terre d’Afrique. Le représentant
sahraoui a, en outre, exhorté le comité onusien de décolonisation de
sortir de sa «longue hibernation» à travers des visites sur le terrain
pour être «plus proche de la réalité». Selon lui, « ne rien faire, c’est
aller dans le sens des voix et des intérêts de ceux qui veulent
liquider ce comité spécial » en invitant ce dernier à dépêcher une
mission sur place. «La paix et la stabilité dans la région, ainsi que la
crédibilité du comité l’exigent », a-t-il soutenu.
Lors de cette réunion de travail du comité de décolonisation, le
représentant de l’Equateur a regretté, pour sa part, qu’en plein XXIe
siècle, le monde doit encore «traiter d’un anachronisme qu’est le
colonialisme».
Il a appuyé «sans réserve» les efforts de M. Christopher Ross et le
rétablissement du droit inaliénable du peuple sahraoui à
l’autodétermination, ainsi que le travail de la Mission des Nations
unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso)
tout en appelant à la mise en place d’un mécanisme de surveillance de
la situation des droits de l’homme au Sahara occidental. En avril
dernier, le Conseil de sécurité a adopté une résolution sur le Sahara
occidental dans laquelle il a appelé à une solution qui «permette
l’autodétermination du peuple du Sahara occidental» et s’est clairement
prononcé contre la situation de statu quo tout en relevant l’importance
d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental.
Préalablement à l’élaboration et à l’adoption de cette résolution, cet
organe de décision de l’ONU a pris connaissance du dernier rapport
annuel du secrétaire général de l’ONU sur la question sahraouie dans
lequel M. Ban Ki-moon a rappelé au Conseil que le dossier du Sahara
occidental est un problème de décolonisation. Le chef de l’ONU a invité
les deux parties au conflit (Maroc et Front Polisario) à reconnaître la
nécessité urgente de progresser et à dialoguer sérieusement sur deux
questions clefs : le contenu d’une solution politique et la forme de
l’autodétermination, mais s’il n’y aura aucun progrès avant avril 2015,
a-t-il avisé, le moment sera alors venu pour le Conseil de sécurité de
revoir totalement le cadre qu’il a fixé en avril 2007 pour le processus
de négociation.
Le Front Polisario demande l’envoi d’une commission d’enquête onusienne
Le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies, Ahmed
Boukhari, a demandé à la commission de décolonisation l’envoi d’une
commission d’enquête au Sahara occidental. M. Boukhari a réitéré, dans
son intervention, lors de la réunion de juin de la commission de
décolonisation, la demande du Front Polisario relative à l’envoi d’une
commission d’enquête au Sahara occidental, a indiqué l’Agence de presse
sahraouie (SPS).
Le représentant du Polisario a précisé que « le meilleur moyen de
concrétiser cette démarche est d’aller directement sur le terrain »,
assurant que l’Assemblée générale et la commission de décolonisation
sont comptables de son aboutissement. M. Boukhari a estimé, par
ailleurs, que le rapport de la commission d’enquête publié le 14 octobre
1975 était « le premier rapport détaillé reçu par l’Assemblée générale
depuis que la cause sahraouie a été intégrée dans l’agenda de
décolonisation en 1963 », ajoutant que les recommandations contenues
dans ce document « ont été consolidées par l’avis consultatif de la Cour
internationale de justice le 16 octobre 1975 ».
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