Procès des prisonniers de Gdeim Izik
le 02.02.13
Des membres des familles des 24 prisonniers politiques sahraouis dit «groupe Gdeim Izik», dont le procès a débuté, hier, à Rabat devant un tribunal militaire, ont appelé à l’application du droit international dans ce dossier.
«Nous demandons à ce que les principes du droit international soient
imposés dans le dossier du groupe de Gdeim Izik puisqu’il s’agit de
détenus politiques qui ont exprimé des revendications par rapport à la
question sahraouie qui est gérée par l’Organisation des Nations unies», a
déclaré Mustapha El Mechdoufi, coordinateur des familles de prisonniers
sahraouis dans une conférence de presse, organisée au siège de
l’Association marocaine des droits humains (AMDH). Après avoir relaté
les souffrances endurées par les familles des prisonniers durant 27 mois
d’incarcération sans procès, il a appelé à leur libération et au
jugement des responsables de «l’attaque» du camp de Gdeim Izik pour
avoir commis des «exactions» à l’encontre des Sahraouis présents ce
jour-là.
Le camp démantelé |
Pour sa part, Me France Weyl, avocate au barreau de Paris et membre de
l’Association internationale des juristes démocrates et de l’association
française Droits et Solidarité, a souligné que ce qui est «frappant»
dans l’affaire des prisonniers sahraouis c’est «la violation généralisée
et systématique du droit international et du droit marocain».
L’incarcération des 24 Sahraouis s’est faite «sans aucune décision
judiciaire et au mépris du droit international et des dispositions du
code de procédure pénale marocain», a-t-elle affirmé en faisant
remarquer que les deux précédents renvois du procès ont été décidés sans
qu’on en fournisse les raisons. Elle a ajouté que le procès devant un
tribunal militaire n’est pas conforme aux normes internationales,
notamment «en temps de paix» et est marqué par l’absence de garanties
des droits de la justice, des droits de recours et des droits à entendre
des témoins.
Mme Claude Mangin, épouse du prisonnier Annama Asfari, a relevé, pour
sa part, l’absence d’interlocuteurs marocains dans ce dossier dans les
différents départements lors des contacts entrepris par les familles
durant les 27 mois de détention, estimant que c’est «une situation de
non-droit total».
De son côté, Mme Khadija Ryadi, présidente de l’AMDH, a
rappelé que son organisation suivait de près ce dossier depuis le
démantèlement du camp sahraoui et qu’elle avait dénoncé les
arrestations, leur situation (les détenus) dans la prison et condamné
leur comparution devant un tribunal militaire ainsi que la longue
période de détention.
Les prisonniers politiques sahraouis sont détenus à la prison locale 2
de Salé (ville jumelle de Rabat), depuis l’assaut donné par les forces
marocaines au camp de Gdeim Izik près d’El Ayoun (Sahara occidental) le 8
novembre 2010. Plus de 20 000 Sahraouis avaient élu domicile dans ce
camp pour «défendre leurs droits politiques, économiques et sociaux»,
rappelle-t-on. Le 24 octobre 2012, le tribunal militaire de Rabat avait
reporté leur procès, pour la seconde fois après un premier report
intervenu le 13 janvier 2012. Aucune raison n’avait été fournie sur ces
deux reports par le tribunal militaire. Des observateurs européens qui
suivent le procès avaient affirmé qu’«un renvoi sans audience»
équivalait à un «déni de justice» et était un signe de la «faiblesse» de
l’accusation et de la «vacuité» du dossier.
Depuis leur incarcération, les prisonniers sahraouis ont observé
plusieurs grèves de la faim afin d’alerter l’opinion publique et
revendiquer l’amélioration de leurs conditions de détention ainsi que
leur libération inconditionnelle ou la tenue d’un procès juste et
équitable devant un tribunal civil. Leur situation avait suscité la
préoccupation de l’AMDH qui avait interpellé, en mai 2012, le ministère
de la Justice marocain sur les conditions de leur détention et avait
demandé son intervention «immédiate» pour éviter le pire vu l’état
inquiétant de leur santé.
Pour sa part, l’Association de défense des droits de l’homme (Asdhom)
avait adressé, de Paris, une lettre au ministre marocain de la Justice
et des Libertés, Mustapha Ramid, dans laquelle elle réclame leur
«libération immédiate dans la mesure où leurs droits à un procès
équitable et transparent n’est pas garanti». Selon l’association, «leur
détention provisoire est illégale même au regard du droit pénal marocain
qui fixe la durée légale de la détention provisoire à douze mois». Pour
sa part, le président de la République arabe sahraouie démocratique
(RASD), secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, a
attiré l’attention dans une lettre adressée, dernièrement, au secrétaire
général de l’ONU sur l’«illégalité» du jugement des prisonniers par un
tribunal militaire marocain.
Présence d’une trentaine d’observateurs européens :
Une trentaine d’observateurs européens étaient présents hier à Rabat pour assister au procès des 24 prisonniers sahraouis dits «groupe Gdeim Izik», devant un tribunal militaire à Rabat, a-t-on appris jeudi auprès des familles des détenus. Les observateurs, pour la plupart des magistrats, avocats et militants des droits de l’homme, représenteront notamment le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (Remdh), l’Association internationale de juristes démocrates (AIJD), la Cour internationale de justice (CIJ) et l’Association internationale pour l’observation des droits de l’homme (AIODH). Ils viennent notamment d’Espagne, de France, d’Italie, de Suède, de Grande-Bretagne et du Luxembourg.----------------------------------------------------------------------------------------------------------
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