Par 18/4/2013
Le
dossier du Sahara occidental semble (enfin) bouger induit par de
nouveaux éléments qui le remettent, outre dans le bon sens, dans
l'actualité des Nations unies. En effet, quasi simultanément, Washington
et son ambassadeur à Rabat, se sont exprimés sur le dossier du Sahara
occidental, gelé depuis 38 ans.
Ainsi, les Etats-Unis vont proposer au
Conseil de sécurité une résolution réclamant l'élargissement des
prérogatives de la Minurso (Mission des Nations unies pour
l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) et une enquête de
l'ONU sur les droits de l'homme et les exactions commises par le Maroc
contre les militants sahraouis au Sahara occidental occupé.
Parallèlement, l'ambassadeur US à Rabat, Samuel Kaplan - en fin de
mission au Maroc - dans une conférence d'adieu à Casablanca, a affirmé
que le projet d' «autonomie» du Maroc pour le Sahara occidental, ne peut
être «la seule base» pour une solution du contentieux insistant
lourdement sur le fait que ce dossier est pris en charge par l'ONU qui
lui a consacré plusieurs résolutions. En faisant référence à l'ONU -
c'est-à-dire à la commission de décolonisation en charge du dossier - le
diplomate américain remet en fait les choses à l'endroit. De fait,
c'est la première fois qu'une puissance occidentale se prononce aussi
clairement sur un conflit qui demeure en substance et avant tout un
problème de décolonisation dans lequel les Nations unies assument - du
moins auraient dû assumer - toutes les responsabilités.
Ce qu'elle a
réalisé positivement au Timor-Oriental dont le contentieux était
similaire à celui que vit le Sahara occidental. Une occupation militaire
illégale par le Maroc au départ des colonisateurs espagnols, au même
titre que Timor occupé par l'armée indonésienne, au départ du
colonisateur portugais. C'était en 1975. Or, si le processus de
décolonisation a pu être mené à son terme au Timor, c'est du fait que
les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité ont pu être
appliquées sans qu'elles rencontrent les obstructions des membres
permanents du Conseil de sécurité.
Ce qui a été effectif pour le
Timor-oriental n'a pu l'être pour le Sahara occidental. Or, le problème
sahraoui est limpide comme de l'eau de roche et se résume à la mise en
place d'un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui. Cela
n'a pu - jusqu'à ce jour - avoir lieu du fait du soutien dont bénéficia
le Maroc, notamment de la part de la France - Paris joue sur ce chapitre
un jeu équivoque, les chefs d'Etat français chantant un refrain
différent, selon qu'ils visitent Alger ou Rabat - ajouté à l'indécision
des membres permanents du Conseil de sécurité. Le Maroc eut ainsi le
champ libre pour décider par lui-même du sort du peuple sahraoui. En
d'autres termes, le Royaume chérifien a voulu imposer sa «seule»
solution, allant jusqu'à inventer une utopique «large autonomie» qui n'a
pas de sens au plan du droit international dès lors que ce concept va à
l'encontre des résolutions de l'ONU sur le droit des peuples coloniaux à
s'exprimer par autodétermination. De fait, selon l'ONU, le Maroc n'est
que l'administrateur nominal d'un territoire abandonné par l'Espagne. Ce
point a d'ailleurs été confirmé par la commission juridique de l'ONU
qui - sur plainte du mouvement de libération sahraoui, le Front
Polisario, à propos de l'octroi par Rabat de concessions de recherche
offshore à des compagnies pétrolières dans les eaux territoriales du
Sahara occidental - a réitéré que le Maroc, administrateur du territoire
sahraoui, ne pouvait délivrer des concessions ou négocier des accords
de pêche - comme cela a été le cas avec l'Union européenne - incluant le
territoire sahraoui. Ce sont là des faits, soutenus, si besoin était,
par les attendus, en son temps, de la Cour internationale de justice de
La Haye (CIJ).
Aussi, la nouvelle donne induite par la clarification de
la position des États-Unis, confortée par les derniers rapports de
l'émissaire spécial de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher
Ross, doit normalement ouvrir de nouvelles perspectives pour le conflit
sahraoui, comme mettre le Maroc au pied du mur. En fait, la position de
Rabat est devenue de plus en plus indéfendable. En effet, s'il y a - ou
il y eut - malentendu sur la nature du conflit qui oppose le Front
Polisarion au Maroc - qui occupe militairement le territoire du Sahara
occidental - il se trouve dans l'esprit de ceux qui ont fait fi des
résolutions de l'ONU, du droit international et/ou veulent piétiner le
droit du peuple sahraoui à s'autodéterminer et s'exprimer librement sur
son devenir.
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