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samedi 21 juin 2014

Le Maroc sape les efforts de Christopher Ross, Ahmed Boukhari dénonce l’obstruction au référendum

Le représentant du Front Polisario à l’Onu, Ahmed Boukhari, a dénoncé à New York, l’obstruction à la tenue d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental, occupé par le Maroc, appelant le Conseil de sécurité à assumer toute sa responsabilité pour régler la question sahraouie.
M. Boukhari s’exprimait, lundi, à la réunion du comité spécial de l’ONU chargé de la décolonisation, ou comité des 24, qui a été consacrée au dossier du Sahara occidental. Dans son intervention, le représentant sahraoui a rappelé que le Sahara occidental est la dernière colonie africaine qui attend toujours sa décolonisation totale. « C’est un affront pour l’Afrique », s’est-il indigné, en précisant que le Sahara occidental est un « dossier colonial » qui se trouve sur un sol (l’Afrique) dont la lutte pour la liberté a inspiré, dans une large mesure, la résolution 1514 de l’Assemblée générale portant création du comité de décolonisation. Dans ce sens, il a cité l’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, qui a qualifié la situation au Sahara occidental de « source de honte pour nous les Africains ».

Le Maroc a choisi de remplacer le colonisateur européen

M. Boukhari a pointé du doigt «l’immense responsabilité de l’ONU et donc du comité, brutalement paralysés par le coup de force perpétré en octobre 1975, à savoir l’invasion puis l’occupation militaire du Maroc, comme le reconnaissent les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale de l’ONU». Le Maroc «a choisi de remplacer le colonisateur européen face à un peuple qui résiste et lutte pour son droit d’exister», a-t-il affirmé. A ce propos, il a observé que «si l’ONU a fini par convaincre le Maroc d’organiser un référendum, qui était prévu pour 1992, et d’accepter avec le Front Polisario les différentes options d’autodétermination, les autorités marocaines n’ont pas hésité, finalement, à proclamer unilatéralement le Sahara occidental comme partie intégrante de leur territoire». 
M. Boukhari a, ainsi, dénoncé l’obstruction à la tenue du référendum d’autodétermination, arguant que le statu quo est «l’option préférée du Maroc qui peut ainsi s’adonner à la répression brutale de la population sahraouie et à l’exploitation des ressources naturelles, en particulier la pêche et le phosphate ». Dans ce sillage, il a dénoncé le lancement par le Maroc d’opérations pour les explorations pétrolières sur les côtes sahraouies, ce qui complique les efforts de décolonisation de l’ONU. Tout cela a été rendu possible, a-t-il déploré, par « une sorte d’abdication des organes de l’ONU impliqués dans le processus de décolonisation ». Pourtant, le Front Polisario «n’a cessé de coopérer pour en finir avec une situation qui entache la crédibilité de l’ONU», a-t-il affirmé, appelant le Conseil de sécurité à assumer «toute sa responsabilité».

Le Maroc sape les efforts de Christopher Ross

M. Boukhari a également dénoncé l’attitude du Maroc « qui continue à saper les efforts » de l’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, qui n’a pas pu entamer les visites dans la région, alors qu’elles étaient prévues pour les mois de mai et juin en cours. Il a également appelé l’Union africaine à renouveler sa volonté d’œuvrer de concert avec l’ONU pour mettre fin au « dernier conflit colonial » sur la terre d’Afrique. Le représentant sahraoui a, en outre, exhorté le comité onusien de décolonisation de sortir de sa «longue hibernation» à travers des visites sur le terrain pour être «plus proche de la réalité». Selon lui, « ne rien faire, c’est aller dans le sens des voix et des intérêts de ceux qui veulent liquider ce comité spécial » en invitant ce dernier à dépêcher une mission sur place. «La paix et la stabilité dans la région, ainsi que la crédibilité du comité l’exigent », a-t-il soutenu.
Lors de cette réunion de travail du comité de décolonisation, le représentant de l’Equateur a regretté, pour sa part, qu’en plein XXIe siècle, le monde doit encore «traiter d’un anachronisme qu’est le colonialisme».
Il a appuyé «sans réserve» les efforts de M. Christopher Ross et le rétablissement du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination, ainsi que le travail de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) tout en appelant à la mise en place d’un mécanisme de surveillance de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental. En avril dernier, le Conseil de sécurité a adopté une résolution sur le Sahara occidental dans laquelle il a appelé à une solution qui «permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental» et s’est clairement prononcé contre la situation de statu quo tout en relevant l’importance d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental. Préalablement à l’élaboration et à l’adoption de cette résolution, cet organe de décision de l’ONU a pris connaissance du dernier rapport annuel du secrétaire général de l’ONU sur la question sahraouie dans lequel M. Ban Ki-moon a rappelé au Conseil que le dossier du Sahara occidental est un problème de décolonisation. Le chef de l’ONU a invité les deux parties au conflit (Maroc et Front Polisario) à reconnaître la nécessité urgente de progresser et à dialoguer sérieusement sur deux questions clefs : le contenu d’une solution politique et la forme de l’autodétermination, mais s’il n’y aura aucun progrès avant avril 2015, a-t-il avisé, le moment sera alors venu pour le Conseil de sécurité de revoir totalement le cadre qu’il a fixé en avril 2007 pour le processus de négociation.

Le Front Polisario demande l’envoi d’une commission d’enquête onusienne
Le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies, Ahmed Boukhari, a demandé à la commission de décolonisation l’envoi d’une commission d’enquête au Sahara occidental. M. Boukhari a réitéré, dans son intervention, lors de la réunion de juin de la commission de décolonisation, la demande du Front Polisario relative à l’envoi d’une commission d’enquête au Sahara occidental, a indiqué l’Agence de presse sahraouie (SPS).
Le représentant du Polisario a précisé que « le meilleur moyen de concrétiser cette démarche est d’aller directement sur le terrain », assurant que l’Assemblée générale et la commission de décolonisation sont comptables de son aboutissement. M. Boukhari a estimé, par ailleurs, que le rapport de la commission d’enquête publié le 14 octobre 1975 était « le premier rapport détaillé reçu par l’Assemblée générale depuis que la cause sahraouie a été intégrée dans l’agenda de décolonisation en 1963 », ajoutant que les recommandations contenues dans ce document « ont été consolidées par l’avis consultatif de la Cour internationale de justice le 16 octobre 1975 ».

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