Par Ahmed Benani, 9/2/2013
Par Kapitalis, 8/2/2013
9 février 07:38 |
Merci
ô Femmes et citoyennes tunisiennes d'avoir tordu le cou à cette tenace tradition
d'interdire aux femmes "en pays de l'islam" d'assister aux enterrements!
Tradition que l'imaginaire patriarcal pérennise par le mythe de "l'hystérie de
la femme". La femme est réduite à un être non-pensant, objet sexuel et troublant
par son émotion excessive, ses pleurs, son impureté et autres inepties du même
tonneau!. Tout cela a été balayé par la posture courageuse de Basma Chokri, la
femme du leader assassiné, Belaïd Chokri, en tête de cortège faisant le V de la
victoire et déclarant "ce n'est pas le moments des pleurs", "«Nous vivrons avec
du pain et de l’eau mais sans Ennahda», «le peuple veut une révolution de
nouveau», «Ennahda est le tortionnaire du peuple». Je m'incline devant votre
courage, votre détermination, chapeau bas Chère Basma, votre image de dignité a
fait le tour du monde.
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Contrairement
aux traditions, les femmes, étaient, aujourd'hui, côte-à-côte avec les
hommes, au cimetière El-Jallez, pour rendre hommage au martyr Chokri
Belaïd en chantant l'hymne national.
Ce qui a frappé l'attention,
aujourd'hui, des Tunisiens qui ont suivi les obsèques du martyr, un rite
habituellement réservé aux seuls hommes dans la tradition islamique,
c'est la présence d'un grand nombre de femmes, qui n'ont pas hésité à se
rendre au cimetière pour rendre un dernier hommage au grand-homme:
parent pour certaines d'entre elles, camarade ou collègue pour les
autres. Un simpe compatriote pour la majorité d'entre elles. Et un
exemple de bravoure et de courage.
Autre constat: la présence massive des syndicalistes, intellectuels,
artistes, écrivains et autres journalistes. Car le défunt était une
personnalité d'envergure nationale.
Basma Khalfaoui Belaïd fait le signe
de la victoire aux dizaines de milliers de personnes accompagnant son
mari à sa dernière demeure.
Au cimetière, certaines personnes, très en colère pour cette lourde perte, n'ont pas pu s'empêcher à crier : «Le peuple veut faire tomber le pouvoir» ou «Eau et pain et non à Ennahdha», «Ya chahid ya Hached (Farhat Hached, leader syndicaliste assassiné il y a 60 ans, Ndlr), Ennahdha bâet el-blad» (Ô Hached, Ennahdha a vendu le pays), «Tounes horra wa el-irhab âla Barra» (La Tunisie est libre et le terrorisme dehors), «Ya houkouma ya ghaddara, Chokri machech khsara» (Gouvernement traitre, Chokri n'est pas parti en vain), «Ya Ghannouchi ya jaban, echâab ettounissi la youhan» (Ghannouchi le traître, le peuple tunisien n'accepte pas l'humiliation) ou encore «La lil-fitna, kolna Touensa» (Non à la discorde, nous sommes tous Tunisiens).
«C'est un jour de colère, certes, mais
faisons calmement notre deuil. Nous allons continuer à appeler au
dialogue et à rejeter toute forme de violence. Aujourd'hui, le peuple
est maître de la situation et la Tunisie pleure son martyr et va
continuer son petit bout de chemin pour continuer son combat vers la
démocratie. Restons calmes pour qu'ils (les individus et les groupes
appelant au meurtre, Ndlr) tirent des leçons et reviennent à la raison
pour une Tunisie unie», a lancé Ahmed Brahim, leader d'Al-Massar aux opposants au parti Ennahdha à travers les médias.
Les collègues de Chokri Belaïd, entourant le Bâtonnier Chawki Tabib, attendent l'arrivée de la dépuolle mortelle du martyr.
Au centre-ville de Tunis, une marche spontanée a été organisée par
des milliers de personnes dans l'avenue Habib Bourguiba. La même chose à
Bizerte, Jendouba, Nabeul, Mahdia, Gafsa, le Kef, Sfax, Sousse, Mahdia,
où des dizaines de milliers de personnes ont organisé des funérailles
symboliques agitant le drapeau national, le portrait du défunt mais
aussi des slogans contre Ennahdha.
Selon l'Union générale tunisienne du Travail (Ugtt), la grève générale est très réussie. «100% dans le secteur public», apprend-on de source syndicale. Les bâtiments publics comme la majorité des établissements privés et commerces sont fermés.
http://www.kapitalis.com/politique/14372-funerailles-de-chokri-belaid-beaucoup-de-femmes-au-cimetiere-aux-cotes-des-hommes.html
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Que tous ceux qui nous ont servi la fable de l'islamisme modere se taisent
Besma Khalfaoui a le visage creusé par la douleur, mais ses mots jaillissent comme une source vive. La veuve de Chokri Belaid, sa petite fille serrée contre elle, ses amis et sa famille chantant l’hymne national, dit qu’elle pleurera plus tard, que ses larmes n’ont aucune importance. Elle continue, comme l’homme aimé qu’on lui a tué de quatre balles, à se battre pour une Tunisie démocratique. Vous connaissez le visage de Besma : elle a accepté de le montrer aux caméras et aux journalistes dans les ravages de la tristesse et le courage de la détermination. Le visage de Besma, penché sur le drapeau qui recouvre le corps de Chokri, puis levé, dévasté et énergique, vers ses interlocuteurs, est le « J’accuse » qui fait trembler aujourd’hui Ennahda, alors que le crime jette un pays dans la rue.
