par
Les Talibans ont-ils abattu Aref ? Dans quelles
circonstances ? On n’en sait rien et cela n’a finalement guère
importance. Ce qui est certain, c’est qu’il a été tué par balles en
plein jour comme des milliers d’Afghans l’ont déjà été depuis le début
du conflit. Un mort de plus. Une mort que notre pays aurait pu éviter et
cela aussi est une certitude.
Aref, 20ans, est arrivé en Belgique en 2009.
Pendant quatre ans, il a tenté d’obtenir l’asile mais la réponse du
Commissariat général aux réfugiés (CGRA) n’ a jamais varié : sa région,
celle de Nangarhar, n’était pas considérée comme dangereuse. Il ne
devait pas avoir peur des Talibans qui se contentaient de massacrer
seulement dans les provinces voisines et donc il n’avait rien à faire
dans notre pays.
Aref a été persévérant. Il a même réussi un moment à trouver un petit boulot. Il a du survivre à la crise de l’accueil des demandeurs d’asile qui, depuis 2008, contraignait la majorité d’entre eux à squatter des bâtiments ou à dormir dans la rue. Aref a bien connu tous les coins et recoins de la gare du Nord, cette gare située à quelques centaines de mètres de Fedasil, l’agence chargée, par la loi, de trouver un lieu d’accueil pour les demandeurs d’asile comme lui. Il a connu l’attente interminable d’une décision positive dans son dossier.
Alors quand en 2012, le CGRA lui a signifié un refus définitif, Aref a fini par jeter l’éponge. Début 2013, il est rentré en Afghanistan dans le cadre d’un retour « volontaire. » Un adjectif qui mérite une triple ration de guillemets car comment peut-on parler d’une démarche volontaire quand on subit une telle pression sociale, quand la précarité et les refus successifs finissent par saper toute énergie physique et psychologique.
Ses amis afghans présents à Bruxelles disent que le gouvernement belge l’a tué. C’est excessif. Ce n’est pas la Secrétaire d’Etat chargée de l’Asile Maggie De Block qui décide d’accorder ou non l’asile aux Afghans. C’est la responsabilité exclusive du CGRA qui est une instance indépendante, si on excepte le fait que son « patron » est nommé par le gouvernement.
Le CGRA est donc seul maître à bord pour accorder le statut de réfugié ou la protection subsidiaire, ce statut de réfugié au rabais qui donne un titre de séjour provisoire à ceux qui fuient les zones de conflit généralisé et qui éprouvent de « sérieuses craintes » en cas de retour dans leur pays. A condition évidemment de les croire.
Cela fait des années que le Ciré (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers), dont Amnesty fait partie, demande que l’on accorde cette protection subsidiaire à tous les Afghans. En vain jusqu’ici. Interrogé sur la mort d’Aref, le Commissaire général actuel, Dirk Van den Bulck, ne voit toujours pas pourquoi il faudrait le faire.
« La mort d’Aref, » dit-il, « n’est pas nécessairement un signe que la politique doit être révisée. La Belgique est très prudente dans l’évaluation des demandes d’asile. » Il n’estime pas opportun non plus de refuser systématiquement le renvoi de demandeurs d’asile vers des pays en guerre. Et de préciser que la situation de la Syrie est différente de l’Afghanistan. Pour les Syriens,« 95% des demandes d’asile sont accordées. » Scoop : il y a donc encore des endroits en Syrie où l’on peut encore vivre tranquillement.
Qu’on ne vienne pas dire non plus qu’accorder la protection temporaire aux Afghans serait une charge insupportable pour les finances publiques. En septembre 2013, il y a eu 1485 demandes d’asile dont 6,6% concernaient des Afghans. Si on calcule bien, cela fait environ 9 Afghans le mois dernier...
Le gouvernement ne contrôle pas le CGRA, ce qui est très bien mais personne ne contrôle le CGRA même quand il divague dans ses analyses géopolitiques. Le seul contrôle de ses décisions sur des dossiers individuels se fait par des recours devant le Conseil du Contentieux des étrangers, ce qui est insuffisant.
