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Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°20 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au
Maroc
Ce point est largement consacré à
la mobilisation en faveur des prisonniers politiques de l’Union Nationale des
Etudiants du Maroc (UNEM), grévistes de la faim à Taza, Fès et
Meknès.
Tout doit être fait pour sauver
leur vie. L’ASDHOM a profité de la Semaine Internationale de soutien aux
prisonniers politiques dans le monde, organisée en France par un collectif
d’associations de solidarité du 14 au 21 avril, pour sensibiliser à la campagne
de parrainage des prisonniers politiques et d’opinion au Maroc. Elle a surtout
œuvré pour que des initiatives soient prises en faveur des onze militants en
grève de la faim à Taza (Tarek Hammani et
Abdessamad Haidour), à Fès (Tarek
Jaïbi, Younes Erroufi, Hicham Boughlad et Mohamed Saleh) et à Meknès
(Hassan Koukou, Soufiane Sghéri,
Mounir Ait Khafou, Mohamed Eloualki et Hassan Ahmouch).
C’est dans ce cadre que l’ASDHOM
s’est rendue le 17 avril au Parlement
européen à Strasbourg sur invitation de la députée européenne Marie-Christine
Vergiat du groupe Gauche Unitaire Européen. Avec quelques députés
d’autres groupes, elle a organisé ce jour-là une conférence à l’occasion de la
journée internationale du prisonnier politique. Les deux témoignages donnés
portaient essentiellement sur les prisonniers politiques au Maroc. Tous les
groupes parrainés par l’ASDHOM, dont ceux de Gdeim Izik et de l’UNEM, en grève
de la faim en ce moment, ont été mis à l’honneur.
Sensibles à leur situation
carcérale et surtout au danger qui guète la vie des grévistes de la faim parmi
eux, les député(e)s européen(ne)s à l’initiative de cette conférence prévoient
d’interpeller les autorités
marocaines. Une lettre ouverte
leur sera adressée courant cette
semaine.
Une autre initiative, non moins
importante, est prise par le collectif
Al-Haqiqa (la Vérité) qui regroupe les associations marocaines des droits de
l’Homme en Europe (AMBDH, APADM, ASDHOM, FMVJ-France et KMM). Une
lettre ouverte sera envoyée dès le début de
cette semaine à M. Abdelilah Benkirane, président du gouvernement
marocain, pour l’interpeller et lui dire l’indignation de voir les autorités
marocaines laisser les grévistes de la faim mourir à petit
feu.
Nous saluons au passage
l’initiative du parrain Gilles
Deloustal qui ne cesse d’envoyer des lettres de soutien aux groupes
de Meknès et Fès ainsi qu’aux autorités marocaines pour les interpeller et leur
demander d’intervenir. Vous trouverez toutes ses lettres sur la rubrique
Témoignages et lettres du site de l’ASDHOM (www.asdhom.org)
Nous vous ferons parvenir ces
lettres dès que possible.
Nous venons d’apprendre que
d’autres prisonniers politiques mènent des grèves de la faim. Il s’agit
de :
Groupe des
Sahraouis à la prison de Tiznit : le 10 avril, la famille du détenu politique
sahraoui Hassane Mohamed Lahcen a
saisi les ONG des droits de l’Homme à propos de la détérioration de sa santé
depuis qu’il mène une grève de la faim pour exiger son droit aux soins médicaux.
Mohamed Lahcen a été arrêté le 17 juillet
2004 et condamné à 10 ans de prison ferme pour ses opinions concernant le
conflit au Sahara. Après deux ans passés à la prison Lakhal de
Laâyoune au Sahara et à la prison Ait Melloul d’Agadir où il a été soumis à la
torture et aux mauvais traitements, il a été transféré à la prison de Tiznit. Il
avait déjà mené des grèves de la faim pour protester contre ses conditions de
détention. Il souffre de plusieurs maladies et l’entame de cette dernière grève
de la faim risque de détériorer encore plus sa santé. Les autorités
pénitentiaires doivent absolument accéder à sa demande en lui procurant les
soins nécessaires comme l’exige le code qui régit les prisons au
Maroc.
Groupe du
20-Février à la prison de Tanger : Le prisonnier du 20-Février Mohamed Houari (voir nos précédents points
hebdomadaires) mène une grève de la faim
depuis le 18 avril pour exiger une enquête sur les conditions de son
arrestation et sa condamnation par contumace. Mohamed Houari réclame son droit à
un procès équitable et pour cela il a interpellé M. Mustapha Ramid, ministre de
la Justice et des Libertés ainsi que le procureur général du roi près de la cour
d’appel de Tanger et le président du Conseil National des Droits de l’Homme
(CNDH).
S’agissant toujours du mouvement
20-Février, cette fois c’est au tour du militant Lahcen Baâssou du parti la Voie Démocratique
qui a été traduit, le 15 avril à Midelt (Est du Maroc), devant le
tribunal pour avoir appelé à boycotter les élections législatives en 2011. Nous
n’avons pas plus d’informations sur l’issue du
procès.
Par ailleurs, l’ASDHOM suit avec
beaucoup d’inquiétude les événements qui
secouent la ville de Fès depuis lundi 15 avril, date à laquelle les
étudiants de l’université Ben Abdellah ont boycotté les examens pour protester
contre les conditions d’étude et de résidence qui leur sont imposées. Les interventions des forces de l’ordre mobilisées en
nombre impressionnant ont été violentes faisant plusieurs blessés et une dizaine
d’arrestations parmi les étudiants. Les affrontements se sont
multipliés toute la semaine et la situation risque de dégénérer puisque les
étudiants ont appelé, dans le cadre de leur syndicat l’UNEM, à manifester de
nouveau lundi 22 avril. L’ASDHOM condamne ces interventions violentes et demande
aux autorités marocaines de privilégier le dialogue pour satisfaire les
revendications des étudiants.
Nous ne pouvons clore ce point
hebdomadaire sans dire notre condamnation
quant à la Fatwa lancée récemment par le Conseil supérieur des
oulémas (sorte de clergé marocain) qui estime qu’un musulman n’a pas
le droit de renoncer à sa religion, sinon il sera considéré come un apostat et
de ce fait il pourrait être tué. Ceci est contraire aux engagements
internationaux du Maroc. Nous rappelons aux tenants de ce Conseil liberticide
que le Maroc a signé le Pacte international relatif aux droits civils et
politiques en 1977 et l’a ratifié en 1979, lequel Pacte stipule dans son article
18 que «
toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce
droit implique la liberté d'avoir ou d'adopter une religion ou une conviction de
son choix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction,
individuellement ou en commun, tant en public qu'en privé, par le culte et
l'accomplissement des rites, les pratiques et l'enseignement
».
Cette annonce a soulevé
l’indignation des ONG des droits de l’Homme et un communiqué est en phase de
préparation pour condamner cette attitude et mettre en garde les autorités
marocaines contre toute tentative de l’adopter.
Enfin nous vous informons que
l’ASDHOM, n’ayant pas pu se rendre au 10ème congrès national de
l’AMDH qui se tient au Maroc du 19 au 21 avril 2013, a envoyé une lettre aux
congressistes pour leur souhaiter plein succès à leurs travaux. Vous trouverez
lettre sur le site de l’association www.asdhom.org
Pour le bureau
exécutif
Ayad
Ahram
Président de
l’ASDHOM
Paris, 21 avril 2013
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