http://www.kapitalis.com/politique/14372-funerailles-de-chokri-belaid-beaucoup-de-femmes-au-cimetiere-aux-cotes-des-hommes.html
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Que tous ceux qui nous ont servi la fable de l'islamisme modere se taisent
Par Martine Gozlan - Marianne, 8/2/2013
Alors que Tunis, en grève générale, porte aujourd’hui en
terre Chokri Belaid, l’opposant laïc à Ennahda assassiné le 6 février,
la légende de l’islamisme modéré véhiculée par tous les faux experts
médiatiques vole en éclats de sang.
Besma Khalfaoui a le visage creusé par la douleur, mais ses mots jaillissent comme une source vive. La veuve de Chokri Belaid, sa petite fille serrée contre elle, ses amis et sa famille chantant l’hymne national, dit qu’elle pleurera plus tard, que ses larmes n’ont aucune importance. Elle continue, comme l’homme aimé qu’on lui a tué de quatre balles, à se battre pour une Tunisie démocratique. Vous connaissez le visage de Besma : elle a accepté de le montrer aux caméras et aux journalistes dans les ravages de la tristesse et le courage de la détermination. Le visage de Besma, penché sur le drapeau qui recouvre le corps de Chokri, puis levé, dévasté et énergique, vers ses interlocuteurs, est le « J’accuse » qui fait trembler aujourd’hui Ennahda, alors que le crime jette un pays dans la rue.
Plus tard, on se souviendra de ces traits
féminins à la douceur gommée par la brutalité de l’arrachement. Ce
visage, accolé au portrait de l’homme assassiné, résumera la Tunisie qui
marche sombrement en ce 8 février : il racontera l’insurrection des
endeuillés.
Ce visage de survivante, il faudrait que
certains de nos beaux esprits, en France, osent le regarder, eux aussi.
Vous savez, ces esprits forts qui se piquent d’expertise magistrale. Ces
bons maîtres qui tournent en boucle, depuis des années, sur les
plateaux et sur les ondes, pour nous expliquer par A+ B que les
islamistes étaient devenus démocrates. Qu’il fallait être un niais ou un
islamophobe pour ne pas croire à leur intelligence politique. Qu’il
fallait mettre en veilleuse nos idées archaïques de laïcité pour ne
surtout pas froisser un destin arabe forcément soumis aux ordres de
l’éternel ciel identitaire.
Qu’en conséquence, on ferait mieux de la boucler avec nos bavardages suspects.
Aujourd’hui, c’est à ces clercs, à ces gourous divers, chercheurs,
commentateurs, maîtres assistants de toutes les confusions, bien calés
sur leur chaire de certitudes, que l’on conseille de regarder un
instant, à la dérobée pour ne pas le salir, le visage de Besma, épouse
d’un Tunisien patriote, démocrate et laïc. Le visage de la veuve de
Chokri Belaid, assassiné parce qu’il jetait leur vérité et leur mensonge
au visage des islamistes. Parce qu’il scandait son espoir d’une société
juste, sociale, égalitaire : c’était un leader de gauche. Son besoin
d’une société débarrassée du poison religieux politique. En un mot, un
seul, raillé par ces experts nauséeux confits en dévotion devant l’objet
islamiste de leurs recherches : une société laïque. Voilà ce que
voulait Chokri Belaid et ce que refusent ses assassins.
On leur conseille donc, à ces bavards qui ont absous par bêtise tant de
crimes antérieurs, de regarder Besma : mais ils n’y arriveront pas.
Regardaient-ils, du temps que l’Algérie saignait, le visage des femmes
qui survivaient à leur mari, fils, frère, sœur égorgés par les
islamistes ? Ont-ils compté, pendant les nuits d’infinie souffrance
algérienne et musulmane, les cadavres des citoyens, citoyennes, paysans,
profs, médecins, politiques, journalistes, instituteurs, écolières
abattus par les islamistes, premiers tueurs de musulmans ?
Ils ont la mémoire courte et la vision rétrécie, nos experts. Ils
avalent et digèrent toutes les sinistres fariboles d’un parti politique
qui a mis sa cravate des dimanches pour faire oublier les sabres et le
khamis afghan des prêcheurs de djihad, ceux que Rached Ghannouchi, le
leader d’Ennahda, appelle avec bonté « nos enfants salafistes ».
Devant le visage de Besma, face au peuple tunisien dressé contre
l’islamisme menteur et assassin, devant cette insurrection arabe qui
refuse la soumission au ciel des manipulateurs identitaires, que ces
gens-là se taisent enfin !
Bravooo les tunisiens un exemple du peuple moderne où la femme est égalitaire à l'homme bravo restez debout on vous soutient jusqu'au bout.
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