"Pleurer j'aurai le temps. Maintenant il faut lutter". Retour à l’album Amneris Gemara "Pleurer j'aurai le temps. C'est pas grave. Maintenant il faut lutter". Basma Khalfaoui, veuve de Chokri Belaid
" Il avait confiance en l'intelligence humaine"......
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7/2/2013
Nadia Chaabane : "Désormais, tous les scénarios sont possibles en Tunisie"
Nadia Chaabane, députée du Bloc démocratique à l’Assemblée constituante. |
La députée du Bloc démocratique à l’Assemblée constituante tunisienne réagit pour l'Humanité
à l'assassinat de Chokri Belaïd, figure de proue de l'opposition de
gauche : "Nous payons le prix de la négligence, de l'incompétence et de
la volonté du gouvernement de diviser le pays".
Que symbolise pour vous l’assassinat politique de Chokri Belaïd ?
Nadia Chaabane. Nous alertons depuis des mois sur
les risques de basculement dans la violence, dans l’assassinat.
Aujourd’hui, nous y sommes. Ce gouvernement s’est montré incapable de
condamner clairement le recours à la violence. Nous payons le prix de sa
négligence, de son incompétence et de sa volonté de diviser le pays.
Tous les scénarios sont possibles, désormais. On ne peut plus continuer
ainsi. Le ministre de l’Intérieur, Ali Larayedh, celui de la Justice,
Noureddine Bhiri, doivent démissionner. Chaque fois que des arrestations
ont lieu dans les milieux extrémistes, des libérations interviennent,
dans les heures qui suivent. Il faut une feuille de route urgente, pour
aller au plus tôt à des élections. La gauche, les progressistes doivent
réagir de façon unitaire.
La droite religieuse au pouvoir est-elle, à vos yeux, complice dans cette affaire ?
Nadia Chaabane. La responsabilité du gouvernement,
du ministre de l’Intérieur, est d’assurer la sécurité des citoyens. Tout
le monde savait que Chokri Belaïd était menacé. Aucune mesure de
protection n’a été prise. En laissant se propager des discours violents
dans des espaces tels que les mosquées, ce gouvernement laisse faire et
cautionne.
D’autres responsables politiques sont-ils menacés ?
Nadia Chaabane. Oui. Samir Taïeb (Al Massar, issu de
la mouvance communiste – NDLR) est menacé. Son nom revient de plus en
plus. Comme celui de Chokri Belaïd. Hamma Hammami (Parti des
travailleurs tunisiens – NDLR) est lui aussi la cible de menaces. De
nombreux noms de militants et responsables de gauche ou démocrates sont
jetés en pâture lors de prêches incendiaires.
Quel est le rôle dans cet assassinat de ces phalanges islamistes autoproclamées « ligues de protection de la révolution » ?
Nadia Chaabane. Ennahdha est le premier responsable
de cette situation. Ses dirigeants n’ont cessé de souffler le chaud et
le froid, de jouer avec les extrémistes, avec les salafistes
djihadistes. C’est de l’instrumentalisation directe. Les islamistes au
pouvoir sont profondément antidémocrates. Ils ont mis la main sur le
pays, nommé les leurs, des gens incompétents, à tous les postes clés.
Seule une minorité dans leurs rangs est prête à jouer le jeu
démocratique. Les autres se placent en dehors de l’histoire. Ils veulent
transformer la société tunisienne, lui imposer des régressions, la
contraindre à un mode de vie qui n’est pas le nôtre. Mais on ne change
pas un peuple !
Quelles implications politiques aura cet assassinat ?
Nadia Chaabane. Un front démocratique pour la
Tunisie était en train de se construire. Pour préserver ce pays tel que
nous l’aimons, avec sa singularité, son pluralisme, son histoire. Il
faudra continuer en ce sens.
- Lire aussi :
La réaction de Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité et député au Parlement européen
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