Le Parlement ne contrôle pas non plus le CGRA. Ecolo avait introduit une proposition de loi pour que cela change mais elle a été rejetée. Les autres partis ont cependant accepté l’idée que les députés puissent procéder à une audition du CGRA et des associations d’aide aux demandeurs d’asile. C’est ce qui est prévu mardi prochain en Commission de l’Intérieur. L’Afghanistan et les risques encourus lors d’un retour, contraint ou non, seront à l’ordre du jour. On signale en passant que les réunions des Commissions sont publiques.
Aref a été persévérant. Il a même réussi un moment à trouver un petit boulot. Il a du survivre à la crise de l’accueil des demandeurs d’asile qui, depuis 2008, contraignait la majorité d’entre eux à squatter des bâtiments ou à dormir dans la rue. Aref a bien connu tous les coins et recoins de la gare du Nord, cette gare située à quelques centaines de mètres de Fedasil, l’agence chargée, par la loi, de trouver un lieu d’accueil pour les demandeurs d’asile comme lui. Il a connu l’attente interminable d’une décision positive dans son dossier.
Alors quand en 2012, le CGRA lui a signifié un refus définitif, Aref a fini par jeter l’éponge. Début 2013, il est rentré en Afghanistan dans le cadre d’un retour « volontaire. » Un adjectif qui mérite une triple ration de guillemets car comment peut-on parler d’une démarche volontaire quand on subit une telle pression sociale, quand la précarité et les refus successifs finissent par saper toute énergie physique et psychologique.
Ses amis afghans présents à Bruxelles disent que le gouvernement belge l’a tué. C’est excessif. Ce n’est pas la Secrétaire d’Etat chargée de l’Asile Maggie De Block qui décide d’accorder ou non l’asile aux Afghans. C’est la responsabilité exclusive du CGRA qui est une instance indépendante, si on excepte le fait que son « patron » est nommé par le gouvernement.
Le CGRA est donc seul maître à bord pour accorder le statut de réfugié ou la protection subsidiaire, ce statut de réfugié au rabais qui donne un titre de séjour provisoire à ceux qui fuient les zones de conflit généralisé et qui éprouvent de « sérieuses craintes » en cas de retour dans leur pays. A condition évidemment de les croire.
Cela fait des années que le Ciré (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers), dont Amnesty fait partie, demande que l’on accorde cette protection subsidiaire à tous les Afghans. En vain jusqu’ici. Interrogé sur la mort d’Aref, le Commissaire général actuel, Dirk Van den Bulck, ne voit toujours pas pourquoi il faudrait le faire.
« La mort d’Aref, » dit-il, « n’est pas nécessairement un signe que la politique doit être révisée. La Belgique est très prudente dans l’évaluation des demandes d’asile. » Il n’estime pas opportun non plus de refuser systématiquement le renvoi de demandeurs d’asile vers des pays en guerre. Et de préciser que la situation de la Syrie est différente de l’Afghanistan. Pour les Syriens,« 95% des demandes d’asile sont accordées. » Scoop : il y a donc encore des endroits en Syrie où l’on peut encore vivre tranquillement.
Qu’on ne vienne pas dire non plus qu’accorder la protection temporaire aux Afghans serait une charge insupportable pour les finances publiques. En septembre 2013, il y a eu 1485 demandes d’asile dont 6,6% concernaient des Afghans. Si on calcule bien, cela fait environ 9 Afghans le mois dernier...
Le gouvernement ne contrôle pas le CGRA, ce qui est très bien mais personne ne contrôle le CGRA même quand il divague dans ses analyses géopolitiques. Le seul contrôle de ses décisions sur des dossiers individuels se fait par des recours devant le Conseil du Contentieux des étrangers, ce qui est insuffisant.
Le Parlement ne contrôle pas non plus le CGRA. Ecolo avait introduit une proposition de loi pour que cela change mais elle a été rejetée. Les autres partis ont cependant accepté l’idée que les députés puissent procéder à une audition du CGRA et des associations d’aide aux demandeurs d’asile. C’est ce qui est prévu mardi prochain en Commission de l’Intérieur. L’Afghanistan et les risques encourus lors d’un retour, contraint ou non, seront à l’ordre du jour. On signale en passant que les réunions des Commissions sont publiques.
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