Par : Djamel Bouatta, 10/3/2014
Une lettre à François Hollande enflamme les relations maroco-françaises
Zakaria Moumni, ancien champion
de boxe au Maroc, qui avait déposé une plainte contre le chef des
barbouzes de son pays qu'il accuse de l'avoir torturé en 2010, réclame
aujourd’hui une enquête approfondie, indépendante et impartiale dans une
lettre au président français.
Une demande qui ne va pas arranger les relations entre Paris et Rabat en crise depuis la mi-février. Après une convocation par un juge français visant Abdellatif Hammouchi, le chef des services marocains, qui lui a été signifiée lors de son passage en région parisienne, Rabat a répliqué en convoquant l'ambassadeur de France au Maroc.
Et la polémique n’a cesse depuis d’enfler. Moumni est justement à l'origine de cet impensable coup de sang entre ces deux pays alliés depuis la décolonisation du Maroc par la France. Sa plainte a refroidi les relations franco-marocaines, et les clarifications de la France n’ont servi qu’à mettre de l’huile sur le feu. Mohammed VI a superbement rejeté les explications de l’Elysée et du Quai d’Orsay, prenant en personne la tête d’une croisade antifrançaise.
De l’incident diplomatique, le roi qui séjourne régulièrement dans ses multiples propriétés françaises, à Paris, en montagne et en bord de mer, est passé à la suspension de tous les accords de coopération judiciaire avec son partenaire d’outre-Méditerranée, menaçant de passer à plus. Mais il reste peu probable que Mohammed VI passe à la vitesse supérieure, comme toucher aux investissements économiques français ou aux somptueux palais des people et personnalités politiques français. La fâcherie est partie de l'ONG française ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture), qui a ouvert le dossier torture au Maroc, mettant à nu une royauté qui avait réussi à vendre auprès de ses amis d’Occident la propagande selon laquelle le Maroc est un havre de paix dans un Maghreb en crise sécuritaire, politique et dont les dirigeants sont en manque de crédibilité. Les démarches d’ACAT illustrées par la plainte du boxeur visent directement le patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, pour des faits de torture, elles ont déclenché les hostilités entre Rabat et Paris. Le boxeur affirme notamment avoir été torturé en présence de Abdellatif Hammouchi au centre de détention de Temara, dépendant de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST). Moumni avait été arrêté en septembre 2010 à son arrivée au Maroc de France où il réside et dont il a la nationalité, pour une histoire de 1200 euros promis à deux Marocains en échange de la promesse de leur trouver du travail en Europe. Condamné à 30 mois de prison en appel, il avait été libéré en février 2012 après 17 mois de détention suite à une grâce du roi Mohammed VI.
Plusieurs ONG avaient qualifié son procès d'inéquitable, et son épouse française, Taline, a affirmé qu'il avait été condamné pour avoir dénoncé la corruption au sein de la Fédération marocaine de boxe et réclamé un poste de conseiller sportif dans l'administration, auquel il avait droit en application d'un décret royal de 1967. Pour sa défense, l’ancien champion a fait appel à un virtuose du barreau parisien, l’avocat Patrick Baudoin, également président d'honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme. Moumni assure dans sa lettre à François Hollande que tout au long de ses quatre jours de tortures, ses geôliers n'ont cessé de lui répéter : “Ici, c'est l'abattoir de Sa Majesté et, nous, on ne dépend ni du ministère de l'Intérieur ni du ministère de la Justice, on travaille directement avec le roi. Et ça, c'est les ordres du roi.” Il explique également à Hollande avoir entrepris son action judiciaire en France en pensant à toutes les victimes de torture au Maroc qui ne peuvent saisir un juge chez eux, la justice étant au service exclusif du makhzen.
Une demande qui ne va pas arranger les relations entre Paris et Rabat en crise depuis la mi-février. Après une convocation par un juge français visant Abdellatif Hammouchi, le chef des services marocains, qui lui a été signifiée lors de son passage en région parisienne, Rabat a répliqué en convoquant l'ambassadeur de France au Maroc.
Et la polémique n’a cesse depuis d’enfler. Moumni est justement à l'origine de cet impensable coup de sang entre ces deux pays alliés depuis la décolonisation du Maroc par la France. Sa plainte a refroidi les relations franco-marocaines, et les clarifications de la France n’ont servi qu’à mettre de l’huile sur le feu. Mohammed VI a superbement rejeté les explications de l’Elysée et du Quai d’Orsay, prenant en personne la tête d’une croisade antifrançaise.
De l’incident diplomatique, le roi qui séjourne régulièrement dans ses multiples propriétés françaises, à Paris, en montagne et en bord de mer, est passé à la suspension de tous les accords de coopération judiciaire avec son partenaire d’outre-Méditerranée, menaçant de passer à plus. Mais il reste peu probable que Mohammed VI passe à la vitesse supérieure, comme toucher aux investissements économiques français ou aux somptueux palais des people et personnalités politiques français. La fâcherie est partie de l'ONG française ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture), qui a ouvert le dossier torture au Maroc, mettant à nu une royauté qui avait réussi à vendre auprès de ses amis d’Occident la propagande selon laquelle le Maroc est un havre de paix dans un Maghreb en crise sécuritaire, politique et dont les dirigeants sont en manque de crédibilité. Les démarches d’ACAT illustrées par la plainte du boxeur visent directement le patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, pour des faits de torture, elles ont déclenché les hostilités entre Rabat et Paris. Le boxeur affirme notamment avoir été torturé en présence de Abdellatif Hammouchi au centre de détention de Temara, dépendant de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST). Moumni avait été arrêté en septembre 2010 à son arrivée au Maroc de France où il réside et dont il a la nationalité, pour une histoire de 1200 euros promis à deux Marocains en échange de la promesse de leur trouver du travail en Europe. Condamné à 30 mois de prison en appel, il avait été libéré en février 2012 après 17 mois de détention suite à une grâce du roi Mohammed VI.
Plusieurs ONG avaient qualifié son procès d'inéquitable, et son épouse française, Taline, a affirmé qu'il avait été condamné pour avoir dénoncé la corruption au sein de la Fédération marocaine de boxe et réclamé un poste de conseiller sportif dans l'administration, auquel il avait droit en application d'un décret royal de 1967. Pour sa défense, l’ancien champion a fait appel à un virtuose du barreau parisien, l’avocat Patrick Baudoin, également président d'honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme. Moumni assure dans sa lettre à François Hollande que tout au long de ses quatre jours de tortures, ses geôliers n'ont cessé de lui répéter : “Ici, c'est l'abattoir de Sa Majesté et, nous, on ne dépend ni du ministère de l'Intérieur ni du ministère de la Justice, on travaille directement avec le roi. Et ça, c'est les ordres du roi.” Il explique également à Hollande avoir entrepris son action judiciaire en France en pensant à toutes les victimes de torture au Maroc qui ne peuvent saisir un juge chez eux, la justice étant au service exclusif du makhzen.
D B
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