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lundi 22 avril 2013

Point hebdomadaire n°20 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au Maroc


Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue des Suisses  92000 Nanterre

Point hebdomadaire n°20 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au Maroc

Ce point est largement consacré à la mobilisation en faveur des prisonniers politiques de l’Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM), grévistes de la faim à Taza, Fès et Meknès.
Tout doit être fait pour sauver leur vie. L’ASDHOM a profité de la Semaine Internationale de soutien aux prisonniers politiques dans le monde, organisée en France par un collectif d’associations de solidarité du 14 au 21 avril, pour sensibiliser à la campagne de parrainage des prisonniers politiques et d’opinion au Maroc. Elle a surtout œuvré pour que des initiatives soient prises en faveur des onze militants en grève de la faim à Taza (Tarek Hammani et Abdessamad Haidour), à Fès (Tarek Jaïbi, Younes Erroufi, Hicham Boughlad et Mohamed Saleh) et à Meknès (Hassan Koukou, Soufiane Sghéri, Mounir Ait Khafou, Mohamed Eloualki et Hassan Ahmouch).
C’est dans ce cadre que l’ASDHOM s’est rendue le 17 avril au Parlement européen à Strasbourg sur invitation de la députée européenne Marie-Christine Vergiat du groupe Gauche Unitaire Européen. Avec quelques députés d’autres groupes, elle a organisé ce jour-là une conférence à l’occasion de la journée internationale du prisonnier politique. Les deux témoignages donnés portaient essentiellement sur les prisonniers politiques au Maroc. Tous les groupes parrainés par l’ASDHOM, dont ceux de Gdeim Izik et de l’UNEM, en grève de la faim en ce moment, ont été mis à l’honneur.
Sensibles à leur situation carcérale et surtout au danger qui guète la vie des grévistes de la faim parmi eux, les député(e)s européen(ne)s à l’initiative de cette conférence prévoient d’interpeller les autorités marocaines. Une lettre ouverte leur sera adressée courant cette semaine.
Une autre initiative, non moins importante, est prise par le collectif Al-Haqiqa (la Vérité) qui regroupe les associations marocaines des droits de l’Homme en Europe (AMBDH, APADM, ASDHOM, FMVJ-France et KMM). Une lettre ouverte sera envoyée dès le début de cette semaine à M. Abdelilah Benkirane, président du gouvernement marocain, pour l’interpeller et lui dire l’indignation de voir les autorités marocaines laisser les grévistes de la faim mourir à petit feu.
Nous saluons au passage l’initiative du parrain Gilles Deloustal qui ne cesse d’envoyer des lettres de soutien aux groupes de Meknès et Fès ainsi qu’aux autorités marocaines pour les interpeller et leur demander d’intervenir. Vous trouverez toutes ses lettres sur la rubrique Témoignages et lettres du site de l’ASDHOM (www.asdhom.org) 
Nous vous ferons parvenir ces lettres dès que possible.
Nous venons d’apprendre que d’autres prisonniers politiques mènent des grèves de la faim. Il s’agit de :

Groupe des Sahraouis à la prison de Tiznit : le 10 avril, la famille du détenu politique sahraoui Hassane Mohamed Lahcen a saisi les ONG des droits de l’Homme à propos de la détérioration de sa santé depuis qu’il mène une grève de la faim pour exiger son droit aux soins médicaux. Mohamed Lahcen a été arrêté le 17 juillet 2004 et condamné à 10 ans de prison ferme pour ses opinions concernant le conflit au Sahara. Après deux ans passés à la prison Lakhal de Laâyoune au Sahara et à la prison Ait Melloul d’Agadir où il a été soumis à la torture et aux mauvais traitements, il a été transféré à la prison de Tiznit. Il avait déjà mené des grèves de la faim pour protester contre ses conditions de détention. Il souffre de plusieurs maladies et l’entame de cette dernière grève de la faim risque de détériorer encore plus sa santé. Les autorités pénitentiaires doivent absolument accéder à sa demande en lui procurant les soins nécessaires comme l’exige le code qui régit les prisons au Maroc.

Groupe du 20-Février à la prison de Tanger : Le prisonnier du 20-Février Mohamed Houari (voir nos précédents points hebdomadaires) mène une grève de la faim depuis le 18 avril pour exiger une enquête sur les conditions de son arrestation et sa condamnation par contumace. Mohamed Houari réclame son droit à un procès équitable et pour cela il a interpellé M. Mustapha Ramid, ministre de la Justice et des Libertés ainsi que le procureur général du roi près de la cour d’appel de Tanger et le président du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH).

S’agissant toujours du mouvement 20-Février, cette fois c’est au tour du militant Lahcen Baâssou du parti la Voie Démocratique qui a été traduit, le 15 avril à Midelt (Est du Maroc), devant le tribunal pour avoir appelé à boycotter les élections législatives en 2011. Nous n’avons pas plus d’informations sur l’issue du procès.

Par ailleurs, l’ASDHOM suit avec beaucoup d’inquiétude les événements qui secouent la ville de Fès depuis lundi 15 avril, date à laquelle les étudiants de l’université Ben Abdellah ont boycotté les examens pour protester contre les conditions d’étude et de résidence qui leur sont imposées. Les interventions des forces de l’ordre mobilisées en nombre impressionnant ont été violentes faisant plusieurs blessés et une dizaine d’arrestations parmi les étudiants. Les affrontements se sont multipliés toute la semaine et la situation risque de dégénérer puisque les étudiants ont appelé, dans le cadre de leur syndicat l’UNEM, à manifester de nouveau lundi 22 avril. L’ASDHOM condamne ces interventions violentes et demande aux autorités marocaines de privilégier le dialogue pour satisfaire les revendications des étudiants.

Nous ne pouvons clore ce point hebdomadaire sans dire notre condamnation quant à la Fatwa lancée récemment par le Conseil supérieur des oulémas (sorte de clergé marocain) qui estime qu’un musulman n’a pas le droit de renoncer à sa religion, sinon il sera considéré come un apostat et de ce fait il pourrait être tué. Ceci est contraire aux engagements internationaux du Maroc. Nous rappelons aux tenants de ce Conseil liberticide que le Maroc a signé le Pacte international relatif aux droits civils et politiques en 1977 et l’a ratifié en 1979, lequel Pacte stipule dans son article 18 que « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté d'avoir ou d'adopter une religion ou une conviction de son choix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, individuellement ou en commun, tant en public qu'en privé, par le culte et l'accomplissement des rites, les pratiques et l'enseignement ».
Cette annonce a soulevé l’indignation des ONG des droits de l’Homme et un communiqué est en phase de préparation pour condamner cette attitude et mettre en garde les autorités marocaines contre toute tentative de l’adopter.

Enfin nous vous informons que l’ASDHOM, n’ayant pas pu se rendre au 10ème congrès national de l’AMDH qui se tient au Maroc du 19 au 21 avril 2013, a envoyé une lettre aux congressistes pour leur souhaiter plein succès à leurs travaux. Vous trouverez lettre sur le site de l’association www.asdhom.org

Pour le bureau exécutif
Ayad Ahram
Président de l’ASDHOM
Paris, 21 avril 2013

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