Le 12 septembre, lors de sa session plénière, le Parlement européen a voté une résolution sur
les mineurs étrangers isolés. Il demande à la Commission européenne de
proposer des lignes directrices fixant des normes communes pour garantir
la protection des mineurs non accompagnés sur le territoire de l’Union
Européenne (UE).
Face au constat alarmant de l’augmentation considérable du nombre de
mineurs non accompagnés dans l’UE, la commission libertés civiles du
Parlement européen a décidé de rédiger un rapport proposant
une résolution sur cette question afin d’interpeller la Commission
européenne et les États membres. Cette résolution n’est cependant pas
contraignante, elle a une valeur politique permettant au Parlement
européen d’exprimer son avis et d’inciter la Commission à agir.
Toutefois, il peut arriver que la Commission européenne donne suite à
une résolution et lance une proposition législative ou politique pour
répondre au problème posé ainsi qu’à l’interpellation.
Le rapport et la résolution du Parlement européen contiennent des
constats et des recommandations pertinents. En résonance, sur certains
points, avec les préoccupations de La Cimade.
La résolution souligne que l’intérêt supérieur de l’enfant doit primer
sur les considérations de la politique intérieure et d’immigration : «
un mineur non-accompagné est avant tout un enfant potentiellement en
danger et […] la protection des enfants, et non les politiques de
l’immigration, doit être le principe moteur des États membres et de l’UE
à leur égard, afin d’assurer le respect du principe essentiel de
l’intérêt supérieur de l’enfant ». Selon le Parlement européen, les
mineurs non accompagnés sont souvent traités par les autorités « comme
des délinquants ayant violé la législation en matière d’immigration et
non pas en tant que sujets de droit qui découlent de leur âge et de leur
état ».
La résolution du Parlement européen demande que soit prêtée une
attention particulière à la situation des jeunes filles « qui sont deux
fois plus susceptibles d’être confrontées à des difficultés et à des
problèmes que les autres mineurs » car « elles sont souvent les cibles
principales de l’exploitation sexuelle, d’abus et de violence ». Le
Parlement européen rappelle qu’à ce titre, la lutte contre la traite des
êtres humains est primordiale.
La résolution condamne les lacunes actuelles existant en matière de
protection des mineurs non accompagnés et demande ainsi à la Commission
européenne d’adopter des lignes stratégiques à l’usage des États membres
pour la protection des mineurs non accompagnés. Elles devraient prendre
la forme de normes minimales communes et porter sur chaque étape du
processus, depuis l’arrivée du mineur sur le territoire européen jusqu’à
ce qu’une solution durable soit trouvée pour lui, afin de lui assurer
une protection adéquate. Le Parlement européen demande également aux
États membres d’adopter, sur la base de ces lignes stratégiques, des
stratégies nationales en faveur des mineurs non accompagnés et de
désigner un point de contact national chargé de coordonner la mise en
œuvre de ces mesures et actions.
Le Parlement européen exhorte, dans sa résolution, les États membres à «
respecter strictement l’obligation fondamentale de ne jamais, sans
aucune exception, placer un mineur en détention » et déplore le fait que
la nouvelle directive en matière d’accueil des demandeurs de protection
internationale n’ait pas interdit la détention de demandeurs d’asile
non accompagnés.
Le Parlement européen remet également en question la technique des tests
osseux pour déterminer l’âge, en déplorant le « caractère inadapté et
invasif des techniques médicales utilisées pour la détermination de
l’âge dans certains États membres, parce qu’elles peuvent occasionner
des traumatismes et parce que certaines de ces méthodes, basées sur
l’âge osseux ou sur la minéralisation dentaire, restent controversées et
présentent de grandes marges d’erreur ». Le Parlement européen demande
ainsi à la Commission européenne d’inclure dans les futures lignes
directrices « des normes communes fondées sur les meilleures pratiques
en vigueur pour la détermination de l’âge, qui devraient consister en un
examen pluridisciplinaire et portant sur plusieurs critères, effectué
par des praticiens et des experts indépendants et qualifiés, et réalisé
d’une manière scientifique, sûre et équitable, adaptée aux enfants et
différenciée en fonction de leur sexe, les filles devant bénéficier
d’égards particuliers ». En outre, selon le Parlement européen, « le
doute doit toujours bénéficier au mineur et les examens médicaux
devraient uniquement être pratiqués lorsque les autres méthodes de
détermination de l’âge ont échoué ». Les résultats de ces évaluations
devraient également pouvoir faire l’objet de recours.
Photographie : © Célia Bonnin,
Square Villemin à Paris, pique-nique participatif du 14 juin 2013,
journée de mobilisation inter-associative pour un accueil digne des
mineurs étrangers isolés.
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