malgré les pressions subies par les organisateurs
France- De notre correspondant Samir Ghezlaoui, 4/2/2013
Les amis du Front Polisario et des dizaines de militants des droits de l’homme ont réitéré «le droit du peuple sahraoui à son autodétermination» à l’occasion de la conférence internationale qui s’est tenue avant-hier au siège du Sénat français.
Initiée par Leila Aïchi, sénatrice de Paris, sous le thème «La mise en
place d’un processus de protection de la population civile et le respect
des droits de l’homme au Sahara occidental», cette journée de
solidarité avec le peuple sahraoui «n’a pas plu à certains». «Le fait
que ce colloque soit organisé au sein de ce palais de Luxembourg, en
plein Sénat français, est tout un symbole. Nous avons subi des pressions
terribles pour ne pas l’organiser. Moi je suis une femme libre, dans un
pays de démocratie. J’organise le colloque que je veux», a lancé l’élue
d’Europe-Ecologie les Verts avec assurance.
L’ouverture officielle des travaux a été une occasion pour Régine
Villemont, présidente de l’Association des amis de la RASD/France, de
«dénoncer le calvaire que vivent les détenus politiques sahraouis dans
les geôles marocaines». «Nous appelons les autorités marocaines à
libérer les 24 détenus de Gdeim Izik dont le procès a été ouvert le
1er février devant un tribunal militaire de Rabat. C’est une atteinte
flagrante aux droits de l’homme.»
La position française critiquée
«Ce sont des civils. Ils ont le droit à un procès équitable au lieu de
les passer devant la cour martiale», a-t-elle martelé. Un peu plus tard
sur la tribune, les observateurs européens, qui se sont déplacés au
Maroc et ont assisté à l’ouverture du procès, ont apporté leur
témoignage : «Aussitôt ouvert, le procès a été reporté d’une semaine.
L’environnement général était plutôt apaisé, mais les avocats de la
défense ont dénoncé plusieurs lacunes ainsi que le peu de temps et de
moyens qu’on leur a attribués afin de mener à bien leur mission. Nous
avons remarqué aussi une présence exagérée de militaires et des dizaines
d’éléments de sécurité en civil.»
Quant à Pierre Galand, président de la Coordination européenne de
soutien au peuple sahraoui, il a pris comme cible, en usant de critiques
piquantes, la position officielle de la France dans le conflit au
Sahara occidental. «Nous lançons un message au gouvernement français. La
France doit changer sa voie dans le sens de soutenir
l’autodétermination du peuple sahraoui, au lieu de défendre le projet
d’annexion comme l’a fait Chirac. Un petit pays comme le Maroc ne peut
pas occuper un autre pays sans la complicité des grandes puissances
occidentales, y compris la France», a déclaré le sénateur belge.
L’appel de Sidati et la pique de Galand
Dans ce sens, le ministre délégué de la RASD pour l’Europe, Mohamed
Sidati, a recommandé à la France de «tenir une position plus
respectable». «Nous espérons que la France prône au moins la neutralité.
Nous demandons aux Français d’arrêter d’opposer leur veto pour que la
Minurso puisse accomplir convenablement son travail et superviser la
situation des droits de l’homme dans les territoires occupés», a-t-il
souligné. Et de conclure : «Actuellement, la France est complice du
Maroc dans tout ce qui se passe contre le peuple sahraoui, car si sa
position est plus respectable, le conflit serait réglé depuis
longtemps.»
A son tour, la présidente de l’intergroupe parlementaire Algérie-RASD,
Saïda Bounab, a rappelé «la position historique de l’Algérie en faveur
du soutien à la lutte du peuple sahraoui pour la décolonisation et son
autodétermination». La députée du FLN a ensuite critiqué les positions
du Maroc et de la France par rapport à la situation des droits de
l’homme au Sahara occidental. «La légalité internationale est bafouée
par le Maroc au Sahara occidental. Les observateurs internationaux ont
enregistré des violations répétées des droits de l’homme : arrestations
arbitraires, disparitions, forcées, agressions physiques, les viols, la
torture et la spoliation des biens et des richesses naturelles du peuple
sahraoui. La France, pourtant membre permanent du Conseil de sécurité,
cautionne toutes ces atteintes à cause de sa position et son silence qui
encourage l’impunité», a-t-elle lancé sans ménagement.
La Suède, premier soutien européen de la RASD
Parmi les soutiens européens les plus courageux de l’autodétermination
au Sahara occidental, on trouve le Parlement suédois, premier et seul en
Europe à avoir reconnu officiellement la RASD. «Je suis fier de parler
au nom de mon pays qui a reconnu la RASD et le droit à
l’autodétermination du peuple sahraoui qui souffre de l’occupation
marocaine. Certes, nous sommes un petit pays, mais nous œuvrons pour que
d’autres pays comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Espagne et la
France nous suivent dans cette démarche», a indiqué le député suédois
Jens Holm.
Par ailleurs, la fin du colloque a été couronnée par la lecture d’une
déclaration commune des participants demandant «à la communauté
internationale de soutenir davantage l’autodétermination du peuple
sahraoui et l’arrêt immédiat de toutes les atteintes aux droits de
l’homme commises par le Maroc contre des civils dans les territoires
sahraouis occupés». Dans le même sillage, les sénatrices Leila Aïchi et
Marie-Christine Blandin ont rendu public un communiqué réaffirmant
«l’impérieux besoin d’une position impartiale de la France dans
l’optique d’une sortie de crise durable» et affirmant que «la France,
porte-étendard de la défense des droits de l’homme dans le monde,
s’honorerait à favoriser une solution démocratique et éthique dans le
respect du droit des peuples à l’autodétermination, comme le préconise
la Minurso».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire