Ali Anouzla ou le règne d’Ubu-Roi
L'autocratie marocaine n'a jamais abandonné ses vieux démons
et sa propension à tout contrôler, tout dominer, par l'arbitraire et
l'humiliation. D'ailleurs elle ne doit son pouvoir absolu post-colonisation
qu'à l'aide militaire des occupants français et espagnols qui ont écrasé les
forces démocratiques qui auraient pu lui porter ombrage. En en payant un prix
élevé : Abandon d'une partie du territoire national, soumission à
l'impérialisme économique et financier, collaboration avec le sionisme. Ainsi
ce régime peut se perpétuer avec la bénédiction de ses parrains étrangers. Ne
se maintenant que grâce à la corruption et à l'injustice. Et la soumission de
tous les partis politiques institutionnels, plus intéressés par les prébendes
que par l'intérêt du peuple. Et une élite moderniste séduite par les
sirènes d’un progrès illusoire et strictement encadré.
On a beaucoup glosé sur cette monarchie capable de se transcender et de se mettre au diapason des aspirations démocratiques universelles. Comme si le jeune âge et les virées sportives étaient synonymes de modernité démocratique. Chassez le naturel, il revient au triple galop. On a affaire à une monarchie de droit divin devant laquelle tout droit ou toute liberté doivent s’incliner. On comprend alors pourquoi la « lettre de cachet » emprisonnant Ali Anouzla a été acceptée avec servilité par la classe politique.
Les médias n'ont obtenu qu'une liberté de façade. Une
liberté surveillée, muselée, avec une petite carotte et surtout un gros bâton.
Des titres ont disparu. Des journalistes ont connu la prison. La peur et l'autocensure
fonctionnent déjà comme armes dissuasives. Les médias savent ce que les
recettes publicitaires leur rapportent et la main qui pourrait leur fermer ce
robinet financier devenu indispensable.
L’existence d’un média sur internet, libre et indépendant,
dirigé par des hommes intègres et courageux, même s’il ne représentait qu’une
goutte face à la vague monstrueuse du pouvoir et de ses obligés, devenait
intolérable. Comme un petit caillou dans les mocassins des dirigeants repus.
Non pas tant par le contenu des informations et des éditoriaux que par
l’exemple qu’il imposait et l’espoir qu’il suscitait, et la mauvaise conscience
qu’il donnait aux médias serviles ou qui font semblant de faire leur métier.
Que vive LAKOME !
Que vivent ses journalistes !
Et que la graine qu’il a semée porte ses fruits !
Jacob Cohen. Paris. 18 octobre 2013.
Publié par
Dé-Manipulations
à
10/18/2013 05:35:00 PM